[Mss Frnce/Bad Bad Bird] civilisé.e.s

Date : lundi 12 septembre 2022

Si la Boule Noire annonce un concert presque complet en ce lundi soir, le "presque" ne résistera que quelques minutes à l'ouverture des portes, on se retrouve donc avec plaisir dans une salle remplie mais pas oppressante, où l'on attend le début des concerts en écoutant un DJ set 100% féminin mijoté entre autres par Salut les Zikettes, autant dire qu'on se retrouve en terrain connu...

C'est un projet solo nommé Bad Bad Bird qui se présente sur scène, celui de Madeline, échappée temporairement de Toybloïd, mais qui pour l'occasion s'est entourée d'un trio de musiciens (guitare/basse/batterie) pour donner de l'ampleur à des chansons initialement mitonnées dans sa chambre... Dans cette configuration, on se retrouve devant des morceaux qui oscillent entre rock (en) français et chanson rock, évoquant ici ou là tant (les) France Cartigny que les Calamités (qui auraient sniffé un peu de dynamite) ou Mademoiselle K, avec un chant en français assumé et efficace, et si l'on ne crachera pas dans une soupe très pêchue et très bien tournée, on a du mal à être totalement enthousiaste : il manque selon moi ce petit quelque chose qui fait qu'on accroche complètement, certaines parties nous entraînent mais sont suivies, parfois dans le même morceau, de retombées un peu frustrantes, et si on est loin de se plaindre, on reste un poil sur sa fin. Si un corde de guitare cassée entraîne une petite interruption, faute de cordes de rechange il faut trouver une autre guitare, mais le public bienveillant et appréciateur n'en veut à personne, il réagit d'ailleurs avec ferveur sur la reprise du rimini des Wampas, qui il est vrai est très réussie avec un son de guitare bien vénère, et au final on conservera de ces 33 minutes une impression plutôt positive, en se disant que ce qui manque encore ne pourra que finir par s'imposer au fil des concerts et de la prise de confiance dans ce projet !

On n'est pas dans le même univers avec Mss Frnce, puisque le quatuor masculin fait dans un punk hardcore presque classique, mais avec une particularité qui est d'apparaître comme excessivement sympathique sur scène, il n'y a pas de pose, ni scénique ni vestimentaire, le groupe est sur scène comme à la ville, et peut enchaîner les titres (en tout, une bonne vingtaine en moins de 40 minutes, rappel compris : dépasser les deux minutes sur un morceau est rare !) sans que jamais l’enthousiasme et le pogo ne fassent défaut dans le public. Au passage, on notera qu'avant de commencer, le groupe a incité à la bienveillance, ce qui est largement accepté, et s'il reste parfois difficile de comprendre les paroles (hurlées par un chanteur à la fois charismatique et n'hésitant pas à se mettre en retrait), on peut deviner qu'elles sont connues par cœur par une majorité de spectateurs. La température ne cesse de grimper au fil des minutes, même les "mauvaises nouvelles" (le batteur annonce que c'est le dernier concert du groupe avant un bon moment) ne nuisent pas à l'ambiance festive qui règne ici, il faut également dire que le groupe présente une bonne quantité de nouveaux morceaux, ce qui peut rassurer les plus anxieux sur l'avenir du groupe. Le chanteur n'hésite pas à se jeter sur la foule, certain qu'il est que son public ne le laissera pas tomber (ce n'est pas qu'une métaphore), et si testament ou paris est une fête sont des incontournables des set-lists, le public est autant appréciateur des morceaux connus que des découvertes, preuve que la fanbase est là, fidèle, confiante, et que le groupe peut continuer sans risquer d'en perdre des membres en chemin. Autre preuve que le groupe ne s'éloigne pas de l'esprit punk, même en jouant dans une belle salle en dehors des circuits alternatifs, le batteur (c'est lui le plus bavard, en fait) rappelle qu'au merch tout est à prix libre, ce qui est à la fois sympa et malin, puisque souvent le public apprécie cette confiance en n'abusant pas de cette offre et en donnant des montants "normaux". Les spectateurs, mélange appréciable de jeunes et moins jeunes, arboreront tous de larges sourires lorsque les lumières seront rallumées, et l'habituelle fuite hors de la salle en fin de concert est ce soir bien plus lente, à croire que chacun veut en profiter un maximum avant de rentrer chez soi : une bien belle soirée, on ne regrette pas de continuer à accentuer le manque de sommeil en ce début de semaine !

La suite, ce sera ce mercredi soir à la Maro avec Protomartyr.