[PKRK / Brassen's Not Dead] 100%
Date : mercredi 26 février 2020
En arrivant au Cirque Électrique ce mercredi soir, on croise des spectateurs potentiels déçus, car ils ont été refoulés pour cause de sold-out. Je ne me souviens pas que cela ait jamais été le cas, de fait c'est surtout une histoire de double affiche sur le site, le concert d'un côté et les activités propres au cirque de l'autre... Dans tous les cas, j'ai bien fait d'anticiper, et de suivre les conseils avisés des organisateurs qui conseillaient de prendre des préventes !
Bien sûr, les concerts ne débutent pas à l'heure annoncée (19h30), mais sur les coups de 20h20 la première partie est en place, prête à y aller, mais pour le coup c'est le technicien son qui décide de repousser d'un quart d'heure, ce qui compte tenu du programme de la soirée nous indique d'ores et déjà qu'on va rentrer tard... Menfin, peu après 20h30 cela peut démarrer, les Dead Boobs sont au taquet, le quatuor francilien va profiter de la cinquantaine de minutes qui lui est octroyé pour passer en revue ses titres les plus emblématiques, de drapeau noir (ceux qui y ont entendu du Barbara ne se sont sans doute pas trompés) à intifada, en passant par punk-rock délucratif (l'explication est quelque part dans l'interview très bordélique de dimanche dernier à Konstroy), tous tirés du dernier album en date du même nom, mais aussi des classiques un poil plus anciens (violence ou ménilmontant), le tout étant un mélange de premier et de énième degré - quand on comprend les textes. Car parfois les mots sont cachés par la musique, parfois le débit est trop rapide, bref on ne comprend pas tout, mais ce n'est pas forcément pénalisant, car l'énergie et l'humour présents en permanence (les pains font partie du set, et les musiciens ne se prennent pas pour ce qu'ils ne cherchent pas à être) compensent les quelques petits défauts que l'on peut discerner ici ou là. J'ai toujours un peu de mal avec les "ça va ou quoi ?" qui descendent de la scène, mais il faut avouer que le public réagit avec ferveur à ce qui lui est offert dans les enceintes (on ne parle pas forcément de quelqu'un sur scène), avec une coupure flagrante dans la salle : globalement, les spectateurs les plus expérimentés sont installés au fond, pas loin du bar (oui, ce soir il y a un bar dans la salle de l'Anti-Club !), tandis que les jeunes (et il y en a pas mal !) ne cessent de pogoter, danser, voire slammer dans la fosse juste devant la scène. Bref, c'est une première partie qui correspond parfaitement à ce qu'on attendait d'elle, qui a permis au public de se chauffer dans la bonne humeur, avant que les choses encore plus sérieuses ne commencent...
Remarquez, quand on parle de sérieux, on ne s'attend pas forcément à ce que PKRK réponde exactement à cette définition, tant Vincen et ses deux acolytes semblent adeptes d'un je-m’en-foutisme apparent (on n'hésite pas à montrer sa bedaine, à raconter des conneries, à faire comme si tout était plus ou moins à l'arrache) alors que le chanteur-guitariste et sa section rythmique ont sacrément bien su adapter les titres du groupe à leur formation réduite. En effet, en dehors des plus récents le désabu et succédané, qui sont les seuls datés de ce siècle, tout en étant bien efficaces, c'est sur les quatre premiers albums que se base la set-list, en n'oubliant aucun morceau incontournable, et il est vrai que si dès l'initial j'te sers à rien, on est dans le vif du sujet, c'est véritablement à partir de au poing le parabellum que l'on sait que la mayonnaise a définitivement pris, ce qui se constate avec des chansons entonnées en chœur par la majorité du public, jeunes comme anciens, même si les deux exemples de spectateurs qui montent sur scène (successivement un gars puis une fille) démontrent rapidement qu'ils ne maîtrisent qu'approximativement les paroles, et que leur sens du rythme est tout relatif... On se moque, on se moque, mais les titres s'enchaînent, quasiment sans interruption, et seuls les réfractaires irréconciliables avec ces représentants du punk-rock messin ne sont pas pris par la fièvre (indépendante du virus chinois) qui saisit la foule. Alors, entre what's my name, marie bb et atchoum, comment faire pour ne pas se laisser prendre par ces riffs, ces textes et ces rythmes ? Et on ne parle même pas de la fin du set : l'enchaînement de tant que tu vis ton trip, pas fait pour briller et on n'est pas sérieux est magistral, et le trio peut ainsi laisser la place au dernier groupe la tête haute, après presque une heure aussi intense qu'il y a dix mois au même endroit. Et on notera que si la set-list contient globalement les mêmes morceaux qu'à l'époque, chaque prestation est indépendante, le seul point commun restant le plaisir que le groupe aura réussi à nous fournir !
Set-list :
- j'te sers à rien
- ineptik gloria
- poissons nouilles
- au poing le parabellum
- aurore in loveland
- what's my name
- marie bb
- je n'attends plus rien
- succédané
- le désabu
- y'a pas de raison
- atchoum
- faut pas s'y fier
- tant que tu vis ton trip
- pas fait pour briller
- on n'est pas sérieux
Pour clore la soirée, c'est une bande de Toulousains qui grimpent sur scène, et on peut dire qu'ils étaient attendus avec impatience par le public : les Brassen's Not Dead effectuent avec PKRK "la Tournée des Grands (Trous) Ducs", et s'ils ont dû attendre quasiment 23h15 avant d'entamer leur spectacle, les 5 musiciens n'en sont que plus impatients de partager avec le public leur passion punkoïde pour Georges Brassens. Je parle de spectacle, car en sus des musiciens (deux guitares, basse, batterie, chant), on n'oubliera pas de citer le célèbre "Animateur à la Kon", qui ne se contente pas de présenter le groupe juste avant que celui-ci e démarre, mais il va revenir régulièrement sur la scène pour illustrer certains des titres repris/adaptés par le groupe. Ainsi, s'il n'apparaît pas encore sur le testament ou don juan, personne n'est surpris de la deviner sous son costume de singe (le gorille) ou en soldat d'opérette (les patriotes). Si globalement le son restera assez bancal pendant ce set (très saturé, alors qu'il était meilleur pour les deux premiers groupes), les spectateurs sont enthousiastes, connaissent les textes par cœur, et comme Brassens avait des idées qui coïncident globalement avec l'anarchisme/nihilisme punk (rejet de la police, de la justice, des institutions, internationalisme), et que ses textes plus classiques sur l'amour ou la nature passent également très bien, la température ambiante ne risque pas de baisser, il faut dire également que la densité de population fait qu'on ne laisse pas la place aux courants d'air, et si marinette est encore l'occasion pour L'Animateur à la Kon de venir pointer son museau avec son bouquet de fleurs, son pot, son vélo, sa couronne..., il n'a nul besoin de motiver les foules sur mourir pour des idées, qui à 15 jours des municipales donne une tendance sur le taux de participation des punks à ce genre de mascarades pseudo-démocratiques. Si l'intro très Noir Désir trompe un peu son monde sur la rose la bouteille et la poignée de mains, il ne faudra pas trois secondes avant que chacun entonne "mort aux vaches" en version Parabellum pour introduire hécatombe, morceau sur lequel le chanteur démontre un savoir-faire impressionnant en termes de débit vocal. Le groupe ne fait pas de pauses, le public non plus, même si certains ne restent pas jusqu'au bout, craignant de ne pouvoir rentrer faute de transports en commun, et donc on retrouve les classiques du groupe, ce pauvre martin qui parle encore sacrément de nos jours, ou la ballade des gens qui sont nés quelque part, dont l'aspect Sex Pistols (no feelings) n'échappe à personne, et qui se connecte de manière évidente avec la xénophobie ambiante - on ne parlera même pas du Brexit. On n'y avait pas forcément eu droit les dernières fois qu'on avait vu le groupe sur scène, alors on apprécie d'autant plus la femme d'hector, mais quand retentit brave margot, on sait que ce titre est souvent synonyme de fin de set, même s'il permet d'intercaler la première fille (avec une intro à la where is my mind des Pixies, personne n'est parfait) entre une première et une seconde version. On a atteint les minuit et quart, et on a dépassé l'heure de set, et on sent que les musiciens (au moins Wahib et Yo, le guitariste et le batteur) sont prêts à durer encore longtemps, mais il faut se résoudre à en terminer là, c'est maintenant que l'on regrette de ne pas avoir démarré la soirée plus tôt... Mais on ne va pas rester frustré, la soirée était très réussie, on en a profité à plein, et on va même réussir à rentrer avec l'avant-dernier métro, histoire de n'avoir aucun regret !
Set-list :
- le testament
- don juan
- le gorille
- 95%
- les patriotes
- marinette
- mourir pour des idées
- la complainte des filles de joie
- la rose la bouteille et la poignée de mains
- chanson pour l'auvergnat
- trompe la mort
- hécatombe
- les oiseaux de passage
- pauvre martin
- la ballade des gens qui sont nés quelque part
- la femme d'hector
- brave margot
- la première fille
- brave margot
La suite, ce sera sans doute à la fin de la semaine prochaine, avec Frustration au Trianon.