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l'ayatollah du rock
8 décembre 2018

[Pere Ubu] au revoir ou adieu ?

Date : samedi 8 décembre 2018

 

C'est samedi soir, on a laissé Jill & John faire leurs courses de Noël sur les Champs Élysées, et rejoint Montreuil et son Théâtre Berthelot, un lieu que l'on n'avait pas encore eu l'occasion de visiter jusqu'alors, qui est une salle de théâtre donc, avec gradins pour presque tout le monde, puisque certains s'assiéront devant la scène tandis que les autres se regrouperont, debout, à proximité de la sortie, histoire de pouvoir s'enquiller des bières pendant le concert...

 

Chacun a le temps de s'installer avant que les musiciens ne s'installent sur scène, et qu'on voie arriver, lentement, très lentement, un David Thomas soutenu par ses béquilles ET des techniciens et l'un de ses musiciens, il faut dire qu'il y a pas mal de petites marches à escalader, mais on n'avait pas gardé le souvenir d'un tel état physique lors du concert de la Maro d'il y a 3 ans... Le temps de l'installer sur son siège, devant le micro, et la prestation de Pere Ubu Moon Unit peut démarrer. Pas musicalement parlant, puisque David Thomas, le leader et seul membre original, nous indique que le groupe va nous interpréter l'intégralité de son nouvel album, encore à paraître, et que celui-ci s'appellera "The Long Goodbye", bien sûr en relation directe avec le monument de Raymond Chandler, et certains extraits feront partie des paroles des chansons. Dès que le set commence, on retrouve la voix haut perchée et si particulière du chanteur, certains ne la supportent pas, on peut le comprendre, mais il faut tout de même avouer qu'il s'agit d'une marque distinctive du chanteur et de ses différents groupes (on ne citera que Rocket from the tombs, ainsi que ses albums sous son propre nom), et si le corps semble bien abîmé, la voix reste intacte, ce qui est rassurant. Les premiers morceaux laissent la part belle à une guitare bien acérée, tandis que le batteur semble avoir quartier libre, comme tout au long du set d'ailleurs, ce qui lui permet d'avoir des postures improbables, tout en maintenant un rythme sur lequel s'appuient ses comparses. Oui, SES comparses, car il y a également un multi-machiniste, qui gère les boîtes, claviers et autres instruments de bidouille, sans oublier de pallier les défections des techniciens du lieu, lorsqu'il faut remonter le pupitre du leader ou ramasser la bouteille de vin et éponger avec sa propre chemise pour éviter que les plombs ne sautent... Pas de clarinettiste donc aujourd'hui, le groupe se débrouille à quatre sur scène, mais on sent qu'il est encore en rodage avec la set-list, et si cela semble avoir fonctionné à merveille la veille à Ramsgate, ce soir il y a des imperfections qui mettent David Thomas dans une rage froide, un titre est ainsi saucissonné en quatre ou cinq parties, puisque le chanteur tient à ce que toutes les parties du texte soient chantées sur des parties musicales parfaites... Étonnamment, on n'a même pas l'impression que les musiciens s'en formalisent, le bonhomme a la réputation de ne pas être facile, pourtant il est d'une relative bonhomie dans sa relation au (plus qu'avec le) public, il présente quasiment tous les titres en les expliquant, on apprend ainsi par exemple que son interprète favori de Marlowe est Robert Mitchum, quoique le titre qui suivra est inspiré par la version donnée par Elliott Gould... Il est difficile de caractériser la musique du groupe, parfois qualifiée d'"avant garage", qui est à la fois pré et post punk, mais également lorgne du côté du free jazz, avec toujours le sentiment d'être sur le fil du rasoir, y compris sur les morceaux qui me transportent le moins, puisque la tension est toujours présente. On notera que la batterie est souvent en renfort de boîtes à rythmes, c'est un poil surprenant mais plutôt efficace, et les sons dispensés par les machines ne sont jamais insupportables, ils sont souvent presque inattendus, et on n'a jamais l'occasion de s'ennuyer tout au long de l'heure (un peu augmentée en regard des ennuis techniques) que dure cette présentation du futur nouvel opus.

Plutôt que de quitter la scène, surtout au vu des difficultés de mobilité du bonhomme, David Thomas nous relate ce qui se serait passé dans ce cas, les applaudissements, le passage dans les loges, le retour sur scène, et hop c'est parti pour un petit rappel, deux titres tirés d'albums plus ou moins anciens ("Carnival of souls" n'est pas oublié), et le groupe termine sa prestation après 75 minutes bien intenses, souvent très intéressantes, parfois enthousiasmantes, dans tous les cas qui ne laissent jamais indifférent. Et lorsqu'il s'agit de parler de quelqu'un qui est sur scène depuis plus de 45 ans, la performance est assez remarquable. On regrettera juste que les musiciens n'aient pas été présentés, car ils effectuent un travail remarquable, mais les spectateurs du soir auront été assurément ravis de cette prestation, d’autant que l'état du chanteur laisse sceptique sur la possibilité d'un futur nouveau passage dans nos contrées...

 

La suite, c'est dès ce dimanche soir, avec d'autres petits vieux, puisque ce sont les Fleshtones qui viennent relever les compteurs au Supersonic.

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Commentaires
C
Finalement, les imperfections n'ont pas sauté aux oreilles du groupe puisque ce concert figure en intégralité et en compagnon idéal dans la version cd de l'album en question, "The Long Goodbye".
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l'ayatollah du rock
  • Chroniques d'albums, CR de concerts et autres joyeusetés, avec beaucoup de mauvaise foi... A venir : 13/05/24 miranda sex garden 17/05/24 hubert-félix thiéfaine 20/05/24 sweeping promises 22/05/24 burning heads 29/05/24 legendary tigerman 01/06/24 christian death 03/06/24 bikini kill 05/06/24 barry adamson 09/07/24 breeders 13/09/24 blood red shoes 19/09/24 frustration 30/09/24 joe jackson
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