[Mell] relation cheap
Date : 31 mai 2013
Cinquième album pour MeLL la Lorraine, avec un nouveau changement de label puisqu'elle a quitté Mon Slip, le label des Têtes Raides, pour le plus récent Artdisto.
Si "western spaghetti", le précécent album, avait mis du temps à accoucher, et avait fait l’objet d’une gestation difficile, malgré (ou à cause ?) des participations prestigieuses et internationales, ce petit "relation cheap" (z’avez pas raté le jeu de mots, j’espère !) a lui été pensé bien plus vite, et réalisé itou, en duo avec Laurent Lepagneau, pour une efficacité que beaucoup estiment retrouvée…
D’entrée, la pochette interpelle, avec un noir et blanc assumé sur une superbe photo qui voit un visage au regard droit plutôt circonspect (tristesse ? irrésolution ?) s’intégrer à un mur zébré, il est clair que cela ne laisse pas indifférent. On place la galette dans le lecteur, 35’20’’ sont annoncées, comme toujours avec Mell il n’y aura pas de remplissage inutile, comme certains savent bien le faire…
On démarre le CD, une petite guitare hésitant entre country et rockabilly, quelques claps de mains, des chœurs très « wohoo », on imaginerait bien arriver la voix de The Legendary Tigerman, tant on se sent dans une ambiance one-(wo)man-band, même si la voix et la façon de chanter de Mell s’imposent sans choc, il s’agit de son album tout de même ! Alors on sent très vite qu’il s’agit d’une chanson d’amour, comme ce sera le cas sur la plupart des titres, mais avec des variantes possibles : amour en devenir (elle rêve), amour triste (keskimapri), amour finissant (oh mon amour, sur le départ) ou amour réellement fini (mini miss, quelque chose se meurt), on passe en revue tout le panel disponible ou presque… Pour soutenir les textes, on restera régulièrement dans le sillage rockabilly amorcé d’entrée de jeu, avec les sons de guitare qu’il faut, les claps de mains ou de doigts afférents (keskimapri, mini miss, cheap cheap), mais on y injecte parfois de la boîte à rythmes, ce qui nous rapproche alors plutôt de Suicide (un pied dans le vide, cheap cheap en version assez western, merci l’harmonica !).
Certains titres sont très rythmés, limite dansants (oh mon amour, l’obsédant elle rêve à la basse imposante), tandis que d’autres sont au contraire très calmes, flirtant avec le slow (mini miss et sa voix très réverbérée), il n’y a pas réellement de grosses guitares, plutôt de petites touches qui parsèment les morceaux, et qui entourent les mots ciselés par la donzelle. Mots ciselés, certes, mais on ne retrouve plus ou quasiment pas (« oh mini miss, i miss you », « et si tu crois que je recule, c'est que je n'avance qu'à moitié ») les jeux de ou sur les mots qui composaient l’essentiel de ses albums précédents, peut-on parler de maturité ou simplement constater que les thèmes des chansons ne s’y prêtent tout pas ce coup-ci ? Il n’empêche que la seule reprise de l’album, le succès fou de Christophe, ne va pas faire plaisir aux homophobes qui se lâchent ces temps-ci (« avec les filles j’ai un succès fou », certains y verront un amour "déviant" lorsque c’est chanté par une fille…), et cette version assez seventies, y compris dans les sons de claviers, pleine de réverb’ dans la voix, et qui se termine dans la distorsion, est finalement un clin d’œil plutôt agréable.
L’album se clôt sur son morceau le plus calme et le plus long, mais les 7’36’’ de sur le départ passent comme une fleur, évoquant un making plans for nigel (XTC) en plus lent, les multiples et très variées petites touches (chœurs, sonorités) ajoutant au plaisir tranquille de cet ultime morceau.
Un album très réussi, une fois de plus, pour une Mell qui se l’est déjà totalement approprié pour la version live, on l’a constaté aux 3 Baudets, et qui la maintient au sommet des chanteurs hybrides oscillant entre rock et chanson.
https://www.facebook.com/mellturbo
Tracklist
What’s your name again
Un pied dans le vide
Keskimapri
Oh mon amour
Mini Miss
Cheap cheap
Succès fou
Quelque chose se meurt
Elle rêve
Sur le départ