Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
l'ayatollah du rock
19 avril 2017

[Barry Adamson] golden destination

Date : mercredi 19 avril 2017

 

 

Si l'impression d'être au mauvais endroit au mauvais moment nous envahit en entrant à la Boule Noire, en ce mercredi soir, c'est que les spectateurs présents s'y comptent sur les doigts d'une main et demie, alors que la première partie commence dans moins de dix minutes, alors on n'en est plus qu'à espérer que les spectateurs sont juste un poil en retard, ou qu'ils sont restés dehors en attendant de traverser la queue (immense, celle-la) qui aboutit à la Cigale voisine...

 

Bon, il faut quand même que la soirée se fasse, alors le duo féminin Lou & Dust arrive sur scène, nous n'atteignons pas les 20 dans le public (à ce niveau, on peut compter), et si l'appellation "cosmic pop music" peut m'effrayer, d'autant plus qu'on ne voit presque que des claviers sur scène, le morceau introductif est une franche réussite, sur un fond de rythmique sourde, les voix des deux chanteuses se répondent avec une complicité surprenante, cela peut rappeler l'album "le fil" de Camille, et l'objectif d'attirer l'attention des spectateurs présents est rempli. Bien entendu, je ne vous mentirai pas en tentant de vous faire croire que l'ensemble du set me transporte, c'est évidemment plus variable par la suite, mais jamais je ne cèderai à l'envie d'aller me cacher ou me boucher les oreilles au fond de la salle... Le chant est en anglais, c'est un choix, qui permet sans doute de ne pas se concentrer sur les paroles mais plutôt sur l'inventivité qui traverse les morceaux, car si on est devant des claviers, ce qui nous est proposé est loin d'être synthétique, la rythmique obsédante est complétée au choix de notes de piano ou d'une guitare jouée de manière hyper-répétitive, et la batterie électronique, si elle est connotée soniquement parlant, permet quelques percussions bienvenues. Étonnamment, si la fraîcheur que dégage le duo est réelle, je ne peux m'empêcher de trouver parfois un côté dark à certains titres, ce qui pourrait expliquer que je suis loin de regretter d'être venu à l'heure, c'est une découverte loin d'être inintéressante.

 

Le temps de remettre la scène en ordre, d'installer un petit piano, un pupitre, et quelques guitares et basses, et on constate que le public est enfin là, pas en nombre énorme (une demi-salle, et pas bien dense encore), mais suffisamment pour anticiper une soirée trop solitaire. Peu après 21h05, Barry Adamson arrive, seul, en 2008 au Nouveau Casino il était accompagné de tout un groupe, ce soir ce sera donc basé sur des boucles et des bandes, mais on n'a guère le temps de se poser des questions car c'est still i rise qui déboule, un morceau (de 1998 !) pour le moins percutant qui inaugurait déjà le set à l'époque, qui ne peut que rassurer ceux qui, comme moi, n'ont pas suivi de très près ce que le bonhomme a sorti depuis "i will set you free" en 2012... Après cet uppercut introductif, Barry commence à parler, tranquillement, on le sent très décontracté, il se présente "Hello Paris, je suis Barry !", s'approche de son piano, s'assied, commence à jouer quelques notes, se relève, nous annonce que "Marine Le Pen voulait être là ce soir, mais je lui ait dit : We're full house !", ce ne sera pas la seule allusion de la soirée aux élections qui arrivent, mais cela sera toujours fait avec finesse et en évitant le moindre appesantissement. Il retourne sur sa chaise, recommence son morceau, mais visiblement quelque chose le chiffonne, suffisamment pour nous annoncer que ce titre (i got clothes, normalement) ne sera pas achevé (un autre titre disparaîtra de la set-list un peu plus tard), et qu'il va donc désormais faire mieux les choses, et s'empare donc d'une guitare (il alternera par la suite guitare électrique à larsens potentiels et guitare acoustique électrifiée, moins stridente) pour the beaten side of town, là encore on est dans le connu, on est arrivé à 2008, et la salle commence à bien bouger et apprécier ce qui se passe sur scène, il faut dire que même en s'appuyant sur du pré-enregistré, on a le sentiment d'avoir un groupe complet, il faut dire que cet homme est un perfectionniste, et qu'il ne s'amuserait pas à nous torcher trois sons pourris issus d'un vieux Bontempi ! Car pour ceux qui auraient oublié, Barry Adamson a, entre autres, été le bassiste du groupe Magazine et des premiers Bad Seeds de Nick Cave, et a fait également dans la B.O., tout en multipliant les travaux solo, entre jazz, easy listening, groove et morceaux très cinématographiques. Alors il a du stock, et du bon, cela lui permet de varier les styles et les plaisirs, y compris celui d'inclure quelques notes de transmission (Joy Division) au sein de destination, ou d'alterner jazz et rock sans que cela ne perturbe personne. Les titres les plus récents, issus du petit dernier "love sick dick" ou de son prédécesseur de quelques mois "know where to run", s'incorporent à merveille au milieu de ceux qui sont déjà plus éprouvés, cela promet un peu de queue au merch' en fin de concert, et mine de rien le temps passe sans qu'on s'en aperçoive, Barry réussit à enfiler les morceaux l'air de rien, sans jamais nous laisser l'impression d'être en mode pépère, il faut dire que c'est le premier concert de sa tournée européenne, alors il est encore à la fois frais et désireux de tester en live la valeur de ses compositions. Certains morceaux marchent encore mieux que les autres (they walk among us, par exemple) sans qu'il y ait le moindre instant de faiblesse, on ne va même pas perdre de temps à aller au bar prendre une bière, c'est trop précieux et rare ce qui nous est offert qu'il est hors de question d'en louper une miette ! En fin de set, c'est la basse qui est employée, avec justesse bien sûr, pour un one hot mess lui aussi extrêmement réussi, avant que la réinterprétation de the light pours out of me (Magazine) et son riff rappelant le rock'n'roll de Gary Glitter ne vienne conclure en beauté ces 73 minutes qui ne peuvent décemment s'arrêter là... Alors, après un passage en coulisse, c'est pour un remarquable jazz devil que Mr. Adamson revient vers nous, la boucle est bouclée puisque c'est du même "as above, so below" qu'était issu le premier titre de la soirée, et cette prestation en solo aura largement dépassé les 80 minutes, soit plus que lors de sa venue en groupe ! Tout ce qu'on peut désormais espérer, c'est de ne pas à avoir encore 10 ans à attendre avant de le revoir à Paris...

 

Set-list probable :

  1. still i rise
  2. i got clothes
  3. the beaten side of town
  4. cine city
  5. sweet misery
  6. come hell or high water
  7. turnaround
  8. on golden square
  9. destination
  10. civilization
  11. the sun and the sea
  12. they walk among us
  13. one hot mess
  14. the light pours out of me
  15. Rappel : jazz devil

 

Samedi, on ira voir si l’Élysée a retrouvé le feu, avec entre autres les Sheriff.

Publicité
Publicité
Commentaires
l'ayatollah du rock
Publicité
Archives
Pages
Derniers commentaires
Newsletter
17 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 92 273
Publicité