[Treat me bad] everybody loves the cramps

Date : 22 novembre 2009

En ce dimanche après-midi, la Maroquinerie a bien du mal à se remplir, en dépit d'une affiche alléchante pour la 4e soirée Treat me bad, et il faudra attendre le 4e ou le 5e groupe avant de voir une assistance honorable, avec une salle remplie aux 2/3 à son maximum, ce qui est tout de même assez peu pour ce concert d'hommage aux Cramps...

En arrivant un peu à la bourre, et en découvrant dans le même temps l'absence conjuguée de Jesus Volt et de No One Is Innocent (certains mauvais esprits diront qu'ils ne le regrettent pas vraiment), on n'assiste qu'aux deux derniers titres de Rémi Bricabrack, seul avec une guitare électrique et une grosse caisse, dont on ne retient qu'une version honnête du she said d'Hasil Adkins assimilé aux Cramps, sans pouvoir vraiment juger des qualités du bonhomme...

Quant à Marc Minelli, seul lui aussi et ne s'accompagnant que d'une guitare acoustique, il est évident que sa façon d'aborder les reprises des Cramps est pour le moins décalée, puisque successivement tv set, i was a teenage werewolf, greenfuz (encore une reprise de reprise...), human fly font l'objet de réinterprétations parfois étonnantes, en tout cas largement plus que le deuxième des titres propres au chanteur (une chanson néoréaliste qui me laisse froid !) avant une dernière reprise, un fever a cappella là-aussi intéressante mais qui aura souffert d'un public encore largement clairsemé à cette heure...

Bien plus de classicisme avec l'arrivée sur scène de Rikkha, un trio chant/guitare/batterie emmené par Juliette Dragon, qui abandonne son costume de meneuse de soirée pour chanter, entamant un cramp stomp assez dans l'esprit originel, et poursuivant par des versions bien énergiques de goo goo muck (Ronnie Cook avant les Cramps), i can't hardly stand it (Charlie Feathers) et like a bad girl should, avant de proposer deux titres propres aux Parisiens et de finir sur une dernière reprise, inattendue celle-là puisqu'il s'agit de laisse tomber les filles (France Gall)... belle prestation en tout cas !

On continue avec Swindle, un autre trio parisien (basse/batterie/guitare) qui exécute assez fidèlement les diverses reprises autorisées (like a bad girl should (encore !), can your pussy do the dog, naked girl falling down the stairs, inside out & upside down (with you)) quoique sans ce grain de folie qui pourrait caractériser l'intégralité de la discographie crampsienne, et les deux titres supplémentaires issus du propre répertoire du groupe ne font que confirmer cette impression de "bien mais pourrait mieux faire"...

Une grosse claque avec la prestation des Beef Paradise, qui dans une configuration classique (basse/batterie/guitare/chant) réussissent à mettre le feu à la Maro, grâce en particulier à un chanteur très charismatique et bougeant beaucoup, mais il faut avouer que les versions de new kind of kick, jungle hop (Kip Tyler), goo goo muck ou greenfuz ne dépareraient pas sur des versions officielles des Américains, et cette efficacité énergique se retrouve également sur les 5 titres originaux du quatuor, qui aura fait montre une fois de plus d'un talent indéniable, et d'une capacité à remuer une salle assez extraordinaire...

Hasard ou non de la programmation, la tension ne sera pas redescendue d'un cran pendant la prestation des Whodunit, qui en alternant morceaux originaux et reprises bien calibrées (goo goo muck encore et toujours, the way i walk (Jack Scott), she said...) nous permet de prendre un pied exceptionnel, la voix particulière du chanteur s'adaptant parfaitement à ces titres que tous les spectateurs connaissent par cœur, et les musiciens étant au diapason pour un set qui confirme tout le bien qu'on pense d'eux, autant sur scène que sur disque !

Difficile d'apprécier à sa juste valeur la prestation de La Danse du Chien, car le genre jazz-punk pratiqué par le sextuor (les cinq membres habituels aidés sur certains titres par Sven de Parabellum) est un peu trop free à mon goût, la prépondérance du sax alto baryton ne faisant qu'amplifier cette tendance à aller sur des terrains sonores qui ne me conviennent pas vraiment... On ne peut en revanche pas reprocher l'originalité au groupe, dont les versions de primitive (Groupies) ou good taste sont vraiment éloignées du son psycho, et la dernière reprise, du i wanna be your dog des Stooges, semble vraiment faire plaisir à une partie des spectateurs... tant mieux pour eux, mais personnellement je suis dans un autre univers !

On termine la soirée (oui, on a lâché avant Lofofora !) avec les maîtres de cérémonie du festival, les Washington Dead Cats ne manquent pas de prouver leur aisance à la fois dans le psycho et sur scène, avec un Mathias au chant qui finira en caleçon panthère sur les enceintes, après avoir d'entrée de jeu mis l'assistance dans la poche avec un can your pussy do the dog de très haute volée... En intégrant les compositions des WDC (i'm a dead cat, treat me bad, crazy voodoo woman) aux reprises des Cramps et assimilés (save it de Mel Robbins, garbageman, surfin' bird des Trashmen), le sextuor sait qu'il n'aura aucun mal à emmener le public avec lui, puisque pour accompagner le charismatique chanteur le groupe est totalement au point, et ce n'est pas l'extraordinaire reprise finale (doublée, d'ailleurs) du too drunk to fuck des Dead Kennedys qui inversera l'opinion qu'on a en sortant de la salle : en ce dimanche soir, il fallait être à la Maroquinerie, un point c'est tout !

Mercredi, direction le Nouveau Casino avec les UCMFM.