[Frustration] vague humide
Date : samedi 11 novembre 2017
Après un très pluvieux voyage, c'est à Charleville-Mézières que l'on se retrouve chez un disquaire qui possède la licence IV : la Plaque Tournante, en sus d'un concept sympathique (Jupiler, Orval et Super des Fagnes, il y a pire comme bières !), ouvre en ce samedi 11 novembre pour permettre une petite rencontre-dédicace avec les membres de Frustration, autant dire qu'on en profite, moins pour la dédicace que le moment tranquille et agréable !
Le temps d'aller se restaurer, et on retrouve tout ce beau monde (et bien d'autres, on peut estimer la jauge à 300 spectateurs) au Forum, un ancien cinéma dont l'acoustique s'avèrera plus qu'honnête, et où le coin fumeur est en fait un grand jardin, qui doit être sacrément agréable l'été...
Pour entamer cette soirée "Vagues de froid", c'est un quatuor local, Punch Chaos, qui tente de réchauffer le public (enfin, la partie du public qui n'attend pas dans la rue en buvant du punch...), avec un punk "à la Cadavres", pour faire rapide, chanté en français, mais dont on a un mal fou à comprendre le dixième des textes... C'est pour le moins dommage, car musicalement cela se laisse carrément bien écouter, y compris le titre ska-punk, mais on ne comprend par exemple quasiment rien à full mittal racket (pourtant un sacré titre !) ou honte à toi, et si on devine ce qui peut se dire sur prêtres pédophiles, c'est plus de l'ordre de la divination que de celui de la réelle transcription. La voix, le chant de manière plus générale, se perdent souvent, cela gâche au passage les deux reprises exécutées, d’excellents choix au demeurant (réalité de Camera Silens, tant de temps des Sheriff), mais qui pâtissent un peu trop de ces lacunes. Au final, on n'a tout de même pas le sentiment d'avoir perdu 50 minutes de sa vie, mais on regrette vraiment car cela aurait pu être très bien. Et puis, une chanson en patois ardennais ça doit être pas mal si on entend les textes...
Le groupe qui se présente ensuite sur scène est d'abord un duo aux claviers, puis un trio avec l'apport d'un guitariste, puis finalement un quatuor avec l'arrivée d'un chanteur-bassiste : Rendez-Vous est présenté comme la partie cold de la soirée, héritiers post-punk de Joy Division ou Cure, mais si le premier titre (une reprise de Boyd Rice, apparemment) surprend par son côté synthétique décalé, les minutes suivantes ne verront pas les choses s'arranger. En se renseignant autour de soi, certains voient une grosse influence 80's en général, certains citent A-Ha, dans tous les cas les claviers sont (à mon sens, bien entendu) bien trop mis en avant, les 4 et 6 cordes sont largement sous-utilisées, et si le groupe fait preuve de beaucoup d'énergie sur scène, cela me laisse relativement froid. Et a posteriori, après avoir quitté la salle prématurément pour se rapprocher du bar et du fumoir, je m'apercevrai que j'avais déjà vu le groupe en concert, il y a deux ans au Petit Bain, autant dire que je risque une nouvelle fois d'oublier très vite ce quatuor - après leur prochaine prestation en première partie de Charles de Goal à la Maro dans un petit mois, bien sûr !
Certains ne vont pas hésiter à se gausser, car c'est sans doute la 35e fois que je vois Frustration sur scène, et la set-list n'évolue guère depuis quelques mois, mais faisons fi des moqueries, car ce soir, comme d'habitude, le quintet francilien va réussir à se mettre dans la poche un public assez statique, grâce à une prestation toujours aussi carrée. Dans le sillage d'un chanteur charismatique mais qui sait se mettre en retrait, les quatre musiciens font le job, indépendamment des problèmes techniques (Junior laisse les techniciens remettre une partie de ses claviers en état), la section rythmique est impressionnante (et d'autant plus qu'on est placé juste devant la scène), le guitariste Nicus, toujours aussi décontracté, réveille les tympans les plus emmiellés, et si la présence incongrue d'une barrière entre la scène et la fosse empêche factuellement des liens avec le public, cela n'implique pas non plus de laisser-aller, le groupe est très respectueux de son public, et cela se verra également après le concert, lorsque les demandes les plus surprenantes, de l'autographe aux selfies multiples, seront suivies d'effet, avec des sourires toujours présents. La majeure partie des spectateurs, si elle connaît l'essentiel des titres, découvre la reprise des très méconnus Visitors, le très punk electric heat, et personne ne s'en plaint, on est dans la lignée des excess ou assassination, et il va sans dire que ce morceau de roi a désormais pris sa place de droit dans une set-list qui se déroule sans accroc. On attendra encore pour réentendre des vieilleries, les spectateurs de la veille à Nevers ont eu droit à holocaust, par exemple, mais on espère l'avoir dans les oreilles par exemple dans trois semaines à la Clef à St-Germain ! Mais si on doit encore attendre, on prendra notre mal en patience, d'autant qu'on sait qu'on aura la version originale début février avec Crisis au Petit Bain...
Set-list :
- insane
- dreams laws rights and duties
- midlife crisis
- we miss you
- no trouble
- uncivilized
- even with the pills
- cause you ran away
- empires of shame
- excess
- angle grinder
- minimal wife
- assassination
- too many questions
- mother earth in rags
- Rappel : electric heat
- the drawback
- no place
La suite, ce sera encore au bout d'un petit voyage, puisque jeudi The Experimental Tropic Blues Band sera à Orléans...