[Ludwig Von 88/Foune Curry] oui oui for ever
Date : samedi 2 décembre 2023
En ce samedi soir, le Trianon s'avère rapidement plus rempli que la veille, cela se voit par exemple au merch' (le stand consacré aux Ludwig est dévalisé), et lorsque la première partie arrive sur scène on est bien plus nombreux que la veille au même moment, et on va très vite remarquer que les spectateurs vont être bien plus réactifs - et que cela se confirmera toute la soirée.
C'est le trio féminin Foune Curry qui démarre, les habituelles saxophoniste et guitariste ont comme prévu changé de batteuse depuis le concert au Centre Paris Anim' Montparnasse de septembre (sans , et si les trois musiciennes commencent comme toujours a cappella leur set, cela ne va pas durer, puisque c'est à une musique puissante que vont être confrontés les spectateurs qui pour la plupart vont découvrir le groupe. Comme souvent, Marie la chanteuse-saxophoniste provoque un peu le public entre les morceaux ('on emmerde tous ceux qui n'aimeront pas no chansons, et on emmerde aussi tous ceux qui les aimeront', ou 'on emmerde la mélancolie des années 80'), mais l'essentiel est à la fois dans les messages portés (antifascistes et antipatriarcaux, pour résumer très caricaturalement) et dans la musique présentée, un genre de jazz-punk n'hésitant pas à utiliser l'onomatopée comme complément aux textes qui utilisent plusieurs langues, et je dois avouer que pour moi c'est un régal de voir et entendre enfin les morceaux dans des conditions acoustiques parfaites, ce qui me permet d'apprécier encore mieux les cheval de troie, petit lapin ou playmobil déjà très appréciables dans des conditions bien plus roots, et également de remarquer à quel point les voix de Maru et Marie sont proches, voire non identifiables sans regarder qui est derrière le micro. Alors bien sûr ce qui nous est proposé loin d'être consensuel, on peut comprendre que tout le monde n'accroche pas à ces textes rentre-dedans ou provocateurs (finger in your ass, par exemple), mais l'unanimité se fait sur la reprise largement dépoussiérée de noir les horreurs (Bérurier Noir), et je demeure toujours aussi bluffé par la capacité de Marie à jouer du sax sans pour autant cesser de bouger sur scène - voire en dehors, puisqu'elle n'hésitera pas à venir dans la fosse, jouant pendant un long moment à distance de ses deux comparses sans nuire à la qualité de l'ensemble, et lorsque le groupe quitte la scène après trois quarts d'heure, on devine qu'une bonne partie des spectateurs ont apprécié cette découverte - vivement un enregistrement studio digne de ce nom pour le trio !
On ne va pas refaire la présentation exhaustive du concert des Ludwig Von 88, puisque la set-list de ce samedi soir sera très proche de celle de la veille, n'évoluant qu'à partir des rappels, mais il ne faudrait pas croire qu'on n'aura droit qu'à un copier-coller du vendredi. En effet, si l’ordre des morceaux reste identique, ils procurent tous la dose de plaisir attendue, d'autant plus que le public est ce soir hyper réactif, dès les premières secondes du set, et que Karim va donc avoir moins besoin de s'étendre en présentant les titres puisque à chaque fois c'est le même rugissement de plaisir qui émane de la fosse. Cette fusion se constate également au niveau du passage des slammeurs sur la scène, incessante tout au long du set, ce qui d'ailleurs finira visiblement par agacer un brin Karim, il faut dire que certains spectateurs s'accrochent aux musiciens en train de jouer ou viennent montrer avec insistance un t-shirt (hommage à Schultz, si je ne me trompe pas) qui n'a pas forcément de rapport avec la choucroute (j'aurais mieux compromis si quelqu’un avait voulu rendre hommage à Shane McGowan ou à Geordie Walker). On verra même plusieurs fois un allumeur de joints venir en proposer aux musiciens, cela déstabilisera d'ailleurs Charlu le bassiste au moment d'entamer sebastiano furioso (qui devra redémarrer après quelques secondes), mais comme tout cela se passe dans une aussi bonne ambiance qu'hier, et sans service d'ordre intempestif qui aurait pu justement empêcher cette osmose entre musiciens et spectateurs... On verra même un bon nombre d'enfants (éventuellement très jeunes) slammer (avec le casque de protection sur les oreilles et le sourire aux lèvres), sans jamais risquer la moindre chute puisque dans ces cas on redouble d'attention. Au bout de 70 minutes le groupe quitte la scène, et revient quasi immédiatement pour un rappel une nouvelle fois entamé avec sprint (qui rappelle qu'avec un public qui bouge autant que ce soir, on retrouve ici la même impression de sol instable qu'à la Cigale)mais ce soir c'est youplapunk, l'un des quatre nouveaux titres présentés, qui termine cette séquence, évidemment pas la dernière puisque chacun sait qu'un concert des Ludwig sans houlala ! risquerait de décevoir du monde, voire de créer une mini-émeute.
Alors le groupe revient une dernière fois sur scène, commençant par la partie animalière de la set-list (la reprise de dans la forêt, puis 30 millions d'amis), et après la présentation de tout le monde ou presque (des musiciens aux techniciens, voire au tourneur), on en termine (vraiment) sur houlala !, dernier baroud d'honneur pour la dernière date de la tournée anniversaire, qui aura comblé chacun, y compris ceux qui sont venus de (très) loin, par exemple de Belgique... Pas de nouveauté entre hier et aujourd'hui, mais on ne conservera aucun regret d'être venu les deux soirs, puisque à chaque fois c'est un renouvellement de plaisir et de félicité (terme employé par Karim), et que chaque première partie avait été choisie avec un goût certain. Désormais, on sait qu'on va conserver du Ludwig dans la tête pour pas mal d'heures voire de jours, mais il y a pire comme punition...
Set-list :
- sur la vie d'mon père
- jean-pierre ramone
- mon cœur s'envole
- chuck norris dans la prairie (si señor)
- oui oui et la voiture jaune
- hlm
- guerriers balubas
- new orleans
- job de merde
- bilbao
- sebastiano furioso
- louison bobet for ever
- pocahontas (chaque fois)
- louise sur les barricades
- club med
- ô tchang
- marche
- sur les sentiers de la gloire
- william kramps le tueur de bouchers
- come on boys
- Rappel : sprint
- polopop (les iroquois à cheveux verts)
- youplapunk
- Rappel 2 : dans la forêt
- 30 millions d'amis
- houlala !
La suite, ce sera très probablement dès jeudi soir au Cirque Électrique avec Nag, puis samedi avec Danko Jones au Backstage by the Mill.