Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
l'ayatollah du rock
27 janvier 2022

[Hubert-Félix Thiéfaine] ce soir, les kids !

Date : jeudi 27 janvier 2022

 

Le temps est long sans concerts, et comme on doit encore patienter avant de retrouver la station debout et amplifiée, on apprécie d'autant plus la possibilité d'aller en ce jeudi soir à la Salle Pleyel, même en configuration assise, en remerciant une nouvelle fois Sam qui m'a fait bénéficier (donc gratuitement) de la moitié de son cadeau (sans cela, à 75€ la place, je n'aurais même pas envisagé de me déplacer)...

 

Le temps de résoudre les petits problèmes à l'entrée de la salle (ça vous est déjà arrivé qu'on vous dise que votre billet a déjà été scanné ?), et on trouve sa place, juste en face au balcon (à ce tarif, c'est le moins qu'on pouvait attendre !), alors que la première partie a déjà démarré depuis quelques minutes. C'est (on l'apprendra plus tard) Arman Méliès qui est sur la scène, seul avec sa guitare acoustique amplifiée et son rack de pédales, et qui nous propose ses petites chansons (dont le titre phare laurel canyon), en usant de pas mal d'effets et en s'appuyant sur des rythmes balancés à la pédale. La voix rocailleuse nous rappelle qu'on avait vu le bonhomme en version groupe il y a une bonne quinzaine d'années déjà, et si à l'époque on était resté froid devant des textes incompréhensibles et des morceaux qui mettaient bien trop de temps à se mettre en place, ce soir le bonhomme fait dans l'efficacité, les titres démarrent vite et vont à l'essentiel, et si je ne suis pas forcément fan du genre, je dois avouer que le temps qui lui est imparti est loin d'être insupportable, et qu'au bout de cette poignée de morceaux on se demande même à quoi pouvaient ressembler le début de son set, puisqu'on l'avait manqué bien involontairement...

 

Pour cause de restrictions multiples (pas de bar, entre autres), l'entracte se limite à quelques modifications sur scène, qui ne prennent pas beaucoup de temps, on est presque surpris lorsque les lumières s'éteignent à 20h35, et on devine l'arrivée de quatre musiciens qui précèdent Hubert-Félix Thiéfaine, qui déboule sur scène sur les premières notes de la ruelle des morts, dans une version épurée qui correspond à ce que l'on attend de la soirée. En effet, dans l'impossibilité de défendre son nouvel album "Géographie du vide" dans les conditions habituelles (c'est-à-dire avec des spectateurs debout et dans des lieux capables de supporter du gros son), Hubert (c'est lui-même qui s'appellera ainsi) a décidé d'effectuer une tournée "unplugged", en province et dans plusieurs lieux parisiens (Folies Bergères, Olympia, Grand Rex). Si le chanteur indiquera un peu plus tard qu'il espère bien pouvoir effectuer en 2023 une tournée "replugged", ce soir on sera loin de ce  à quoi on pouvait s'attendre : si la guitare acoustique est évidemment de sortie, les quatre musiciens vont utiliser des instruments pas forcément à l'avenant... Nous avons donc d'un côté un pianiste-claviériste (qui prendra en charge la batterie sur un titre), de l'autre un saxophoniste qui manipule également quelques percussions, gère quelques chœurs (quasi inaudibles), tapote un clavier (et ira à l'occasion s'occuper de ceux de son acolyte pré-cité). Entre les deux, un violoncelliste, qui parfois s'emparera d'une contrebasse (pas assez souvent à mon goût) ou d'une basse électrique, et un guitariste acoustique (Lucas, le fils d'Hubert-Félix), qui ira souvent s'asseoir derrière la batterie, et n'aura que très rarement l'occasion de jouer les guitar hero sur une guitare électrique, ce dont on ne se plaint pas vraiment puisqu'on a le sentiment qu'il tricote habituellement un peu trop le manche de son instrument. Ce soir, la set-list risque donc d'être bien différente des habitudes, l'exercice pour Thiéfaine aura sans doute été complexe pour choisir les morceaux qui seront soit épurés à l'extrême, soit totalement réorchestrés, dans tous les cas on apprécie grandement de voir "chroniques bluesymentales" (1990) mis en avant avec un 542 lunes et 7 jours environ qu'on n'espérait même plus entendre sur scène - il est vrai qu'il correspond exactement à l'exercice du soir. On ne s'attendait pas forcément non plus à ce que "fragments d'hébétude" (1993) sorte de sa naphtaline, et le diptyque animal en quarantaine (une chanson de circonstances) - juste une valse noire fonctionne très bien, le public (la salle n'est pas totalement remplie, mais les connaisseurs sont l'immense majorité des présents) réagit avec ferveur dès qu'il reconnaît les titres exécutés, qu'ils soient ou non présentés et recontextualisés par Hubert, qui physiquement est impressionnant, tant sa voix semble au point, et tant il semble avoir retrouvé sa sveltesse (il doit sans doute y avoir un lien avec son abstinence alcoolique depuis 14 ans...). Bien sûr, les réactions sont plus bruyantes dès que lorelei sebasto cha est entamé, mais on sent que les spectateurs sont ouverts  à tout ce qui va pouvoir leur être offert, et cela se constate lorsque les nouveaux titres (la moitié de l'album y passera) sont proposés, en commençant par reykjavik, et si je dois avouer n'avoir pas encore posé l'oreille sur la nouvelle galette, ces découvertes en live donnent envie de le faire, il s'agit simplement de trouver le temps... Si je t'en remets au vent semblait incontournable pour cette tournée unplugged; vu que l'original n'est pas le morceau le plus violent de la discographie du bonhomme, on est presque surpris d'entendre pulque mescal y tequila, et c'est à partir de cette interprétation qu'on va noter à quel point la setlist va s'appuyer sur le sax ce soir, on aura souvent le sentiment que la musique se rapproche d'un jazz qui habituellement n'est pas ma tasse de thé, mais qui colle parfaitement avec la thématique du concert.

On prend donc beaucoup de plaisir à découvrir ou redécouvrir ces morceaux, mais dès demain les kids le concert va prendre une autre dimension, tant ce titre, et les trois qui suivront (vendôme gardénal snack, les dingues et les paumés, la ballade d'abdallah géronimo cohen) resteront gravés dans les mémoires tant ils offrent d'originalité avec ces réinterprétations, et si par la suite le soufflé d'enthousiasme retombera un brin, c'est pour revenir à un niveau (très) élevé mais qui ne me fournira plus forcément ma dose de frissons. Pourtant les nouveaux titres se suivent et semblent toujours d'excellente facture, et le petit matin 4.10 heure d'été fait plaisir à entendre, mais on a déjà atteint notre climax pour la soirée. Alors, lorsque le groupe quitte la scène (pas très longtemps) après page noire, on se dit qu'on va avoir droit à la fille du coupeur de joints, évidemment, mais on ne s'attend pas à cet ad orgasmum aeternum génialissime, qui paradoxalement va rendre la queue relativement insipide, il est vrai que l'aspect psychédélique qui s'en dégage ne fait pas partie de mes genres favoris et que je ne suis donc pas vraiment objectif sur ce coup. On s'y attendait tellement que c'est presque décevant, mais c'est donc bien avec la fille... que se termine le set, l'occasion pour le public de se lever (oh la la, quelle rébellion !) et entonner la chanson en accompagnement du groupe, perso un alligators 427 ou un cabaret sainte lilith m'auraient bien plus transporté, mais il faut se plier à la loi du plus grand nombre, et également avouer que cela est loin de me gâcher la soirée : ces presque deux heures auront été à la fois une embellie dans le ciel bien terne des concerts, et également l'occasion de redécouvrir pas mal de morceaux dans des versions souvent très intéressantes, autant dire qu'on ne regrettera pas de s'être assis pendant deux heures, puisqu'on en a profité à plein !

 

Set-list :

  1. La ruelle des morts
  2. 542 lunes et 7 jours environ
  3. Animal en quarantaine
  4. Juste une valse noire
  5. Lorelei sebasto cha
  6. Reykjavik
  7. Je t'en remets au vent
  8. Fotheringhay 1587
  9. Pulque, mescal y tequila
  10. Elle danse
  11. Demain les kids
  12. Vendôme Gardénal Snack
  13. Les dingues et les paumés
  14. La ballade d'Abdallah Geronimo Cohen
  15. La Fin du roman
  16. Petit matin 4.10 heure d'été
  17. Page noire
  18. Rappel : Ad orgasmum aeternum
  19. La Queue
  20. La fille du coupeur de joints

 

La suite ? Bonne question, car si quelques concerts semblent se dérouler plus ou moins de façon cachée, on devrait attendre le 16 février pour retourner - debout - voir des groupes jouer sur scène...

 
Publicité
Publicité
Commentaires
l'ayatollah du rock
  • Chroniques d'albums, CR de concerts et autres joyeusetés, avec beaucoup de mauvaise foi... A venir : 13/05/24 miranda sex garden 17/05/24 hubert-félix thiéfaine 20/05/24 sweeping promises 22/05/24 burning heads 29/05/24 legendary tigerman 01/06/24 christian death 03/06/24 bikini kill 05/06/24 barry adamson 09/07/24 breeders 13/09/24 blood red shoes 19/09/24 frustration 30/09/24 joe jackson
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Pages
Derniers commentaires
Newsletter
17 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 92 377
Publicité