[Clinic Rodeo] unicorn
Date : mercredi 6 juillet 2022
Pour une fois, je n'arrive pas à temps pour l'happy hour au Supersonic en ce mercredi soir, ni même avant le début des concerts d'ailleurs, et la salle est déjà pas mal remplie, les spectateurs étant massés devant la scène où la première partie est déjà à l’œuvre.
C'est un duo qui est là pour entamer la soirée, et très vite je me rends compte que la "dark pop à textes" que nous propose Pélican Noir ne me convient pas du tout. Non que les capacités vocales de la chanteuse soient à remettre en cause, ni le jeu de basse de son accompagnateur, et la théâtralisation du jeu de scène (maquillage facial, gestuelle) fait partie du set, mais c'est vraiment l'aspect musical qui me dérange : globalement, outre le fait que quasiment toutes les musiques (sauf la basse) et les chœurs sont pré-enregistrées, j'ai très régulièrement l'impression que les principales références se situent entre Desireless et Jimmy Somerville, et j'ai du mal à comprendre que ceux qui n'ont pas souffert de devoir supporter cela dans les années 80 soient à ce point masochistes qu'ils décident de le refaire eux mêmes... Les paroles sont malheureusement incompréhensibles (on sait que le lieu n'est pas forcément propice à la compréhension des textes), ce qui n'adoucit pas ce qui s'avère alternativement affreux et insupportable pour moi. Je ne nie pas que le public réagit plutôt bien, voire parfois avec enthousiasme, mais il y a bien trop de sérieux dans ce qui nous est proposé (j'aurais peut-être réagi difficilement si j'avais le sentiment que le deuxième degré régnait en maître) pour que je réussisse à accrocher. Là, clairement il y a un fossé, voire un abîme de générations...
Le temps de remettre la scène en place, de laisser aux spectateurs le temps d'aller renflouer les caisses du bar, et c'est un autre duo qui débarque sur scène, mais pas du tout avec la même optique musicale : Clinic Rodeo est composé d'un guitariste-chanteur et d'une batteuse, et s'il y a déjà 10 ans j'avais été relativement conquis en le voyant sur la scène du feu Bus Palladium, ce soir il ne va pas y avoir de doute quant à la qualité de ce qui nous est proposé. Annoncé de manière surprenante comme fabriquant du "rock stoner", j'entends bien plus de rock carré à influences bluesy (si cela ne ressemble guère au Gun Club, l'esprit général y est), et les réticences que j'avais pu avoir à propos du jeu de batterie un peu retenu de l'époque s'évaporent immédiatement, c'est plus le son riquiqui de la guitare qui déçoit un brin pendant la première partie du set... Il suffira d'un passage du technicien son pour arranger les choses (une sombre histoire de jack mal branché) pour qu'on retrouve une ampleur qui jusque là faisait une peu défaut, et que les deux musiciens puissent se lâcher totalement, au grand plaisir des spectateurs qui se sont massés devant la scène. Le chant d'Ad (guitariste) est bien assumé, on comprend qu'il soit bien utilisé également chez les Washington Dead Cats, et on se surprendra même à entendre sur le dernier titre de fortes connexions avec la voix de Porl King (Rosetta Stone), ce qui doit vraisemblablement être totalement fortuit. Les morceaux sont généralement bien tendus, ne s’éternisent guère, ne s'appuient jamais sur des solos de guitare (et c'est bien !) mais se construisent à la fois simplement et efficacement, et si l'on en croit le nouveau titre qui nous est proposé pendant le set, on n'a guère d'inquiétudes à avoir pour le prochain album, qui ne devrait pas décevoir ceux qui avaient apprécié "hunters" en 2019. Alors évidemment, lorsque le groupe en finit sans avoir atteint les 35 minutes de prestation, on reste un peu sur notre faim, mais comme il se dit que le duo reviendra probablement à Konstroy nous présenter d'autres nouveautés après les vacances, o, compte bien les revoir sur scène sans devoir attendre 10 ans !
La suite, c'est ce week-end, avec le festival La Ferme Électrique, vendredi et samedi du côté du bout du monde (ou du RER, plus simplement).