[A Place To Bury Strangers/Plattenbau] good idea
Date : mardi 23 avril 2024
Le Petit Bain annonce complet en ce mardi soir, et si la queue est longue sur le quai sur les coups de 20h00, les spectateurs patientant pour entrer dans la salle, pour une fois il n'y a pas d'urgence, puisque les concerts ne vont réellement démarrer qu'à 20h30, cela laisse le temps de s'installer parfaitement pour profiter de la soirée, et pouvoir tester la première partie dans les meilleures conditions possibles.
Car l'écoute rapide et très partielle du dernier album de Plattenbau a pour le moins donné envie de confirmer un a priori très favorable, et cela démarre avec l'arrivée sur scène d'une bassiste qui d'entrée de jeu va bastonner suffisamment pour susciter l'intérêt de toute la fosse (au moins), et permettre aux autres musiciens (guitare, batterie, chant) de la rejoindre pour confirmer cette entrée en matière brutale et d'une efficacité remarquable. Une fois le quatuor en place, on va donc avoir droit à des morceaux sur lesquels la section rythmique est omniprésente, laissant quartier libre au chanteur et au guitariste pour habiller les morceaux dans une atmosphère souvent sombre voire dark, qui va allègrement mélanger post-punk à la X-Mal Deutschland, pop-rock tordu à la TC Matic, et quelques envolées noise voire punk du meilleur aloi. Pour être franc, en dehors d'un demi-titre (la fin du morceau le remettra sur les bons rails) un poil poppisant (basse moins mise en avant, utilisation des machines à bidouille en version trop soft) qui constitue le seul léger reproche à porter au débit du groupe berlinois, il est difficile de faire la fine bouche devant ce qui s'avère une découverte magistrale, en forme de démonstration de force du début à la fin, l'utilisation de l'électronique est très maligne et ajoute aux distorsions que l'on peut entendre dans les autres instruments, et les spectateurs sont visiblement aussi touchés que moi par ce qui nous est offert. L'espace d'une quarantaine de minutes, agrémentées de passages du chanteur dans la fosse (debout ou... à quatre pattes !), on se satisfait d'être arrivé suffisamment tôt pour ne rien rater de cette prestation majuscule, qui à elle seule aurait valu le déplacement !
On a moins de doutes au moment où le trio A Place To Bury Strangers arrive sur scène, sur l'air de sidewalking (Jesus and Mary Chain), puisque le groupe a ses habitudes sur scènes : outre le fait de jouer une noise hyper saturée, on se doute qu'on va avoir droit à la mise en pièce de la guitare du chanteur-guitariste-leader, qui la fracasse sur le sol suffisamment rapidement (au deuxième ou troisième morceau) pour se retrouver à jouer sur une demi-guitare le reste du temps. On sait également que le trio va venir jouer (encore plus saturé) dans la fosse à un moment ou à un autre, avec une batterie réduite à sa plus simple expression, et éventuellement la participation d'un spectateur, et il y aura aussi un jeu avec un stroboscope, avant que la batteuse termine en front de scène sur un unique fût, tandis que ses deux partenaires (le guitariste-chanteur et le bassiste-chanteur plus occasionnel) ne continuent à se déchaîner. On sait tout cela, et pourtant, comme à chaque fois, on repartira au bout d'une grosse heure avec encore des étoiles plein les yeux, et aussi les oreilles un poil bourdonnantes, tant ce qui nous est proposé, même attendu, ne tourne jamais à la redite, on sait par exemple que le groupe varie ses set-lists tous les soirs, histoire de ne jamais sombrer dans la routine, et ce qui pourrait sembler n'être qu'une démonstration noise comme une autre s'avère une nouvelle fois époustouflant, magique, et d'une efficacité remarquable. Alors oui, les morceaux sont parfois difficilement devinables dans leur version live, mais la puissance qui s'en dégage reste étonnante, même avec les critères de limitations soniques, et si les échanges avec le public restent totalement théoriques, on sent que chacun des musiciens profite à plein de l'instant (il n'est qu'à voir la banane qu'arbore en permanence la batteuse pour s'en convaincre), et à voir les spectateurs massés devant le merch' en fin de concert (et même avant, à vrai dire), on suppose qu'il n'y aura pas eu beaucoup de déçus parmi eux, le public ayant été extrêmement attentif et appréciateur d'un bout à l'autre du set (il y a eu un seul slammeur, c'est dire...). Le seul bémol à cette soirée tiendra donc à l'absence de métro (les lignes 6 et 14 sont fermées à partir de 22h00...), qui oblige à modifier ses plans pour rentrer at home - on imagine que ce sont encore pour ces saloperies de jeux olympiques que l'on nous emmerde déjà, 3 mois à l'avance...
Set-list probable :
- Deadbeat
- Hold On Tight
- In Your Heart
- ???
- Lost Feeling
- We've Come So Far
- Bad Idea
- Freaks Unite
- End of the Night
- Keep Slipping Away
- I Lived My Life to Stand in the Shadow of Your Heart
- Have You Ever Been in Love
La suite, ce sera dès ce mercredi soir, au Supersonic avec The Not et les Speedways.