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l'ayatollah du rock
25 juin 2022

[Versari] pas de tristesse

Date : samedi 25 juin 2022

 

À l'heure où les concerts commencent, on n'est vraiment pas nombreux au Petit Bain en ce samedi soir, heureusement au fil des minutes la petite trentaine de présents va gonfler jusqu'à probablement dépasser la centaine, mais guère plus, ce qui est symptomatique de la difficulté à remplir les salles depuis début 2020...

 

Peu après 19h30, un premier trio en formule classique (guitare-chant/basse/batterie minimaliste comportant 2 fûts et 2 cymbales, jouée debout) s'installe et entame son set : Sinaïve vient de Strasbourg, et si jusqu'à présent je n'en avais encore jamais entendu parler, d'entrée de jeu je trouve qu'il y a du très intéressant dans ce qui nous est proposé, à base de percussions hypnotiques, d'une basse très présente et carrée, et d'une guitare plutôt acérée qui fait largement le job. C'est un poil sombre, énergique, et chanté essentiellement en français, et si les textes ne posent pas de problème (bon, la fin de trash mental est un peu facile "dieu merci je ne viens pas de Paris"...), j'ai en revanche de grosses difficultés à supporter le chant : je le trouve assez fade, au mieux il m'évoque Étienne Daho (pourtant loin d'être ma tasse de thé), et plus généralement je ne le trouve pas à la hauteur des morceaux, ce qui fait que les longues intros instrumentales sont légèrement gâchées lorsque la parole vient. La question que je me pose est simple : puisqu'il ne s'agit pas de mettre en cause l'équilibre musical plutôt bien réussi du groupe, ne faudrait-il pas chercher un autre chanteur, ce qui permettrait également au guitariste de se concentrer sur son instrument, qu'il maîtrise très bien par ailleurs ? En plus, cela ne devrait pas agir sur l'interactivité entre les musiciens, qui vue du public semble nulle tout au long du set... Il semble que je ne sois pas le seul à trouver que cela coince un peu au niveau vocal, et si les deux derniers titres joués paraissent également un peu en dessous du reste du set, on ne jettera pourtant pas le bébé avec l'eau du bain (ici, il suffirait d'ouvrir un hublot), ces 40 minutes constituent une découvert intéressante, en devenir, qui méritera sans doute d'être suivie dans les années à venir.

 

C'est encore un trio qui s'installe par la suite sur la scène, et si pour le coup on a encore deux hommes et une femme, cette dernière ici joue de la basse et assure l'essentiel du chant. Radiant fait officiellement dans le "noise/indie/post-rock", et ce qui pourrait sembler un peu indigeste est au contraire très agréable à entendre, les variations de style étant la plupart du temps intéressantes (on reste un peu plus mesuré lorsque cela finit par flirter avec le métal...). La chanteuse, probablement italienne, alterne sa langue natale avec l'anglais, que je trouve plus efficace pour ce qui nous est présenté, et le guitariste utilise des petites boucles pour densifier le son des morceaux, la plupart du temps avec talent, et si le batteur semble très décontracté, il ne nuit en rien à la qualité de l'ensemble, sans pour autant avoir besoin de se mettre en avant. Je dois avouer que parfois je me perds un peu dans le foisonnement de styles empruntés, mais au bout de cette grosse quarantaine de minutes on est là encore plutôt conquis, cela fait donc un groupe de plus à tenter de suivre dans les années à venir - cela va constituer un travail à temps plein !

 

Cette soirée correspond à la release party de l'album "sous la peau" de Versari, chroniqué il y a deux ans pour Abus Dangereux, mais vu qu'on a eu deux ans de pandémie, il a bien fallu attendre jusqu'à aujourd'hui pour avoir la version live de l'album. Sur scène, on retrouve le trio habituel, Cyril Bilbeaud (Sloy, Zone Libre) à la batterie, Laureline Prod'homme (Candie Prune, Theo Hakola - le grand Américain est d'ailleurs présent dans la salle ce soir) à la basse et Jean-Charles Versari (les Hurleurs) à la guitare et au chant, et en quelques secondes on a confirmation qu'on a bien fait de venir jusqu'ici : indépendamment d'une complicité évidente entre les musiciens, qui fait plaisir à voir, musicalement c'est à la fois carré et totalement addictif, le rock/noise/post-punk qui nous est proposé est abrasif, percutant, sombre à souhait, et les textes du chanteur sont d'une efficacité et d'une précision impressionnantes. Si on veut évacuer d'entrée ce qui pose problème dans ce set, c'est assez simple : Jean-Charles est obligé de se ré-accorder quasiment après chaque titre, ce qui nuit évidemment un brin à la continuité du set, mais comme on est dans une ambiance amicale et presque exclusivement entre amis (les musiciens doivent connaître au moins la moitié des spectateurs), cela se passe à la bonne franquette, avec des échanges plus ou moins aboutis sur des sujets variés, c'est relativement rigolo mais c'est vrai qu'un set avec des enchaînements plus réguliers aurait sans doute pris une ampleur encre plus grande. Car c'est bien du très haut niveau qui nous est offert ce soir, puisqu'à une bassiste au son bien rond et omniprésent, et à un batteur bien loin du classique tchac-poum, s'ajoutent des sons de guitares (il y a des pédales à foison devant lui) hyper incisifs, rentre-dedans, qui permettent à l'ensemble de soutenir des textes intelligents qui sont parfois expliqués avant d'être interprétés. On retrouve ainsi des brûle, des images ou némésis tirés du dernier album, ce dernier titre pâtissant un brin d'une réverb un poil trop accentuée, et si j'estime que l'apport de la voix de Laureline en complément de celle de jean-Charles n'est pas toujours bienvenu, le moment où elle chante seule est une vraie réussite, sans doute y a-t-il incompatibilité pour mes tympans entre leurs deux timbres combinés... Et si habituellement je n'ai guère de mal à relier les groupes à des références, dans le cas présent c'est bien compliqué, vu que le groupe réussit à créer son propre son, le chant assumé en français dans des ambiances frisant parfois avec la cold me semblant difficile à rapprocher d'autres groupes. La preuve, s'il en était besoin, tient dans le morceau final du set, une reprise du terror couple kill colonel (Bauhaus), sur laquelle Renan (Plomb, KatzKab) vient poser un sax très free qu'on ne lui aurait pas forcément attribué, dans une version là encore très personnalisée, et qu'on mettra du temps à reconnaître même si on savait que c'était Bauhaus qui allait conclure cette petite heure de prestation. Un set classieux, à la fois décontracté et puissant, qui confirme ce qu'on avait pu penser des albums du groupe, et de l'excellent souvenir que l'on avait de son concert avec les Girls Against Boys il y a près de 10 ans. Groupe rare, donc, mais à suivre presque aveuglément, tant il a jusqu'à présent réussi à suivre un sillon qui n'est abreuvé que de bonnes choses !

 

La suite, ce sera lundi soir, à la Maroquinerie, avec the Chats.

 
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