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l'ayatollah du rock
24 mars 2023

[Daddy Long Legs] de belles gambettes...

Date : vendredi 24 mars 2023

 

C'est vendredi, le RER fonctionne normalement, pas de risques donc à aller jusqu'à La Clef, à St-Germain-en-Laye, pour une soirée annoncée sous le signe du garage-blues 60's. En arrivant sur place, une longue queue s'est formée à l'entrée, on s'imagine donc que c'est la foule des grands soirs, mais finalement on s'aperçoit bien vite que l'ouverture des portes a été tardive, et explique ce sentiment erroné. La preuve, le concert va se dérouler à l'étage, dans la salle du bar, et non pas dans la grande salle, mais au moins on aura l'impression d'une belle densité de public.

 

C'est un duo breton (Vannes) qui entame la soirée : The Blue Butter Pot cite Led Zeppelin comme première influence, et si cela rassure la majeure partie du public (pour le coup la moyenne d'âge est élevée, les rares cheveux grisonnants rivalisent avec les cheveux blancs, les cheveux teints et les calvities), cela ne m'incite pas forcément à l'optimisme mais plutôt à la méfiance. Et si très vite on se rend compte d'un savoir-faire et d'une efficacité non niables, ce que nous proposent le chanteur-guitariste et son acolyte batteur-choriste s'avère souvent un blues-rock sous influence 70's affirmée, avec des morceaux régulièrement longs qui me semblent très souvent trop démonstratifs. Parfois l'ombre de Danko Jones plane sur le duo, mais comme si le Canadien avait oublié son côté punk, mais il faut bien avouer que la plupart du temps, si je ne vais pas jusqu'à m'ennuyer, je ne suis pas dans ma zone de confort musical, espérant autre chose d'un groupe qui peine un peu  emmener les spectateurs avec lui, peut-être simplement parce qu'il ne le laisse guère respirer, et que les rares interludes sont eux bien trop longs et semblent maladroitement gérés, peut-être également pas adaptés à un public un poil froid. De plus, c'est un peu osé de tenter de faire applaudir le batteur dès le premier morceau, mais je suis tout de même surpris de l'absence globale de réaction autour de moi, la réserve est de mise, et le fait de terminer le set par un interminable instrumental (un quart d'heure !) ne va pas me convaincre davantage de céder aux sirènes bretonnes. Le duo arrache tout de même un rappel, débutant par la reprise du come on, come over de Jaco Pastorius (non, pas Pistorius, rien à voir avec le "coureur aux lames"), et clôt les hostilités après environ une heure d'une prestation qui n'aura pas fait mentir les prédictions : oui, il y avait du blues-rock, mais oui aussi l'influence de Led Zep ou de Jack White se fait entendre, alors je reste non convaincu, mais pas déçu d'avoir testé le groupe sur scène.

 

Le temps d'un aménagement de la scène, et c'est le quatuor new-yorkais Daddy Long Legs qui se pointe, le trio habituel étant accompagné d'un claviériste/percussionniste pour l'occasion, chacun des musiciens étant vêtu et coiffé de manière à ne pas laisser de doute sur la période qui les excite le plus, musicalement parlant, puisqu'on a le sentiment d'être retourné une soixantaine d'années en arrière. Et d'entrée de jeu, la musique confirme cet a priori, puisqu'on a droit à un rhythm'n'blues qui rencontre le garage 60's, avec des titres nerveux, excitants, efficaces, sur lesquels les claviers sont perceptibles mais pas envahissants, le seul bémol étant peut-être l'abus d'un micro à l’ancienne avec une réverb' omniprésente pas toujours bienvenue. Quatre ans après un "lowdown ways" qui m'avait bien remué, le groupe vient de sortir un nouvel album "street sermons" qui sert de fil conducteur à la set-list, toute la première partie étant constituée de morceaux sur lesquels le chanteur utilise sans parcimonie aucune un harmonica (c'est très agréable, il faut bien le dire), et si parfois je me dis qu'un Dave Vanian (The Damned) se glisserait bien dans les boots du chanteur, c'est qu'il y a un petit aspect artificiel dans la prestance de celui-ci, tout à fait volontaire et loin d'être dérangeant, il faut dire que ses acolytes restent un poil en arrière (il faut assurer !), seul le batteur se montrant relativement expansif voire exubérant - là encore, dans le bon sens du terme. Le groupe ne perd pas la moindre seconde, il s'agit d'être efficace (ô combien !), de ne pas laisser le public s'ennuyer (on ne comprend pas comment certains spectateurs peuvent quitter la salle avant la fin !), alors même en changeant de micro et en empoignant une guitare, le chanteur ne perd pas le fil du spectacle, qu'on se tourne plus vers le rock'n'roll ou qu'on revienne au blues, l'attention des spectateurs est totale, et ce n'est pas pour me déplaire... Ce qui est également assez bluffant, c'est qu'à chaque titre on semble reconnaître une reprise alors que ce n'est pas le cas, le groupe joue sur les sonorités et les influences mais sait éviter le plagiat, et lorsqu'il quitte la scène après une quarantaine de minutes le public est conquis et en redemande. Cela tombe bien, il s'agissait (comme souvent) d'un faux départ, on a droit un un rappel bien conséquent d'une grosse dizaine de minutes, passages du chanteur dans la fosse compris, et lorsque les musiciens en ont définitivement terminé on ne croise aucun regard déçu, les Américains ont réussi leur sortie, gageons que les Parisiens qui n'ont pas eu le courage de dépasser le périph' auront le même plaisir la semaine prochaine lorsqu'ils iront applaudir Daddy et ses comparses à la Boule Noire !

 

La suite, sauf événement imprévu qui se glisserait d'ici-là, ce sera la soirée du festival Sonic Protest de vendredi prochain, avec entre autres un hommage aux Swell Maps par leur premier bassiste, bien accompagné pour l'occasion.

 
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