[Einstürzende Neubauten] en tout et (merci) pour tout

Date : samedi 8 octobre 2022

De temps en temps, il semble impossible de trouver des informations sur la première partie d'un concert. C'est le cas en ce samedi soir au Trianon, alors on traîne au troquet avant de rentrer dans la salle, et on ne découvrira qu'en fin de soirée qu'on a raté Harry Howard (le frère de Rowland, vu et apprécié avant le covid à la Maro pour une soirée hommage) - c'est un peu dommage, mais ce n'est surtout pas vraiment respectueux de la part de la salle et des organisateurs de l'avoir aussi bien caché...

Il est quasiment 20h30 lorsque les 6 membres de Einstürzende Neubauten débarquent sur scène, emmenés par un Blixa Bargeld toujours classieux quoique un brin engoncé dans son costume (et on ne s'étendra pas sur son haut en plumes), et on remarque très vite qu'il manque l'habituel lutin de la bande : Blixa expliquera assez vite que N.U. Unruh s'est blessé récemment, et qu'il est remplacé par un dénommé Thomas Richter (le préposé au clavier passera lui à l'as, comme toujours), qui fera le job mais n'occupera évidemment pas l'espace comme N.U.... La tournée actuelle étant repoussée depuis deux ans, on comprend que la set-list soit occupée en très grande part par le dernier album en date "alles in allem", qui en constituera presque la moitié, le reste étant composé de morceaux postérieurs à l'an 2000, ce qui rendra certains fans un brin chafouins, mais ne gâtera pourtant pas mon plaisir. En effet, si le groupe s'est bien assagi depuis ses débuts il y a plus de 40 ans, il réussit toujours, surtout sur scène, à rendre passionnant ses titres, même s'ils semblent calmes, en les passant dans une moulinette indus qui se traduit par la présence sur scène d'instruments peu académiques, de bidons en jerricans en passant par des tôles rondes et tournantes, des tiges de fer lâchées à hauteur d'homme ou des tubes de PVC (utilisées soit en tapant dessus, soit en soufflant dedans...), le tout sans doute moins volé sur les chantiers environnants qu'à l'origine, mais permettant toujours de nous surprendre, visuellement comme au niveau auditif. Il faut aussi dire que Blixa, quand il ne chante pas classiquement (en anglais ou en allemand, suivant les morceaux), continue à utiliser avec talent sa voix de manière peu conventionnelle, ses cris donnant des frissons et s'assimilant à un instrument supplémentaire, et si Alex Hacke, le bassiste aux faux airs de Groucho Marx, est souvent en avant-scène et attire bien l'attention, Jochen Arbeit le guitariste restera souvent assis, en tout cas un peu en retrait par rapport à ses comparses, mais cette relative discrétion sera compensée par Rudolf Moser, le batteur-percussionniste qui, non content de nous ravir les esgourdes quand il est derrière ses fûts et ses ressorts, n'hésite pas à venir taper sur tout ce qui est installé sur la scène, cela pouvant aller d'un caddie à des tubes placés... sur ce même caddie ! Évidemment, le public réagit un peu plus lorsque des titres mieux maîtrisés apparaissent (die befindlichkeit des landes, un superbe how did i die?), mais on ne pourra reprocher aux spectateurs d'être pingres en termes d'applaudissements, conscients qu'ils sont que même en 2022, une performance des Neubauten ne doit être boudée sous aucun prétexte. Les techniciens n'ont pas vraiment l'occasion de se reposer, puisque chaque nouveau morceau est l'occasion d'installer de nouvelles percussions sur scène, on verra même Alex faire du son (bruit ou musique ?) avec un sac type Tati rempli d'objets inconnus qu'il va agiter d'un côté à l'autre de sa tête, et les seuls moments un peu tranquilles sont ceux, finalement assez récurrents, où Blixa parlera, la plupart du temps en anglais, pour parler d'un morceau, ou de l'actualité, en fait on sent que cet homme aime bien parler - mais je vous rassure, cela n'est pas pour ne rien dire ! Le groupe va sortir de scène une première fois, au bout d'une grosse heure et quart, et revient assez vite pour 3 titres du même niveau que tout ce qui nous a été proposé jusqu'alors, mais chacun sait que le clou du spectacle se situera lors du deuxième rappel : après une improvisation très réussie (c'est un jeu très habituel chez les Neubauten), les musiciens nous proposent un redukt en forme d'apothéose, la violence est bien présente et permet aux derniers récalcitrants de succomber au plaisir, et les lumières peuvent donc se rallumer après pas loin de deux heures d'une prestation que l'on ne regrette pas - même après avoir déjà vu le groupe plus d'une demi-douzaine de fois ! C'est alors la ruée sur le stand de merch', mais pour le coup on va lâcher l'affaire : après avoir payé 47€ sa place, on ne va pas rajouter 30 à 40€ pour un t-shirt, il y a un soupçon d'abus à ce niveau...

Set-list annoncée :

1. wedding
2. möbliertes lied
3. nagorny karabach
4. die befindlichkeit des landes
5. sonnenbarke
6. seven screws
7. grazer damm
8. alles in allem
9. zivilisatorisches missgeschick
10. how did i die?
11. sabrina
12. ten grand goldie
13. susej
14. Rappel 1 : taschen
15. la guillotine de magritte
16. tempelhof
17. Rappel 2 : rampe
18. redukt

La suite ? On se repose un peu (enchaîner des concerts 4 soirs de suite, ce n'est plus de mon âge...), avant de rejoindre Steve Ignorant à la Pêche à Montreuil, en deuxième partie de mois. Sauf si on sort avant, bien évidemment...