[Nits] the dream
Date : vendredi 10 décembre 2021
Il y a trois phases de contrôle à l'arrivée au Café de la Danse en ce vendredi soir, la première pour vérifier les sacs, la seconde pour le pass sanitaire, la troisième pour les billets, ce qui explique que la queue atteigne la rue de Lappe - heureusement, c'est plutôt bien organisé, et on ne s'éternise pas trop dehors... Et une fois qu'on rentre dans la salle, on s'aperçoit que la configuration des lieux est inhabituelle, puisqu'il y a des sièges quasiment jusqu'à la scène, donc on ne va pas pouvoir rester debout devant la scène, il va falloir aller s'installer à l'étage si l'on veut vivre le concert normalement...
Il est 20h10 lorsque le trio batave des Nits arrive sur scène, avec les mêmes musiciens depuis pas loin de vingt ans, Henk au chant (+ guitares et clavier), Rob à la batterie, et Robert Jan aux claviers et sonorités étranges. Depuis bientôt 50 ans que le groupe existe, les albums se sont multipliés, des musiciens sont venus et repartis, mais là on est avec la base la plus solide qui puisse exister, musicalement de manière évidente, amicalement de manière probable, tant on verra de sourires sur les visages des uns et des autres tout au long de la soirée. On sait que le groupe apprécie ses passages en France, à preuve les efforts que fait Henk pour s'exprimer un maximum en français, dès son entrée en scène, sachant qu'il n'hésitera pas au besoin à mixer ses interventions avec de l'anglais, sachant qu'il réussit toujours à faire passer ses messages dans n'importe quelle langue. Cela démarre avec des titres très anciens, d'abord avec un port of amsterdam en version raccourcie (donc un poil frustrante), puis home before dark et the dream, autant dire que le retour dans les années 80 se passe excellemment bien, le public qui n'est composé que de fans est ravi, et ce n'est pas la suite des opérations qui va changer cette impression... En effet, après les années 80, on attaque les années 90 avec un boy in a tree à l'intro méconnaissable, mais qui se conclut comme d'habitude par un cri d'oiseau, et c'est à partir de ce moment que le trio nous présente des titres de son dernier album en date, ce "knot" que le groupe n'a pas pu défendre ces deux dernières années. C'est l'occasion pour Henk de faire dans la narration d'historiettes improbables, comme la rencontre de Claude Monet et de Bob Dylan (ultramarine) ou celle de Marvin Gaye et James Ensor à Ostende (dead rat ball), le chanteur sait y faire pour nous emmener dans son monde toujours improbable, et qui colle toujours idéalement aux musiques pop invariablement précises, finement ciselées, et qui s'appuient sur les éléments synthétiques qui semblent apparaître comme par magie sous les doigts de Robert Jan, et surtout sur un jeu de batterie phénoménal : Rob, qui semble presque engoncé entre ses demi-douzaines de fûts et de cymbales, varie les effets à la perfection en choisissant pour chaque titre la baguette qui va bien, que ce soit pour frapper ou pour gratter, tout cela en assurant également à l'occasion les chœurs... La première partie du concert se poursuit avec "le tube" si on doit considérer que nescio en est un, puis un voyage dans le temps entre nouveauté et reliques merveilleuses. Après cette première mi-temps (45 minutes) au cours de laquelle on a beaucoup vu les spectateurs filmer, photographier, écrire des textos, Henk nous invite à aller boire un coup pendant la petite pause (20 minutes), on en profite surtout pour bouger un peu, histoire d'éviter le torticolis (voir de haut et de côté, c'est risqué...).
La seconde partie démarre comme la première, avec une vieillerie, un JOS days qui fonctionne toujours à plein, avant d'entamer une série de titres impliquant "toute la famille", c'est-à-dire sa mère (une petite allumette / the concrete house), sa grand-mère (yellow socks & angst / lits-jumeaux) puis sa tante (the delta works), entrecoupés de morceaux plus habituels, même si on a du mal à reconnaître certaines intros sur lesquelles le groupe se fait plaisir (a touch of henry moore), mais c'est l'ensemble du public qui profite à plein de la générosité et du talent des musiciens, même pas perturbés par certains bruits parasites très occasionnels. Histoire de terminer en beauté, le trio conclut le set par une version de port of amsterdam monstrueuse, très rock, percutante et percussive, fantastique en un mot, qui permet de rattraper ce que l'on avait vécu comme un crève-cœur en début de soirée.
Et si les musiciens ont quitté la scène, c'est pour mieux revenir, avec les incontournables adieu sweet bahnhof puis in the dutch mountains, titres attendus et qui ne décevront personne, d'autant plus qu'on aura même droit à un deuxième rappel, ce giant normal dwarf permettant de redescendre en beauté après ces presque deux heures de musique. Ces musiciens ont beau défier le temps, ils restent toujours aussi impressionnants à voir sur scène, tant par la qualité de leurs compositions que par leur humanité, leur simplicité, et on espère bien ne pas devoir attendre de nouveau presque 4 ans avant de les revoir sur scène...
Setlist très probable :
- Partie 1 : Port of Amsterdam
- Home Before Dark
- The Dream
- Boy in a Tree
- Ultramarine
- Dead Rat Ball
- Nescio
- The House
- Music Box With Ballerina
- Cars & Cars
- Partie 2 : J.O.S. Days
- Une petite allumette
- The Concrete House
- A Touch of Henry Moore
- Yellow Socks & Angst
- Lits-Jumeaux
- Sketches of Spain
- The Delta Works
- Soap Bubble Box
- Port of Amsterdam
- Rappel : Adieu Sweet Bahnhof
- In the Dutch Mountains
- Rappel 2 :Giant Normal Dwarf
La suite, puisque le concert des Whispering Sons de mercredi prochain au Petit Bain semble bel et bien reporté, ce devrait être le retour en France de La Muerte, vendredi prochain au Centre Wallonie-Bruxelles.