Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
l'ayatollah du rock
7 mai 2022

[Steel Pulse] life without music

Date : samedi 7 mai 2022

 

Cela faisait quelques années que je n'avais pas assisté à un concert de reggae, en ce samedi soir c'est à l’Élysée Montmartre que cela se passe, et on notera que si le concert affiche complet depuis bien longtemps (une deuxième date a été rajoutée pour le lendemain - enfin, c'était prévu l'an passé, mais le résultat est le même), avec un public au sein duquel les dreadlocks ne sont pas légion... Il faut dire qu'à 37 balles la place, ça peut en rebuter plus d'un, et comme même les nuages de fumée ont disparu de la salle, c'est à un concert un peu aseptisé auquel il faut s'attendre.

 

D'ailleurs, la première partie est composée simplement d'un DJ, de son petit nom Captain Cumbia, et qui se contentera de rester derrière ses platines (il paraît que dans d'autres contextes il joue également d'instruments divers), en nous proposant (je caricature un peu) d'ajouter de la cumbia à des morceaux de la mouvance reggae (donc dub, ragga, et aussi des choses qui me semblent bien plus mainstream mais sont faites par des amis à lui). De manière habituelle, je suis très peu réceptif au principe du pousse-disques en première partie, même dans des styles qui me parlent. Là, cela n'arrange pas les choses, car quand le morceau original est bon il n'a pas besoin d'ajout, et si c'est de la soupe l'ajout de cumbia ne remet pas en cause le fait que c'est de la soupe. Alors on peut comprendre que le Captain Cumbia se soit fait plaisir (il est même monté sur scène avant l'horaire annoncé), et que cela fera bien sur sa carte de visite, mais ce n'est pas cette grosse demi-heure qui modifiera mon rapport pour le moins distancié avec la cumbia !

 

Il y a 9 ans, Steel Pulse avait enflammé le Bataclan, c'est d'ailleurs pour cela que j'ai envie de reprendre ma dose ce soir, et cela débute comme en 2013, avec les préposés aux lumières qui chauffent les spectateurs en jouant pendant plusieurs minutes avec l'intensité, chacun est donc sur des charbons ardents, et si le claviériste-choriste-chanteur/toaster à l'occasion vient faire une petite photo de famille avant le début des hostilités, le groupe ne débarque sur scène qu'après le passage d'un chauffeur de salle, qui rappelle qu'il y a 30 ans le groupe anglais avait enregistré ici même son album live "rastafari centennial", que c'est donc l'occasion d'en fêter l'anniversaire, et qui rend également hommage à ceux qui nous ont quittés depuis (quelques secondes de silence étonnamment bien suivies), et les 8 musiciens du groupe peuvent enfin se mettre en place, et démarrer la prestation avec un rally round qui place déjà le set à un très haut niveau, emmené par un saxophoniste "classique" (on n'est pas du tout dans le free comme chez les Viagra Boys, l'un des trois cuivres puisqu'il voisine un trompettiste (et choriste à l'occasion) et un tromboniste. En sus de ces musiciens de fond de scène, on retrouve le batteur, toujours aussi impressionnant et toujours caché/coincé derrière son plexiglas, un bassiste qui alternera entre le fond de scène et les mimiques et attitudes en bord de fosse, un guitariste qui n'échappera pas aux solos, mais pas trop insupportables, et évidemment les deux plus anciens, le claviériste déjà évoqué de David Hinds, le fondateur du groupe (en 1975 !) du côté de Birmingham. La set-list va aller évidemment chercher du côté des tout premiers albums (soldiers date de 1978, babylon makes the rules de 1979, drug squad de 1980), mais également mettre à l'honneur le dernier album en date, ce "mass manipulation" de 2019 auquel est offert la possibilité de voir en live ce qu'il donne, et à l'écoute de stop you coming and come, don't shoot (sur les violences policières) ou black and white oppressors, on constate que la qualité musicale n'a pas baissé d'un ton, et que l'inspiration reste malheureusement nécessaire (le groupe était à l'affiche des festivals Rock Against Racism en 1978, aux côtés de Clash, Buzzcocks, Tom Robinson ou X-Ray Spex). Les morceaux s'enchaînent pas 3 ou quatre, on a à peine le temps d'applaudir que ça redémarre, et même quand il y a semblant de pause, cela ne dure pas 5 secondes, il ne faudrait pas que le public risque de prendre froid (il y a un petit courant d'air bien désagréable dans la salle). Si David Hinds est toujours aussi charismatique, on évite les blablas, certains titres sont présentés pour une mise en perspective rapide, mais indispensable, et le chanteur qui a dépassé l'âge de la retraite macronienne ne semble pas le moins du monde fatigué, puisqu'il sautille sans cesse, avec ou sans sa guitare, histoire d'inciter les spectateurs à danser et bouger (ceux-ci n'avaient évidemment pas attendu pour le faire). Ceux qui croient que le reggae est une musique basée sur un rythme unique en seraient pour leurs frais, les morceaux sont bien distincts les uns des autres, et les morceaux et les musiques passent les uns après les autres sans qu'on s'en rende compte. Au bout de steppin' out (non, rien à voir avec Joe Jackson !), les musiciens quittent la scène, mais on s'attend bien à un rappel, et le retour du chauffeur de salle pour faire crier "we want more" était quasi superfétatoire, tant il est évident que le public ne tient pas à en rester là.

Lorsque les musiciens reviennent, David Hinds s'empare d'une guitare acoustique et démarre donc en douceur ce rappel de trois titres, qui sera revenu rapidement au reggae tel qu'il est le plus efficace, et on terminera cette démonstration sur un ku klux klan toujours autant d'actualité, qui permettra également une présentation presque rapide des musiciens, histoire de ne froisser personne sans pour autant empiéter sur les morceaux. Comme il y a neuf ans, c'est donc au bout d'une heure et demie que les lumières se rallument définitivement, et il faut bien dire qu'on n'a pas vu le temps passer, et que cela fait du bien de revenir au reggae de temps à autres ! Et même, s'il n'y avait pas Konstroy ce soir, je me serais presque tâté pour y retourner - dans tous les cas, espérons ne pas attendre encore aussi longtemps pour les revoir à Paris ! La bonne nouvelle, c'est qu'on retrouvera du reggae début juin, avec Black Uhuru au Bataclan...

 

Set-list :

  1. Rally Round
  2. Soldiers
  3. Chant a Psalm
  4. Wild Goose Chase
  5. Don't Shoot
  6. Drug Squad
  7. Black and White Oppressors
  8. Bodyguard
  9. Babylon Makes the Rules
  10. Stop You Coming and Come
  11. Steppin' Out
  12. Rappel : Roller Skates
  13. Blues Dance Raid
  14. Ku Klux Klan

 

La suite, ce sera sauf coup de théâtre vendredi prochain à la Maro, avec le Festival Rockin' Dogs et sa belle affiche (Guitar Wolf, Mochines, Courettes et Lipstick Vibrators).
 
Publicité
Publicité
Commentaires
l'ayatollah du rock
Publicité
Archives
Pages
Derniers commentaires
Newsletter
17 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 92 273
Publicité