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l'ayatollah du rock
19 avril 2022

[Curare/Abdullah Sheraton] le plaisir des variations

Date : mardi 19 avril 2022

 

On l'avait dit, on se déplace donc jusqu'au QG Oberkampf en ce mardi soir, il y a du monde dès 20h, avec un public très jeune et donc très enthousiaste, c'est bien, ça change des vieux barbons, et ça permet d'avoir très rapidement une montée de la température et un gentil pogo qui s'installe devant la scène.

 

Il est à peine plus de 20h30 lorsque le quatuor (encore peu) connu sous le nom de Versailles Punk Society (oui, la tenue vestimentaire est à l'unisson du nom du groupe...) entame son tout premier concert, et on doit avouer qu'il n'aura pas été aidé au niveau du son, ce qui aura donc empêché toute la première partie du set d'entendre autre chose que la section rythmique, les voix et guitares ayant été portées disparu. Au fil des minutes, cela finira par un peu s'arranger, mais sans jamais atteindre un niveau minimal permettant la compréhension des paroles, ou la reconnaissance d'éventuelles reprises. Si c'est sympathique et énergique, c'est également assez bordélique (ce qui n'empêche pas le côté sympa), et malgré l'aspect "bouillie sonore" qui ressort parfois des enceintes, on ne peut que remarquer que les jeunes spectateurs (on l'a dit, il y a beaucoup d'amis des deux jeunes bassiste et batteur, les deux guitaristes étant bien plus burinés - et pas forcément habitués à être sur le devant de la scène) s'amusent comme des fous, semblent contents et déchaînés, pour ma part j'attendrai une meilleure occasion pour penser quelque chose du groupe et de ses 35 premières minutes de scène...

 

Étonnamment, on ne retrouvera pas du tout ces problèmes de qualité sonore à l'arrivée du deuxième groupe, au contraire tout sera extrêmement clair dans la prestation de Curare, un quintet qui nous avait estomaqués il y a quelques mois à l'International, et dont la prestation de ce soir ne va pas faire baisser la cote d'estime ! Là, on est assez loin du punk de base que nous ont proposés les Versaillais, et si le groupe semble revendiquer l'appellation de post-punk, pour ma part j'y entends beaucoup de deathrock, agrémenté d'un (gros) soupçon de Siouxsie (surtout dans les guitares), certains allant jusqu'à y entendre du stoner (je ne valide pas cette assertion...). Le groupe (deux guitares, basse, batterie, chant) possède avec Eva une chanteuse à voix, qui ne hurle jamais mais possède un timbre et des capacités plutôt bluffants, ainsi je vais même parfois y trouver l'ombre de Gitane Demone, à d'autres (rares) moments celle de Pat Benatar, et si cette présence vocale et scénique de la chanteuse impressionne, il faut bien avouer que les musiciens qui l'entourent savent sacrément y faire, c'est super carré, on n'entend pas un pain tout au long des 35 minutes de set, et le fait de pouvoir parfaitement entendre chacun des instruments est une performance qui ajoute au plaisir déclenché par les morceaux. On profite donc à plein de ce concert, le groupe ne fait pas partie de ceux qu'on voit tous les soirs et n'importe où, on attend donc désormais de pouvoir les accueillir l'un de ces dimanches chez Konstroy !

 

La soirée se termine avec un duo auquel on est désormais bien habitué (et accro), puisque c'est Abdullah Sheraton qui clôt la soirée, et si Francis (basse, chant) craignait de se retrouver devant un public épars, nul doute qu'il aura été agréablement surpris de constater que la salle ne s'est pas vidée, bien au contraire le public semble s'être renouvelé, et l’énergie des spectateurs également, puisque le pogo sera là aussi endiablé et échevelé. On ne va pas revenir sur les références qui accrochent à la peau du duo (Tapou à la batterie), il suffit donc de rappeler que la musique proposée s'appuie sur des ruptures et variations de rythmes incessantes, et que les fausses pistes lancées ici ou là permettent d'attirer les auditeurs dans des rets que le groupe referme sans pitié, une fois dans l'orbite d'AS il est quasiment impossible d'en sortir, et ce ne sont pas les sonorités parfois étranges qui nous sont proposées (j'oserai dire que de temps à autres le (gros) mot "prog" me vient à l'esprit, il faut dire que la basse jouée comme une guitare permet de perturber les habitudes auditives) qui nous empêchent de toujours nous étonner et passionner devant ce qui est offert. Le chant n'est pas forcément compréhensible ? Peu importe, l'essentiel est dans l'énergie, on l'a dit, les multiples slams en sont la preuve, et si un morceau tel que vendetta est irrésistible, il n'est que l’un des atours d'une musique inclassable, qui ralentit ou accélère selon l'humeur du duo, cela semble expérimental mais retombe toujours sur ses pieds, et on comprend mieux quand les musiciens nous expliquent qu'ils ne savent pas exactement combien de temps leur set va durer, puisqu'une certaine part improvisation semble toujours régner. On notera une nouvelle fois l'interprétation toujours enthousiasmante du a forest de Cure, et si le groupe en termine après plus de trois quarts d'heure très réussis, on réussit à obtenir un peu de rab, oh pas grand chose, rien que 5 minutes, mais qui permettent de se dire qu'on aura bénéficié intégralement de la bienveillance du duo : que ceux qui n'ont encore jamais vu Abdullah Sheraton sur scène soient attentifs à ne pas les rater quand ils en auront l'occasion, et en plus il paraît que le groupe va tenter de tourner un peu en dehors de l'IDF avant les vacances d'été, vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été prévenus !

 

La suite ? Cela pourrait bien être vendredi soir, au Hangar avec les Garage Lopez. Sinon, vu que Bad Breeding a dû annuler sa venue le lendemain au Supersonic, cela repoussera probablement à la semaine prochaine, voire la suivante (début mai, il y a du lourd : Therapy?, Viagra Boys, Steel Pulse...).

 
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