[Chameleons/Dear Deer] pâles sauriens

Date : samedi 3 juin 2023

C'est samedi, le Trabendo affiche complet, ce qui explique qu'on doive un peu slalomer entre ceux qui cherchent des billets - la plupart réussiront à entrer dans la salle, heureusement pour eux !

On n'a pas forcément l'habitude de voir le duo lillois ("l'autre capitale !") Dear Deer dans des salles aussi grandes, alors on va profiter à plein de cette occasion, d'un son qui prend une autre ampleur que celui du Supersonic, par exemple (c'est le dernier lieu où j'ai vu le groupe précédemment), et je me demanderai même plusieurs fois si certains titres n'ont pas été un brin remodelés tant j'aurai l'impression de les redécouvrir ce soir... Avec une setlist quasiment identique à celle d'il y a 7 mois (seul deadline manquera à l'appel), qui s'appuie très largement (deux tiers des titres en sont issus) sur "collect and reject", le dernier album en date du groupe, on sait que la teneur sonique du concert va être orientée plus électro dansante que ce que le groupe pouvait proposer sur ses deux premiers albums, même si les guitares de Federico sont toujours bien présentes, mais on ne crachera pas dans la soupe, puisque les petites réticences vis-à-vis d'un backward groove, par exemple, vont disparaître ce soir, et si les morceaux sont moins immédiatement efficaces que leurs prédécesseurs, ils réussissent tout de même à convaincre une bonne partie des spectateurs qui découvrent le groupe ce soir, la fosse ayant plus tendance à se remplir qu'à se vider, tout au long de la quarantaine de minutes que dure la performance. Les petites remarques  de Sabatel (basse, chant, moins exubérante qu'à l'accoutumée, sans que cela ne nuise à la présence scénique du duo qui attire l’œil sans en faire des tonnes) relatives aux morceaux ne semblent pas toujours atteindre leur cible, mais cela n'a guère d'importance, thanatomorphosis réveille les morts, claudine in berlin s'avère toujours le morceau qui fonctionne comme un aiguillon sur les spectateurs, et si on sent bien que la majeure partie des spectateurs attend avec impatience la suite de la soirée, on les sent tout de même attentif, plutôt appréciateurs, et loin d'avoir envie de mettre le duo dehors : objectif atteint pour les Nordistes pour cette date parisienne de leur mini-tournée française (trois dates) avec la tête d'affiche.

Set-list :

1. jjr
2. deux
3. backward groove
4. plaster
5. disco discord
6. thanatomorphosis
7. joan
8. claudine in berlin
9. love like capitalists

Un gros quart d'heure d'attente et voici que le quatuor anglais The Chameleons qui débarque sur scène, et qui va s'appuyer sur deux membres d'origine (le bassiste chanteur et l'un des deux guitaristes) et deux petits jeunes (guitare et batterie) pour ravir ses fans, pas forcément très jeunes ce soir mais totalement extatiques. Pour ma part, je me retrouve ici un peu par hasard, je ne connais qu'un seul titre du groupe the fan and the bellows (pas joué ce soir) présent sur une compilation, je reconnaîtrai plus ou moins soul in isolation (interminable, pour le coup), mais je n'ai donc pas d'a priori, et vais donc découvrir en direct si la musique des mancuniens me touche... Assez vite, je constate que chaque morceau comporte des moments qui me conviennent, mais malheureusement dans le même temps je me rends compte également que dans chaque titre s'insèrent des parties qui elles ne me siéent pas, très régulièrement j'estime que ces morceaux sont trop longs, trop bavards, et qu'ils manquent leur but, si par hasard je devais être une cible. Ainsi, les intros m'évoquent plusieurs fois And Also The Trees, mais cela ne dépasse pas ces quelques (dizaines de) secondes, et si je n'irai pas jusqu'à dire que je m'ennuie, je dois avouer que je ne suis guère enthousiaste. Si certains entendent de fortes influences de Cure ou Gang of Four dans ce qui sort des enceintes, je dois être devenu sourd, puisque selon moi cela n'est absolument pas le cas, j'aurais plutôt tendance à entendre du Morrissey dans la voix du chanteur, autant dire que je souffre un peu (en silence, pour ne pas énerver mes voisins). Autre phénomène surprenant, le fait d'introduire dans les morceaux du groupe des extraits d'autres groupes, on peut ainsi reconnaître du Beatles (au moins deux fois), du Joy Division, voire même (ô sacrilège !) du Clash, ce qui frise l'impardonnable. Alors, perdant un peu le fil du set, c'est la figure de Laurent Voulzy qui me traverse l'esprit avec son rockollection, et je serai presque déçu de ne pas entendre belle-île en mer en guise de rappel... Je me moque, je me moque, il n'empêche que lorsque le jeune guitariste passe au synthé c'est Simple Minds qui me vient en tête, et ce n'est pas forcément non plus une bonne chose, mais pour être franc le rappel (don't fall) est sans doute le morceau que j'estime le plus réussi et écoutable de la soirée, même s'il comporte comme ses prédécesseurs des longueurs dont je me passerais bien... Au bout de ces 80 minutes et quelques, je ne traîne pas, ne vais même pas jeter un coup d’œil au merch', n'ayant évidemment aucune envie de m'attarder ici, même si une bonne partie du public espère encore le retour du groupe sur scène, y compris après que les lumières auront été rallumées. Vous l'aurez compris, il est extrêmement improbable que je retente l'expérience un jour futur, même si d'aucuns m'ont affirmé que je devais me pencher sur les trois premiers albums du groupe, cette prestation longue et poussive ne m'y incite guère...

La suite, ce sera probablement jeudi, pour retenter les Australiens de Blowers à l'International.