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l'ayatollah du rock
25 mai 2022

[Peter Hook and the Light] no regret

Date : mercredi 25 mai 2022

 

Alors qu'on se demandait si le Bataclan ne sonnerait pas trop le creux en ce mercredi soir, on a l'impression en y entrant qu'au contraire cela va être très bien rempli. Bien vu l'aveugle, on apprendra plus tard que le concert affichera finalement complet, ce qui signifie que j'aurais sans doute pu revendre la place supplémentaire que j’avais dans la poche. Tant pis, ça ne m'aura pas gâché la soirée, puisque ce n'est qu'a posteriori que je l'ai su...

 

Pas de première partie ce soir, en revanche cela commence tôt, puisqu'il n'est pas encore 19h30 lorsque les lumières s'éteignent et que Peter Hook and the Light arrivent sur scène, entamant la soirée avec ceremony, le titre de New Order le plus audible (c'est normal, c'était un titre de Joy Division, et cela s'entend très nettement). Peter Hook, historique ancien bassiste de Joy Division et New Order, tourne depuis une douzaine d'années avec The Light, soit ce soir quatre musiciens (batterie, claviers/machines, guitare, basse/guitare), et ses sets sont constitués de reprises de ses deux anciens groupes, de manière plus ou moins équilibrée suivant les tournées. Cette année, ça tombe bien, l'idée est de commencer par quelques titres de New Order (une grosse demi-heure sera largement suffisante), puis de jouer en intégralité les deux albums de Joy Division, et d'en finir avec un rappel variable, autant dire qu'on comprend pourquoi une première partie aurait été superfétatoire...

Pour cette première partie placée sous le signe de New Order, on a donc commencé par ceremony, puis c'est age of consent qui a suivi, jusque là c'était presque supportable, mais lorsque regret apparaît, on se dit que le titre est vraiment adapté, tant il fait penser à une soupe comme les groupes anglais pouvaient nous en offrir dans les années 80, on se demande même si ce n'est pas une reprise de garçons coiffeurs... Comme sur l'essentiel des titres, c'est Peter (avec ou sans sa basse) qui se colle au chant, et si la plupart du temps cela sera relativement acceptable ce soir (surtout lorsqu'il faut crier ou au moins élever la voix), sur ce morceau (comme sur d'autres un peu plus tard) on constate que lorsqu'il faut baisser la voix au maximum c'est quasi douloureux à l'oreille, ce qui n'arrange pas non plus mon rapport avec la discographie de New Order... Par la suite, on retrouve ce qu'on déteste le plus chez New Order, des titres dansants, où l'électronique est très présente, et qui semblent durer des plombes, tout cela pour que le groupe quitte la scène (suis-je le seul à trouver que c'était largement suffisant, voire qu'on aurait pu se passer de cette longue intro ?), histoire de marquer le coup avant la suite de la soirée.

 

Et lorsque le groupe revient après une pause d'un quart d'heure, il ne redémarre pas tout de suite, car l'un de ses assistants lit un petit texte de Peter (traduit en français, pour le coup) expliquant les tenants et aboutissants de ces tournées, rappelant que l'anniversaire du décès de Ian Curtis était il y a une semaine, rappelant que celui-ci avait adoré le concert aux Bains Douches en 1979, et demandant aux spectateurs d'avoir des pensées pour la famille de Ian et aussi pour tous nos proches, spécialement au Bataclan, ce qui s'écoute dans un silence appréciable et est largement applaudi par la suite. Et c'est enfin parti pour la partie Joy Division du set, avec un atmosphere pour mettre tout le monde dans l'ambiance, la version un poil étirée est sympathique, mais ne s'éloigne pas trop de l'original, tout comme disorder d'ailleurs qui marque le début de la réinterprétation de "unknown pleasures", premier album de Joy Division, qui sera réexécuté dans l'ordre. Et si disorder manque un brin d'agressivité dans la guitare, je ne peux que louer la version qui nous est proposée de day of the lords, qui prend le risque de s'éloigner (oh, pas tant que ça, mais suffisamment pour que cela soit noté) de l'original, car s'il s'agit d'avoir des copies conformes des albums, autant rester chez soi, ou aller voir un groupe de reprises... La suite de l'album s'avérera plutôt réussie, on notera une intro incongrue pour new dawn fades (et une faiblesse vocale plus apparente sur ce même titre), et une version un poil mollassonne de she's lost control mais qui fonctionne pourtant toujours aussi efficacement, et enchaine brillamment avec shadowplay, et on sent que le public, majoritairement plutôt âgé mais qui comporte son lot de jeunes (et un nombre incalculable de t-shirts Joy Division (y compris avec des variations sur le thème créé par Peter Saville), est désormais à fond sur tout ce qui déboule des enceintes, il est vrai que l'album possède un son assez homogène, indépendamment des rythmes des morceaux, et que le groupe réussit bien à conserver cette cohérence tout au long de cette relecture. Et on ne peut que s'agréger à cette appréciation unanime à l'écoute d'un wilderness, à l'intro reconnaissable entre toutes et qui montre elle aussi une qualité irréprochable, ou d'un interzone qui voit Peter Hook oser des vocalises iodlées improbables, avant d'en finir avec "unknown pleasures" sur un i remember nothing lui aussi remodelé, et qui clôt cette partie de près de 50 minutes, le groupe quittant de nouveau la scène pour quelques minutes.

 

À peine cinq minutes, plus tard, c'est-à-dire que les spectateurs n'ont pas encore eu le temps de revenir du bar, les musiciens se remettent rapidement en place, Peter annonce sobrement "welcome to the atrocity exhibition", et c'est parti pour "closer", le deuxième et dernier album de Joy Division, paru après la mort de Ian Curtis et moins homogène que le premier (l'électronique est présente), ce qui se ressentira également ce soir. Sur isolation par exemple, les parties de clavier sont bien moins incisives que celles que l'on connaît, mais on est prêt à pardonner beaucoup à Peter et ses musiciens, qui font souvent du très bon boulot, comme cette succession passover/colony très réussie. Comme tout au long de la soirée, on sent que les musiciens sont là pour accompagner Peter, pas l'un d'eux n'aura droit de dire un mot (hormis les chœurs voire parfois les paroles pour le guitariste et son comparse bassiste/guitariste), ils ne seront d'ailleurs même pas présentés au public, c'est un peu surprenant, mais c'est vrai qu'on verra régulièrement Peter s'adresser en coulisses pour modifier un son, un retour, c'est lui le chef d'orchestre, et les autres sont des exécutants qui restent dans son ombre. Avec souvent cinq musiciens, dont deux basses, le son a une ampleur plus importante, c'est même parfois un peu troublant quand on a l'habitude d'avoir des musiques très tendues, mais on s'y fait, et on peut tout de même noter que 24 hours, par exemple, est bien dans la lignée de la version d'origine. Pour finir, les deux derniers titres the eternal et decades sont des exemples parfaits de ce que Joy Division a pu créer de sombre et neurasthénique, c'est beau mais c'est triste (et inversement), et même si la soirée s'arrêtait maintenant elle aurait déjà été réussie. Mais si le groupe quitte la scène, on sait qu'il va rapidement revenir (il n'est que 22h), alors on ne bouge pas d'un poil, et on sent que ceux qui se sont fait piéger un peu plus tôt reportent leur passage au bar à la fin du concert, histoire de ne rien rater de la fin de la prestation.

 

Et c'est heureux, car il ne faut attendre que trois minutes avant que Peter et ses collaborateurs ne nous offrent la déflagration que constitue failures, là on est revenu aux tout débuts de Joy, c'est très punk, brutal, incisif, et cela attaque directement (le claver n'est même pas présent sur scène). Et que dire du warsaw qui suit, introduit (et conclu) par un "3, 5, 0, 1, 2, 5, Go!" rageur, ce qui n'empêche pas de faire durer plus qu'attendu (qu'espéré ?) le morceau, et on devine que Peter a besoin de se défouler au bout de cette soirée avec ce genre de morceaux efficaces même 45 ans plus tard... Et pour définitivement complaire à son public, c'est avec deux classiques parmi les classiques que ces presque 3 heures de show (et 2h30 de musique !) que le groupe a choisi de terminer, commençant par transmission ("dance, dance, dance, dance, dance to the radio !") pour finir par love will tear us apart, titre sur lequel Peter n'a pas besoin de se pencher sur ses aides pour les paroles puisque les spectateurs vont chanter avec lui, ou même sans lui, ce qui selon moi reste un bon morceau mais loin d'être mon favori dans la discographie de Joy Division. Menfin, ce n'est pas grave, tout le monde peut enfin sortir du Bataclan (assez rapidement, d'ailleurs, puisque les ouvertures vers la petite rue sont ouvertes, ce qui est plutôt rare), on a quand même eu le temps de remarquer qu'au merch' les t-shirts étaient à des prix "raisonnables" (20€, c'est presque donné pour un groupe anglais de cette envergure), et on peut repartir avec le sourire aux lèvres, on ne regrette pas le moins du monde de s'être fadé du New Order en début de soirée, puisque c'était pour la bonne cause !

 

Set-list :

Partie New Order :

  1. Ceremony
  2. Age of Consent
  3. Regret
  4. True Faith
  5. Crystal
  6. Temptation

Partie Joy Division : "Unknown Pleasures"

  1. Atmosphere
  2. Disorder
  3. Day of the Lords
  4. Candidate
  5. Insight
  6. New Dawn Fades
  7. She's Lost Control
  8. Shadowplay
  9. Wilderness
  10. Interzone
  11. I Remember Nothing

Partie Joy Division : "Closer"

  1. Atrocity Exhibition
  2. Isolation
  3. Passover
  4. Colony
  5. A Means to an End
  6. Heart and Soul
  7. Twenty Four Hours
  8. The Eternal
  9. Decades

Rappel

  1. Failures
  2. Warsaw
  3. Transmission
  4. Love Will Tear Us Apart

 

La suite, ce sera au moins samedi, avec Danko Jones au Nouveau Casino (changement de lieu à la dernière minute), mais ce sera peut-être dès vendredi au Supersonic avec Bike Thiefs.

 

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