[Flogging Molly] drunken lullabies

Date : 26 novembre 2011

Même si le concert n’est pas annoncé complet, c’est pourtant la grande foule en ce samedi soir au Bataclan, avec un public bigarré, hétéroclite, très bon enfant, et prêt à s’enflammer à la moindre occasion...

C’est sans doute la seule explication envisageable à l’enthousiasme qui accompagne la prestation des cinq Irlandais de The Mighty Stef ! Car il ne faut pas longtemps pour comprendre que l’accroche “Folk / Punk / Rock” est une gigantesque blague, puisque dès l’amorce du premier morceau, c’est plutôt à un transgenre “Country au Bontempi” que nous sommes conviés... Et même si la suite s’éloigne légèrement de cette fusion Johnny Cash / Jean-Michel Jarre, on n’ira pas jusqu’à dire que les choses s’arrangent vraiment : avec un guitariste chérubin semblant échappé du collège, et un bassiste aux bacchantes plus grosses que ses bras, l’énervement (musical) reste constamment à proximité du genre “balloche”, et il est difficile de comprendre les réactions des spectateurs, hormis du grand punk endormi à terre à proximité de la scène... Bref, les 24 minutes de set des TMS (espérons que cela ne soit pas transmissible) sont une très longue corvée, qui finit heureusement par s’achever, à mon grand soulagement, histoire de tenter de nettoyer la crasse sonique qui vient d’encombrer mes esgourdes.

En ce qui concerne la deuxième “première partie”, cela va durer un poil plus longtemps (on dépasse la demi-heure), mais la qualité du groupe n’a vraiment rien à voir : si The Minutes est également un groupe irlandais, de Dublin comme les précédents, son “Blues / Garage / Rock” évoque très furieusement les glorieux Motörhead ou Turbonegro, du moins sur les premiers titres. Une voix énorme, des riffs de guitare acérés, pas de soli (un seul guitariste, ça évite de tomber dans le piège), ça permet de ne pas sonner trop heavy, et par la suite ça flirte un peu avec le classic rock, d’une façon pas forcément originale mais qui dans tous les cas reste au moins audible, voire appréciable : un set que l’on qualifiera de réussi, même s’il ne nous aura pas fait entrer en transe, cela aura au minimum permis de ne pas dégoiser une fois de plus sur toutes les premières parties !

Menfin, les amuse-bouche, c’est bien, mais il faut bien passer aux choses sérieuses ! Les lumières s’éteignent, il n’y a personne sur la scène, et on entend les voix des Flogging Molly entonner a cappella un the auld triangle superbe, avant de voir les sept membres du groupe irlando-américain arriver sur scène pour 1h40 de bonheur complet pour des spectateurs qui n’attendront guère plus de 3 minutes avant d’entamer une danse qui ne cessera quasiment jamais...  Cela tombe très bien, d’ailleurs, puisque le groupe, via son chanteur à tête d’Elvis Costello apprécie le mode participatif de son public, et l’encouragera tout au long du set à applaudir, chanter, danser, lever les mains, bref montrer sa présence de manière évidente. En sus des habituelles guitare-basse-batterie, pour le côté punk, ce sont un accordéon, un violon (la préposée, épouse du chanteur à la ville, jouera également du tin whistle) et une mandoline (ou un banjo, suivant les morceaux) qui accompagnent le chanteur-guitariste (qui emploiera fugacement un bodhran !) dans les pérégrinations très “Folk / Celtic punk” d’un groupe dont le lieu de prédilection est assurément la scène ! En effet, si les vieux titres (au hasard, requiem for a dying song ou if i ever leave this world alive) sont certains d’emporter l’adhésion du public, on s’aperçoit que les nouveaux morceaux, issus du petit dernier “Speed of darkness”, réussissent également à faire réagir positivement l’ensemble de la fosse, jusqu’au bar (ce n’est pas tous les jours qu’on entend plus chanter que discuter au bar du Bataclan !), même si certains titres ne sont pas forcément au niveau du reste du set ! On a droit, histoire de ne pas montrer tout en rose, à un interminable et insupportable duo/duel guitare/batterie d’un intérêt quasi nul, mais c’est quasiment le seul point réellement faible du concert, qui constitue la dernière date de la tournée européenne (hors Îles Britanniques, s’entend), ce qui sera l’opportunité offerte à tous les musiciens de rappeler à quel point la tournée a été fantastique, et bla-bla-bla, bref le discours tellement habituel auquel on commence à se demander s’il faut le croire... C’est vrai que d’un concert du groupe à l’autre, on a tendance à retrouver à peu près les mêmes propos, mais après tout pourquoi pas, si ça se trouve les concerts parisiens sont réellement très bons à chaque fois, peut-être cela est-il dû à la présence permanente d’une grosse colonie britannico-irlandaise dans les concerts parisiens ? Au final, après un set très réussi, qui n’aura sans doute mécontenté personne, c’est à une scène assez surréaliste à laquelle on peut assister : c’est sur la chanson de fin de “La vie de Brian” (Monty Python), le rigolard always look on the bright side of life, que le groupe (ne) quitte (pas) la scène, encourageant le public à chanter et agiter ses bras en rythme, ce que les spectateurs, dont on n’imagine pas plus de 5% connaître l’original, font avec une ferveur hilarante, et la salle se vide ainsi avec des centaines de sourires épanouis sur les visages, et on peut penser que c’était bien là l’effet escompté !

Une quinzaine de jours de calme, avant le retour à la Boule Noire “du” Kid Congo accompagné de ses Pink Monkey Birds.