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l'ayatollah du rock
5 décembre 2021

[the Jesus and Mary Chain] everything's alright

Date : dimanche 5 décembre 2021

 

C'est dimanche soir, pas le meilleur soir pour aller voir un concert, mais on se déplace quand même jusqu'au Bataclan, où pour une fois il ne faut pas faire la queue pendant des heures avant d'entrer (il faut dire que l'ouverture des portes à 18h30 pour une première partie à 19h40, ça laisse le temps d'écouler le flux de spectateurs...), et si comme d'habitude on évite le bar (finalement, à 8€ la pinte de bière, c'est presque du tarif normal de salle de concert), on a largement le temps de bouquiner avant que les hostilités ne commencent.

 

C'est un quatuor glaswégien qui est chargé de chauffer la salle, remarqué d'entrée car le chanteur-guitariste arrive sur scène avec des béquilles, et restera donc assis tout au long du set, après avoir expliqué qu'il s'est pété le tendon d'Achille sur la première date de la tournée... Les Rev Magnetic possèdent également la particularité de compter un élément français dans leurs rangs, la bassiste Audrey (une ancienne des Sheeduz, pour les plus assidus et anciens) s'occupant également de la machine et d'une bonne partie du chant. Et musicalement, me direz-vous ? Eh bien, je dois avouer ne pas être conquis le moins du monde par ce qui nous est proposé, en dépit d'un mélange entre douceur et agressivité sur la plupart des morceaux, j'ai souvent l'impression qu'il y a trop de couches, que le jeu de batterie est un poil grandiloquent, et que globalement c'est bien trop rempli à mon goût, la deuxième guitare jouant sur la sursaturation pour ne pas apporter grand chose, qu'il s’agisse de parties calmes ou plus tendues. Le contre-exemple parfait consiste en un titre dont toute la première partie se limite à un duo basse-batterie avec le chant d'Audrey, et cela constitue presque un moment de grâce, que je trouve gâché lorsque les deux guitares s'y ajoutent : cela devient bavard, pompeux, et à mon sens frise presque avec le prog, autant dire à l'opposé de mon spectre rock'n'rollien. Et lorsque le chanteur-guitariste s'empare d'un violon, et qu'Audrey s'empare d'une guitare, la seule référence qui me vienne (et qui ne me quittera malheureusement pas), c'est U2, bref je n'accroche que par brèves intermittences parmi ces 40 minutes, mais au moins j'aurai eu le plaisir de revoir Audrey (de loin) sur scène, on se console comme on peut...

 

Le temps que la salle se remplisse réellement (à l'étage, il y a des places libres, sur les côtés aussi, mais cela reste bien rempli pour un dimanche soir), et The Jesus and Mary Chain entre en scène, chacun des musiciens s'installe à sa place pour n'en plus bouger (le jeu de scène n'est pas ce qui frappe le plus chez les Écossais), le bassiste et le guitariste rythmique côté gauche, le batteur derrière ses fûts (peut-être celui des cinq qui bougera le plus...), et les deux frères Reid un poil plus en évidence, le chanteur Jim occupant l'avant-scène tandis que son frère William restera posé devant deux grosses enceintes. Comme Jim l'explique avant que le concert ne démarre, la soirée va être découpée en deux, avec d'abord l'interprétation intégrale de l'album "Darklands", datant de 1987, puis après une courte pause un melting-pot de titres de différentes origines. Et c'est donc parti pour "Darklands", du titre éponyme à about you, une quarantaine de minutes sous le signe du shoegaze associé à un genre de noise relativement propre, ce n'est pas encore le moment de lâcher les chevaux ni les larsens, mais le public, composé quasi exclusivement de fans acharnés du groupe, est ravi puisqu'il peut retrouver l'album exécuté dans l'ordre de la galette, avec quelques variations par rapport aux versions studio, mais sans non plus trop s'en éloigner. Cette première partie est bien exécutée, tout en laissant une impression un peu étrange, celle d'un groupe qui joue (très bien) mais sans beaucoup d'enthousiasme, un peu comme si on les obligeait à cet exercice de style... On ne boude pourtant pas notre plaisir, à l'écoute des nine million rainy days ou april skies comme à celle de titres moins réputés, mais c'est vrai que ce n'est pas forcément l'album du groupe que l'on citera en premier dans l'ordre de nos préférences, alors on écoute, on apprécie, et on attend tranquillement la suite, car c'est plus la deuxième partie qui risque de nous surprendre...

Et effectivement, après cinq petites minutes de passage en coulisses, le groupe revient pour nous proposer un best-of improbable, avec des titres choisis dans la première époque du groupe (de "Psychocandy" à "Munki", soit jusqu'en 1998, il n'y aura pas un seul morceau tiré de "Damage and joy" de 2017), mais pas forcément ceux auxquels on aurait pu s'attendre : si taste of cindy ou i love rock'n'roll sont bien présents, on ne trouvera nulle trace de reverence, snakedriver ou sidewalking, preuve que le groupe ne cède pas forcément à la facilité, alors on est transporté dans les années 80 et 90 à grands coups de saturations, de larsens, et si on sent certains frémir, c'est qu'ils doivent anticiper les acouphènes du lendemain... Cette deuxième partie se révèle donc bien plus intéressante que la réinterprétation de "Darklands", on redécouvre des pépites (drop, up too high), et si la voix de Jim disparaît parfois, noyée qu'elle est sous des guitares stridentes et surpuissantes, c'est bien que l'on retrouve ici tout ce qu'on peut apprécier dans la musique du groupe, un mur du son qui ne ménage rien ni personne, ce qui est largement apprécié dans la salle... Jim n'est pas plus loquace qu'à l'habitude, y compris entre deux morceaux (les enchaînements ne sont pas au programme), et si on peut estimer que cette deuxième partie s'avère elle aussi relativement propre, cela n'empêche pas de prendre son pied lorsque les stridences sont de la partie, ce qui est de plus en plus le cas au fil des minutes. Et ce n'est pas le terminal kill surf city qui démentira cette impression, ce titre agit comme un climax du set, et si les musiciens saluent avant de retourner en coulisses, on se dit que la dose n'a pas encore été complètement administrée.

Et effectivement, c'est la troisième dose qu'il nous fallait, avec Audrey en guise de choriste sur just like honey, qui précède un never understand poussé à l'extrême, histoire de ne laisser aucun regret lorsque les lumières se rallument, après là encore une quarantaine de minutes pour cette deuxième partie qui aura réussi à nous combler et nous surprendre, et qui va inciter à se repencher, une fois de plus, sur la discographie sans faiblesse du groupe. Si j'avais pu être plus retourné la dernière fois que j'avais vu le groupe sur scène, ce soir la seule deuxième partie aura largement remboursé les 38€ du billet - mais on n'aura tout de même pas poussé jusqu'à doubler cette dépense avec un T-Shirt à 30€ ou un sweat à 50€ (les seuls mugs à tarif abordable ayant été visiblement pris d'assaut sur les précédentes dates...).

 

Set-list :

  1. darklands
  2. deep one perfect morning
  3. happy when it rains
  4. down on me
  5. nine million rainy days
  6. april skies
  7. fall
  8. cherry came too
  9. on the wall
  10. about you
  11. Deuxième partie : happy place
  12. everything's alright when you're down
  13. taste of cindy
  14. drop
  15. god help me
  16. up too high
  17. i love rock'n'roll
  18. moe tucker
  19. come on
  20. kill surf city
  21. Rappel : just like honey
  22. never understand

 

La suite, si les conditions sanitaires le permettent, ce sera vendredi soir, au Café de la Danse, avec le retour des Nits.

 
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