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l'ayatollah du rock
1 novembre 2016

[Frenchy but chic #1] so old but so young

Date : mardi 1er novembre 2016

 

Une sortie un soir de Toussaint, c’est original, un festival un mardi soir, c’est également surprenant, la combinaison des deux pour le Festival Frenchy but chic #1 au Petit Bain a pourtant rameuté la grande foule, en allant majoritairement chercher dans les quinquagénaires, même si quelques jeunes se sont glissés subrepticement dans les lieux…

 

Il y a un gros programme, alors on décide de zapper le tout début de soirée, et on entre juste après l’arrivée sur scène de GYP, un groupe reformé 35 ans plus tard avec des anciens membres de Modern Guy, Suicide Romeo ou Edith Nylon, soit 7 musiciens au total (2 guitares, une basse, une batterie, un clavier, un chanteur et une choriste), qui nous proposent une musique plutôt propre, bien faite, mais qui me semble très datée et ne crée pas forcément beaucoup de passion. Le public, lui aussi globalement d’époque, a parfois récupéré des looks « made in the 80’s », mais ces morceaux très pop à composante rock infinitésimale ne risquent guère de faire s’agiter les coiffures millimétrées, y compris une étonnante reprise du waterloo sunset des Kinks en français, qui n’apporte pas grand-chose à l’original. Cette première demi-heure introductive est agréable, certes, mais on attend bien mieux de la suite.

 

En guise d’intermède, pendant que les techniciens changent le plateau, c’est un chanteur-guitariste seul en scène qui nous propose deux titres pour passer le temps. Enfin, étant donné qu’il s’agit d’un rescapé du Bataclan, on n’ira pas jusqu’à dire qu’il s’agit de chansons gaies, Roméo Praly a visiblement des choses à exprimer, et il s’en sort plutôt pas mal, en sachant que sa pédale de distorsion le lâche avant même de commencer. Je ne m’avancerais pas sur la question d’un concert complet, mais en guise d’interlude, même plombant, cela est loin de faire baisser le niveau.

 

C’est un autre rescapé, des 80’s celui-là, qui emmène son groupe, puisque le chanteur-guitariste de Republik, Franck Darcel, n’est autre qu’un ancien Marquis de Sade, entouré d’une section basse-batterie, d’un clavier et d’un second guitariste, qui s’occupera la plupart du temps des solos. Si le premier titre interprété est tout en retenue, et d’une apparence plutôt sombre, le côté rock apparaît dès le deuxième, toujours plutôt du côté obscur de la force, avec un chant en anglais qui montre à la fois des capacités vocales assez intéressantes (une voix plutôt grave et bien posée) et des limites évidentes au niveau accent, mais cela reste anecdotique. On a une succession de titres plutôt pêchus qui emportent immédiatement l’adhésion, en revanche dès lors que le son du groupe se «poppise », avec le clavier mis en avant, les titres deviennent d’un coup moins accrocheurs, en dépit de chœurs à trois voix puisque seul le batteur en est dispensé. Étonnamment (ou pas ?), un titre en français m’évoque indubitablement Marc Seberg, alors que Franck Darcel n’en faisait pas partie, peut-être peut-on y voir la preuve que le son rennais n’était pas qu’une accroche publicitaire ? En revanche, un titre est qualifié de « slow » par le groupe, et n’apporte pas grand-chose à la cause, il m’évoquerait un genre d’inédit de Thiéfaine en anglais, et pourtant on ne peut me soupçonner de rejeter quoi que ce soit dans la discographie du camarade Hubert-Félix… C’est le titre ich bin schmutzig qui pourrait bien constituer le temps fort du set, un morceau en allemand, vous l’aurez deviné, très synthétique, introduit par le slogan « le pogo c’est maintenant » (profitons du slogan et de ses variantes avant de changer de locataire à l’Élysée !), et qui est totalement réussi, tant dans le tempo que dans la construction. Encore une petite déception qui suit avec une ballade sans beaucoup d’intérêt, ni de passion d’ailleurs, heureusement le dernier titre du concert est plus incisif, même si on pourrait toujours estimer qu’il pourrait y avoir encore plus d’énergie. Ces 50 minutes sont donc dans l’ensemble plutôt positives, quoique assez inégales, les quelques moments très forts étant contrebalancés par deux ou trois créations dont on se serait amplement passé. Le groupe a toutefois le droit à un rappel, avec deux titres assez énergiques, eux, qui amènent jusqu’à l’heure de set, histoire de laisser une bonne impression. On reste tout de même avec nos quelques doutes, peut-être les versions studio (le deuxième album est proche de la parution) infirmeront-elles nos hésitations passagères ?

 

La soirée se veut complète, avec des animations entre les concerts, alors on a droit (« l’honneur », selon Jean-Eric Perrin, l’organisateur) a une performance de Djemila Khelfa, une ancienne figure de proue de la jeunesse qui fréquentait le Palace. Pour l’occasion, on a droit à une reprise de l’homme à la moto, avec un éphèbe en blouson de cuir, deux DJs pour assurer la musique de fond, et personnellement cela me laisse au mieux froid, au pire assez désespéré, clairement je n’aurais jamais pu faire partie de ce public branchouille qui s’extasiait devant tout et n’importe quoi…

 

Heureusement, ceci n’a duré que l’espace d’un titre, et on peut attendre le début du set de Kas Product, chargé de clore la partie musicale du festival, avec une impatience non dissimulée. Non pas qu’on craigne quoi que ce soit de cette performance (on a vu et apprécié le duo une demi-douzaine de fois ces dernières années, dont les deux dernières ici-même), mais surtout on a dépassé les 23h00, et si on ne s’attend pas à un concert de deux heures, on imagine tout de même que cela atteindra l’heure… Si l’habituel titre introductif ne s’accompagne pas pour une fois du transpercement d’une feuille opaque, pour changer Mona Soyoc arbore un joli loup le temps de deux titres, on comprend assez rapidement que la set-list va beaucoup ressembler à celle qui tourne depuis quelques années, et on constate également que le fait d’avoir rodé ces morceaux permet de les faire un peu évoluer tout en les maîtrisant à merveille. Tandis que son comparse est un peu caché derrière ses machines, la chanteuse semble très en forme, on constatera qu’elle sera ce soir très proche du public, n’hésitant pas à toucher les mains ou les têtes, à s’appuyer sur les premiers rangs, ce qui sera apprécié grandement, on n’en doute pas une seconde. Mais qui dit festival dit temps limité, alors on a un peu de dépit en constatant que see 4 yourself passe à l’as, plus tard trois autres titres seront eux aussi absents de la set-list, mais n’anticipons pas trop… Sur underground movie, l’écran situé en fond de scène nous offre des images pas forcément cohérentes, mais qui rajoutent une dimension à la prestation, cette utilisation de la vidéo ne sera pas ponctuelle, mais justement cette rareté en fait tout le sel. Attaquant le morceau avec son mégaphone, Mona souffre de difficultés à déclencher son pistolet à amorces, mais lorsqu’elle réussit à shooter en visant le public, on sent un mouvement de recul chez certains, à croire qu’une certaine phobie existe dans les salles de concert désormais ! Par la suite, la fosse commence à sérieusement tanguer dès les premières notes de never come back, titre sur lequel la chanteuse martyrise une cymbale (un pauvre technicien a bien du mal à remettre le micro en place), comme sur tina town qui suit, et cette utilisation ne gâche en rien la voix de la belle, un chant qui semble avoir échappé à la marque du temps. En revanche, on est un poil moins convaincus par l’utilisation de la guitare sur taking shape, elle reste en retrait alors qu’elle pourrait amplement être utilisée au niveau des claviers, mais je ne vais pas en faire une jaunisse… La fosse n’a pas vraiment cessé de bouger depuis never come back, mais elle reprend de l’énergie avec so young but so cold, et les trois derniers titres sont d’un extrêmement haut niveau, ce qui fait que lorsque pussy x (la très féline Mona fait son effet…) se termine, le public reste sur sa faim, puisque nous n’avons eu droit qu’à 48 petites minutes ! Pour réconforter tout le monde, le duo se fend d’un ultime gift of the gods, très théâtral, très engagé, qui clôt les festivités après 52 petites minutes, les 4 titres expurgés auraient plus qu’agréablement agrémenté cette prestation… En dépit de la déception liée à ce set écourté, il n’y a pas grand-chose à reprocher au groupe, de plus en plus à l’aise sur scène, qui modifie son son par petites touches, et qui offre à son public un plaisir évident – et réciproque ?

 

Set-list :

  1. Intro / Lonely Devil
  2. Breakloose
  3. One Of The Kind
  4. Underground Movie
  5. Never Come Back
  6. Tina Town
  7. Taking Shape
  8. Above
  9. So Young But So Cold
  10. Take Me Tonight
  11. Loony-Bin
  12. Pussy X
  13. Rappel : Gift of the Gods

 

On doit malheureusement oublier le verre de Tang proposé à l’étage supérieur, il est minuit passé et il y a du taf demain, on peut donc repartir avec le sentiment d’une soirée globalement réussie, les petits moments moins fascinants de la soirée étant largement gommés par ceux qui resteront en mémoire !

 

Ce mercredi soir, direction le Trabendo avec le retour de Slaves.

 

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