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l'ayatollah du rock
6 mars 2020

[Frustration] ça pulse !

Date : vendredi 6 mars 2020

 

Le Trianon n'annonce pas complet en ce vendredi soir, mais au fil des minutes il se remplira plus que correctement, seules quelques places au balcon resteront inoccupées, tandis que la fosse sera bien dense : Corona ou pas, le public est là !

 

C'est un quatuor londonien qui débute la soirée : Italia 90 (les amateurs de foot auront du mal à comprendre qu'on célèbre ainsi l'une des pires phases finales de coupe du monde...) s'appuie sur une section rythmique omniprésente, un chanteur (red)skinhead à belle allure et un guitariste... que l'on voit plus s'occuper des boucles qu'il lance que de son instrument orné de la faucille et du marteau. Et c'est d'ailleurs là que le bât blesse le plus, car pour le reste il n'y a pas grand chose à redire : du début à la fin de la prestation, on entend ici ou là du Frustration, du Protomartyr, du Plomb, voire même du Amyl and the Sniffers (à voix masculine), et si certains y ouïssent du Alien Sex Fiend, d'autres y décèlent du Gang of Four, bref au niveau des références il y a quasiment un sans-faute. Alors pourquoi ne pas être enthousiaste du début à la fin ? Sans doute cette impression de pouvoir en avoir plus (lorsque le guitariste s'y met, c'est bien prenant !), et également cette impression que les multiples variations, sonores et rythmiques, finissent par perdre un brin le spectateur, qui en fin de set retrouve de la passion - en se rendant compte qu'il y a eu un creux un peu chiant en milieu de concert. Bref lorsque les lumières se rallument on reste un poil circonspect, tant on a l'impression d'un talent gâché... Peut-être l'écoute des morceaux en version studio permettra-t-elle à cette appréciation mesurée d'évoluer pour la prochaine venue des Anglais à Paris ?

 

Le pari de remplir la salle est donc quasiment gagné lorsque les premières notes d'insane retentissent et que les cinq membres de Frustration arrivent sur scène, le public est chaud, et comme il s'agit d'une sorte de release party du dernier album "so cold streams", même s'il est sorti déjà depuis plusieurs mois, on s'attend à avoir une set-list comprenant pas mal de titres nouveaux - ce sera effectivement le cas, 8 des 9 titres de l'album étant interprétés ce soir. Ce nouvel album a pas mal fait évoluer le son du groupe, alors celui-ci continue de s'appuyer sur ses anciens morceaux pour ne pas perdre les spectateurs, et le très punk dreams, laws, rights and duties est là pour montrer que les cinq musiciens continuent à envoyer du lourd quand il le faut, et dès pulse on comprend que la version live des nouveaux morceaux leur donne une dimension qu'on n'imagine pas forcément à l'écoute de l'album. Il y a évidemment une légère différence d'enthousiasme entre les morceaux déjà connus et éprouvés sur scène (we miss you, no trouble) et les titres que le groupe a conservés au chaud jusqu'à la sortie de l’album, néanmoins un when does a banknote starts to burn est déjà totalement à sa place dans la set-list, et si l'alternance nouveautés/titres plus anciens permet de régulièrement relancer la machine (qui n'en a guère besoin, il faut l'avouer), Fabrice le chanteur se permet de donner quelques petites explications de temps à autres, par exemple en présentant le diptyque slave markets/pepper spray, avec au passage une bonne petite pique lancée aux Idles, et un mot sur les violences policières... Étonnamment, c'est slave markets qui déçoit un peu ce soir, alors que sur l'album il ne pose pas question, mais je dois dire tout de suite que c'est le seul titre qui perd un peu lors de son passage du studio à la scène, certaines parties semblant un poil molles... La fin du set est presque classique, avec assassination qui précède mother earth in rags, on aura noté quelques petites évolutions dans les morceaux déjà rodés, c'est normal et rassurant, le groupe ne se contente pas du mode automatique pour ses concerts, et s'il a ressorti on the rise des cartons, ce titre ("le deuxième que le groupe a composé", dixit Fabrice) est loin de sentir la naphtaline, et comme en plus il étire encore plus les sourires sur les visages des spectateurs, c'est tout bénef... Le groupe achève sa prestation avec le grand soir, l'un des deux titres en français du dernier album, c'est toujours un peu surprenant d'entendre Fabrice chanter dans la langue de Sardou, mais ça passe bien, et comme le titre correspond aux attentes d'une partie du public, cette heure se termine en beauté... même si les spectateurs se doutent que ce n'est qu'un au revoir très momentané.

Et effectivement, la pause ne s'éternise guère, et le groupe revient avec la reprise surprise annoncée par Fabrice en début de set, puisque c'est Death In June qui est revisité, la version de fields étant enfin l'occasion pour les musiciens d'accomplir une relecture dont ils parlaient depuis bien longtemps, mais derrière on revient aux classiques, avec too many questions (Junior nous refait le coup du slam, il semblait avoir abandonné cette prise de risques lors des derniers concerts) puis the drawback, le dernier 45T en date qui a déjà montré sa puissance sur scène depuis pas mal de mois. Le dernier extrait du dernier album est l'autre titre en français, brume, et sort pas mal de sentiers arpentés habituellement pas le groupe, dans un genre plus saccadé au chant haché, et c'est là aussi une sacrée interprétation en live. On finit comme d'habitude avec blind, qui clôt ces 80 minutes intenses, très réussies, qui auront permis de découvrir le dernier album sous un autre angle, on va donc devoir se remettre à une écoute active pour définitivement oublier les petites réticences qui demeuraient jusqu'alors sur certains morceaux. Dans tous les cas, le groupe aura réussi à remplir la salle, à renouveler sa set-list, et à surprendre même les spectateurs les plus assidus, on peut donc quitter les lieux avec le sentiment d'une soirée réussie - le groupe continue sa tournée de présentation dans les jours, semaines et mois à venir, en France et à l'étranger !

 

Set-list :

  1. insane
  2. dreams laws rights and duties
  3. pulse
  4. we miss you
  5. no trouble
  6. some friends
  7. when does a banknote starts to burn
  8. minimal wife
  9. excess
  10. slave markets
  11. pepper spray
  12. assassination
  13. mother earth in rags
  14. on the rise
  15. le grand soir
  16. Rappel : fields
  17. too many questions
  18. the drawback
  19. brume
  20. blind

 

La suite, ce sera un probable enchaînement la semaine prochaine, avec the Courettes au Supersonic jeudi puis les Nits au Café de la Danse vendredi.

 
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