[La Colonie de Vacances] ZZZ

Date : jeudi 24 février 2022

C'est jeudi, il ne se passe plus rien dans le monde hormis l'invasion de l'Ukraine par la Russie (quelle merveille que ces chaînes d'info en continu et leurs pseudo experts qui profitent de leur quart d'heure warholien !), mais on se déplace tout de même jusqu'à l’Élysée Montmartre, qui a très sérieusement réduit sa voilure, puisqu'on n'imagine guère plus de 400 personne tenir dans le carré formé par les quatre scènes installées quasiment à touche touche...

Car ce soir c'est le retour de La Colonie de Vacances, collectif composé depuis plus de 10 ans de quatre groupes (Pneu, Marvin, Electric Electric et Papier Tigre), et si cette configuration n'étonne plus (c'est la cinquième fois qu'on voit le collectif à l’œuvre), on peut noter pas mal de changements depuis la dernière fois (à la Station en 2018). En effet, si jusqu'alors les quatre groupes étaient chacun placés sur une scène différente, et qu'il s'agissait donc de morceaux joués ensemble, mais sur lesquels transparaissaient nettement les spécificités de chaque groupe, et le son était donc très varié selon que vous soyez placé devant une scène ou une autre (qui étaient en sus bien plus éloignées les unes des autres). Ce soir, on remarque très vite que sur chacune des scènes il y a 3 musiciens, on a donc rebattu les cartes et mélangé les musiciens, ce qui va faire perdre une bonne partie de cette spécificité antérieure. De plus, pour la première fois le collectif a sorti un album "Echt", et si on met à part le travail effectué en 2015 avec Greg Saunier (Deerhoof), c'est sans doute la première fois qu'on s'attend à avoir des choses relativement cadrées - et ce n'est pas forcément ce qui nous rassure le plus ce soir... Et effectivement, quand les scènes sont prises d'assaut et que les lumières s'éteignent, cela démarre pour le moins tranquillement, avec des pépiements qui surgissent des enceintes, autant dire que la soirée ne risque guère d'être aussi bruyante qu'on en avait l'habitude. C'est en effet la volonté du collectif, d'évoluer vers des morceaux sans doute plus construits, avec des progressions qui peuvent être bien plus longues (parfois même sans aboutissement ni explosion finale...), et si on retrouve de temps à autres ces envolées bruitistes, souvent à base de math rock (pourtant pas forcément ma tasse de thé au demeurant), la plupart du temps cela ressemble plus à un genre de prog-rock amélioré, dont on ne niera pas qu'en version live cela a un impact assez impressionnant, mais qui reste assez faible (et je suis gentil) au niveau musical. Bien sûr, les musiciens semblent s'amuser comme des petits fous, mais les morceaux les plus minimalistes et répétitifs ne réussissent guère à m'emmener avec eux. Je le répète, cette expérience en concert est à tenter, pour tous ceux qui aiment la musique, mais pour ceux qui l'avaient déjà appréciée par le passé, cela déçoit un peu ce soir, tant on a le sentiment que chacun en garde sous la semelle, et lorsque le set se termine au bout de 70 minutes, on a à peine eu le temps de sentir chauffer la salle. C'est évidemment un faux départ, les 12 musiciens reviennent assez vite pour une vingtaine de minutes, qui se terminera sur deux morceaux bruyants et brutaux qui correspondent bien mieux à ce que l'on pouvait en attendre, mais ne feront pas non plus oublier ces pensums électro, qui auront presque transformé la salle en boîte de nuit, à tel point que c'en est presque gênant : les spectateurs se déchaînent-ils parce qu'ils aiment ces rythmes, ou bien parce qu'ils sont frustrés depuis le début du set ? Vous l'aurez compris, le collectif a choisi d'évoluer, libre à lui, mais ce ne sont ni l'écoute de l'album ni cette prestation qui m'aura laissé totalement sur ma faim qui m'inciteront à me jeter sur les prochaines occasions de le revoir en live...

La suite, ce sera probablement pour ce vendredi soir (quand on tombe de cheval...), à l'International avec Mary Bell, puis assurément pour le lendemain samedi, avec les Wampas à Pont-Ste-Maxence (oui, c'est bien au-delà du périph' !).