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l'ayatollah du rock
22 décembre 2023

[Abdullah Sheraton/Destroy Putas/Alprazolam 2.0] vendetta

Date : vendredi 22 décembre 2023

 

Rien de tel pour commencer les vacances et décompresser qu'un petit concert, alors en ce vendredi soir on se dirige vers l'Armony, à Montreuil, avec un gros doute sur la capacité des spectateurs potentiels à venir remplir le bar, surtout qu'à l'heure où les concerts démarrent on n'est pas vraiment nombreux devant la scène...

 

C'est un quatuor encore balbutiant qui entame la soirée, puisque c'est la première sortie de Alprazolam 2.0 dans cette formation (guitare-basse-batterie-sax), et si on sentira quelques hésitations, et que le son du groupe n'est pas optimal (une guitare sous-mixée, une basse sur-mixée, un sax qui n'aura droit au chapitre qu'après le premier morceau), on sent assez vite que le groupe possède un certain potentiel, dans un genre de mélange entre punk à la française de type Bulldozer, et no-wave (le sax y aide beaucoup) à la James Chance & the Contortions. Le potentiel du groupe tient en des compositions assez intéressantes, et cela pourra être également bien mieux lorsqu'on réussira à comprendre toutes les paroles (avec un chant en français, c'est dommage d'en perdre la moitié pour cause de mouvements qui éloignent la bouche du micro), et il faudra également qu'on s'habitue à la manière de chanter plutôt agressive et un poil dérangeante du chanteur principal (le bassiste), alors que ses comparses sont bien plus posés dans leur façon de poser la voix (chacun a droit à son micro, et au moins aux chœurs voire à des couplets). Sans être totalement bouleversé par ce qui vient de nous être proposé, on est prêt à parier que le temps va aider à mettre tout en place pour que les concerts deviennent des moments intéressants, et que cela dépassera rapidement le stade de la simple expérience auditive.

 

On est en terrain un peu plus connu avec les Destroy Putas, vu qu'on a l'impression que le groupe joue souvent, même si cela fait finalement quasiment 20 ans que je ne l'ai pas vu sur une scène, et il est sûr que ce qui se présentait à l'époque comme du punk estampillé "Chaos en France" a très largement évolué, se rapprochant d'un punk orienté ska qui évoque plusieurs fois les Ludwig, indépendamment même de la récupération de houlala sur un titre. Le chant en doublette mixant les générations est plutôt intéressant, et si la section rythmique fait le job de manière à ne pas trop se mettre en avant, le guitariste réussit à tenir la baraque quasiment à lui tout seul, et multipliant les ambiances variées et plutôt sympa, avec une amélioration évidente au fil des minutes (le premier titre n'était pas forcément trop rassurant...). Ce qui pêche un peu, en revanche, c'est l'écriture, car les textes pas vraiment politiques (certains le regrettent, surtout dans cette période où les idées nauséabondes sont validées par une grande partie de la classe politique) ont plutôt tendance à m'évoquer Elmer Food Beat, dans le genre un peu graveleux (pas du niveau de Depardieu, rassurez-vous), que les Bérus, si vous voyez la différence. Et si les choses s'améliorent morceau après morceau, la fin du set, avec l'arrivée d'un harmoniciste et le passage du chanteur le plus âgé à la guitare (on n'entendra pas vraiment le ukulélé de l'autre chanteur), est une franche réussite, avec une superbe reprise du ring of fire (Johnny Cash, qui l'avait piquée à sa belle-sœur), et une honorable de la fille du coupeur de joints (Thiéfaine), en mode très proche (mais accéléré) de la version originale. Au final, après un début de set qui ne laissait pas espérer grand chose, on se retrouve avec une prestation honnête, et le public désormais très nombreux (les craintes de début de soirée étaient infondées) en aura eu pour son déplacement...

 

Pour être franc, c'est surtout pour le 3e groupe que j'avais fait le voyage, car dès que j'ai l'occasion de voir Abdullah Sheraton je fais en sorte d'assister à la prestation du duo, sachant à quel point je vais ressortir de là heureux et comblé. Une basse guitare à deux cordes, avec pas mal de pédales d'effets, des sons (extraits de films ou reportages), un batteur, cela suffit, c'est parti pour une cinquantaine de minutes pendant lesquelles les ruptures seront légion, l'énergie permanente, et l'excitation à son comble dans la salle. À preuve, le pogo qui ne cessera guère, parfois même par terre (sans lien avec la chenille entamée par les Destroy Putas pendant leur prestation), et des spectateurs qui ne peuvent pas forcément contrôler leurs gestes, ce qui occasionnera plusieurs coups de micro dans le visage pour le chanteur, et des craintes pour le câblage des pédales d'effet - a priori, un simple jack abîmé, mais qui aura causé une interruption du concert que l'on pourra regretter, vu que cela nous fera rater au moins trois titres prévus sur la set-list mais non exécutés pour cause de couvre-feu... Mais on ne va pas non plus s'éterniser sur ces regrets, vu que cela n'aura tout de même pas gâché l'ensemble de la prestation, qui aura vu le groupe s'appuyer sur ses classiques (briteszkiot, sex toy for maria, vendetta) mais aussi jouer des titres que je n'ai pas reconnus, donc possiblement récents... Les connaisseurs sont aux anges, ceux qui découvrent ce soir le duo sont estomaqués et conquis en très peu de temps, d'autant mieux que le groupe aura réussi à dompter l'acoustique des lieux, ce qui est loin d'être évident. Je l'ai déjà dit, on est dans l'esprit assez proche du "pazz junk" des Nomeansno, le travail à la batterie de Tapou soutient à la perfection des fulgurances de Francis à la guitare, et on a (évidemment) droit à quelques parties de cor à une note, simple cerise sur le gâteau de Noël qui nous aura été offert avec quelques jours d'avance : pas besoin de hotte pour le père Noël, juste quelques instruments, et des cadeaux qui font plaisir pour les oreilles !

 

La suite, et probablement le dernier concert de l'année, ce devrait être samedi prochain au Supersonic avec Fuji Joe.

 
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