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l'ayatollah du rock
25 avril 2016

[Mell] she said

Date : lundi 25 avril 2016

 

Dans mes souvenirs, les Trois Baudets est une salle sympa, (malheureusement) assise, où il n’y a généralement pas grand monde. Ce lundi soir, on oublie cette dernière assertion, étant donné qu’on va friser le sold-out, mais la conjonction des deux premières conditions aboutira à un public bien sage, qui applaudira quand on le dira, et qui laissera voler les mouches et les anges entretemps…

 

Cela commence, avec une dizaine de minutes de retard sur l’horaire annoncé, avec un chanteur-guitariste en solo, Laurent Saligault, dont le premier titre ne marque que par la faiblesse de ses paroles, et qui est rapidement rejoint par un batteur et un guitariste-bassiste, au profit d’un genre de variété-pop à la française version 70’s-80’s, et qui évoque Christophe suivant les uns, Claude-Michel Schönberg suivant les autres (OK, la référence n’est pas si évidente). Dans tous les cas, on notera une inspiration très limitée, tant au niveau musical qu’à celui des textes, et si un sax vient tenter de faire progresser qualitativement l’ensemble, cela ne me suffit pas, et au contraire de la majeure partie du public qui visiblement accroche à la chose, je file tester la Grim ambrée au bar, en attendant la suite : cette première partie ne rentre décidément pas du tout dans mon cadre musical !

 

Par la suite, avec désormais 20 minutes de retard sur l’horaire, c’est un trio qui occupe la scène : un batteur, un claviériste-bidouilleur et une violoncelliste-chanteuse, Gatha est en place, et étonnamment la musique et le chant évoquent des groupes (à violoncelle) assez divers, puisqu’on passe petit à petit des Elles à  Bat for Lashes, le côté légèrement électro-dark de l’ensemble se laissant ma foi gentiment écouter. Bien sûr, on a plus de mal lorsque Gustave (le patronyme du violoncelle) est délaissé, ce qui laisse une part trop belle aux sonorités très synthétiques, et également à un chant, en anglais ou en français suivant les morceaux, qui n’est d’évidence pas la qualité première du groupe, y compris dans les chœurs pré-enregistrés. Par ailleurs, le fait d’être en première ligne sur le devant de la scène n’avantage pas non plus la chanteuse, bien plus à l’aise cachée derrière son instrument (la couleur de sa robe relativement informe lui permet presque de jouer au caméléon avec Gustave). A ces détails près, cette très grosse demi-heure n’invite pas à la fuite, au contraire on reste là avec pas mal de plaisir, ce groupe sait comment faire passer des références plutôt intéressantes sous un vernis moins policé qu’il n’y paraît, et on se dit que la soirée commence à prendre une meilleure tournure…

 

Évidemment, c’est la tête d’affiche qui nous a amenés à affronter la pluie et le froid en ce début de semaine : de retour (momentané) de son exil au Canada, Mell vient nous présenter ses nouvelles compositions, destinées à paraître sous forme d’un nouvel album en novembre sous le titre « Déprime & Collation » (tout un programme). Débutant son set avec une demi-heure de retard, elle n’aura malheureusement pas l’occasion de dérouler sa set-list jusqu’au bout, mais l’essentiel sera fait puisque pas moins de 8 titres inédits seront joués devant (et pour) nous… Comme toujours, les textes sont composés en français, à de rares extraits près (quelques mots sur she said), sans céder à la rime facile ni pencher vers l'abscons, on est dans une poésie qui frise parfois avec l'absurde - tendance dada, même si c'est avec l'ancienne (tout est relatif) chips à la banane qu'on touche au sublime. Les nouveaux titres sont pour la plupart, pour ne pas dire exclusivement, consacré à l'amour, et prennent des formes musicales assez diverses, Mell usant en sus de son impressionnant rack de pédales pour sa guitare d'une boîte à rythmes sans pour autant se reposer dessus, puisque certains morceaux s'en passent. On est souvent proche du rock, mâtiné de blues à l'occasion, et si les textes s'adressent essentiellement à "l'autre" (le conjoint, l'amoureux, la future ou potentielle conquête), le talent de notre Lorraine préférée fait que cela n'est jamais gnangnan, car il y a toujours une pointe d'humour, noir ou bien gris foncé s'il le faut (le titre de l'album à venir n'est pas forcément très gai). De plus, Mell sait comment gérer une salle, de l'arrivée timide à la harangue (classique) opposant parisiens et provinciaux, et son occupation de l'espace devrait être prise en exemple par les groupes l'ayant précédée sur scène ce soir.
Du nouveau matériel, donc, mais également quelques classiques, l'anglophone last vegas (le couple anglophone installé juste devant moi en reste baba) précédant le déjà cité chips à la banane et un oh mon amour suivant le fil conducteur de la set-list, les deux autres vieilleries prévues passeront à la trappe en raison du retard accumulé au fil de la soirée... Il y a comme d'habitude de légers problèmes techniques, mais rien qui ne se résolve rapidement, et si Mell fait semblant de quitter la scène à deux reprises, le public ne se fait pas prier pour applaudir, siffler, bref réclamer des rappels, l'occasion de rendre un hommage à Mano Solo en reprenant son allez viens (je n'aurais pas trouvé tout seul, merci Sam !) en guise de conclusion de ces 52 minutes que l'on aurait bien voulu étendre au moins jusqu'à l'heure... Que dire après cette performance, en dehors du fait que le futur album s'annonce très réussi, les nouveaux titres vont très rapidement s'imposer dans les set-lists de la chanteuse, que l'on espère revoir très vite, sans devoir attendre deux ans ou plus : espérons que la sortie du disque soit conjointe d'une belle tournée dans nos contrées !

 

Set-list :

  1. Au louvre
  2. Ton corps
  3. Hey
  4. Last vegas
  5. Chips à la banane
  6. Oh mon amour
  7. Mon enterrement
  8. She said
  9. Tes yeux verts
  10. Au cinéma
  11. Où te caches-tu ?
  12. Allez viens

 

La suite, ce sera a priori lundi prochain, à la Mécanique Ondulatoire, avec le retour des Magnetix.

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