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l'ayatollah du rock
15 septembre 2015

[Pierre & Bastien / Warum Joe] chapeau !

Date : mardi 15 septembre 2015

 

Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas mis les pieds au Gibus (7 ans depuis la venue des Damned), j'en avais conservé un souvenir pour le moins mitigé (une acoustique limite, des videurs de top niveau, une ambiance pas punk du tout…), et on a du mal à comprendre pourquoi le concert de ce soir, initialement prévu à l’Espace B, s’est retrouvé ici. D’autant que l’affluence finale (on est loin de se marcher dessus) aurait très bien tenu à l’Espace B… On a le sentiment que les lieux ont pas mal évolué (les poteaux sont devenus encore plus énormes, il y a une limitation de la capacité par des rideaux en milieu de salle), pas toujours en pire (on craignait des tarifs de consos excessifs, on s’en tire plutôt correctement avec la canette de 50cl d'une bière inconnue mais buvable à 5 euros…), et l’atmosphère est plutôt sympa, à croire que tout le monde se connaît, et que personne n’a besoin de jouer un rôle…

Les horaires sont précis, affichés à l’entrée, et doivent probablement être tenus sous peine de dépassement d’honoraires, alors il est 20h40 pétantes lorsque Pierre & Bastien arrive sur scène. Comme son nom ne l’indique pas, le groupe est un trio, composé d’un batteur et de deux guitaristes, ce qui permettra de varier les sonorités, et pour le coup on se passera de basse sans que cela ne dérange personne. Le batteur entame le premier titre, et s’arrête immédiatement, c’était un faux-départ, alors on recommence, c’est stérile pour commencer, un titre déjà bien rôdé, aux paroles (toujours compréhensibles ce soir) assez symptomatiques du groupe, à la fois crues, directes et d’une certaine poésie plus ou moins cynique ou morbide (« vois le ventre dont tu sors, il est comme toi il est mort »), chantées sans emphase par le guitariste préposé à la tâche. Il faudra d’ailleurs attendre quelques morceaux avant d’assister à un semblant d’échange avec le public, une légère sensation d’isolation autistique se dégageant parfois de la scène. Les titres qui s’enchaînent pourraient d’ailleurs faire abonder dans ce sens, tel handicapé (« handicapé du relationnel »), on imagine quelque part que le groupe pourrait jouer au MIAM sétois (Musée International des Arts Modestes), cette volonté de rester basique et très descriptif (loiret, journal…) nous ancre dans le déjà vu ou le vécu, c’est à la fois époustouflant de finesse de précision et légèrement perturbant car les paroles lues au premier degré font parfois froid dans le dos (rock chrétien, par exemple). Nous avons droit, si je ne m’abuse, à deux nouveautés, à commencer par un purement provoc très punk, qui montre que le groupe a en stock des quantités de textes à nous offrir, d’une qualité à l’excellence toujours renouvelée. Les deux guitares se complètent, on l’a dit, tandis que le batteur ne relâche jamais ses efforts, c’est dire qu’on n’est pas ici dans du texte à fond musical mais bien devant des morceaux punk très bien ficelés, et le public bouge bien tout en souriant à l’écoute des paroles. Il y a même une bonne touche d’auto-dérision sur chanteur (« chanteur de punk et de variété ») ou guitar hero (« guitar hero ce soir tu es la star »), et le set se termine sur un autre présumé nouveau morceau (dont j’ai inventé le titre pour vous, à vrai dire), entamé en dépit des exhortations des organisateurs à en finir là, et qui se révèlera le plus long du set (on se demande si ce ne serait pas fait exprès...), qui conclut ces excellentes 47 minutes comme elles avaient commencé puisque le batteur nous offre un petit raté (sans s’interrompre pour autant), c’est le plaisir du live, et le trio nous en a offert une belle dose. On comprend que d’aucuns estiment que Pierre & Bastien est le meilleur groupe français actuel, sans être aussi catégorique (je les place en vrac dans un top 5 auquel je n'ai pas encore réfléchi) je ne voudrais rater une de leurs prestations franciliennes en aucun cas ! Espérons donc qu’ils nous reviennent avant la fin de l’hiver (il n’a pas encore commencé ? J’aurais pourtant cru…), histoire d’en reprendre une nouvelle couche !

 

Set-list :

  1. Stérile
  2. Handicapé
  3. Race
  4. Loiret
  5. Purement provoc (?)
  6. Plus que les chiens
  7. Le son de ma voix
  8. Rock chrétien
  9. Destinée
  10. Journal
  11. Chanteur
  12. Guitar hero
  13. J’attends que tu me trahisses (?)

 

On a à peine le temps de se remettre de ce tour de force que les Warum Joe entament leur set, les six membres du groupe sont logés à des enseignes très différentes, puisque le chanteur, les deux guitaristes et le bassiste ont plutôt de la place sur la scène, tandis que les deux préposés aux machines semblent coincés derrière leurs machines dans un coin au fond… Lien direct ou pas, le début du set donne le sentiment d’un son très étriqué, ce qui est dommage (on n’a par exemple pas l’impression d’entendre les deux guitares jouer…) mais ne pose pas de problème aux musiciens qui en ont vu d’autres et ont œuvré dans des conditions bien plus complexes que ce soir. D’ailleurs, ce malaise ne durera guère, et on pourra entièrement se consacrer à une set-list une nouvelle fois renouvelée depuis la dernière prestation du groupe (en juin au Holy Holster Bar), mais quand on connaît la discographie du groupe et qu’on jette un œil sur la set-list complémentaire du soir, cela confirme des possibilités quasi infinies de prestations parfaites, l’absence ce soir par exemple de bogota, datcha ou cfc (liste bien entendu non exhaustive) ne sera déplorée par personne, puisque les morceaux interprétés satisferont tout le monde ! On piochera donc dans l’intégralité des albums, démarrant dans les 90’s avec peine totale pour retourner dans les 80’s avec vent divin (elle fait plaisir à beaucoup, celle-là !) et le camionneur, avant de revenir dans les 90’s puis les 00’s (si, si ça doit exister comme appellation !)… Pascal, au chant, est en forme, à l’unisson de ses comparses, tel Nicus qui à chaque titre place un « pierre et bastien ! » dans son micro (on le sait hautement appréciateur de la première partie), et le public de connaisseurs peut reprendre, en chœur ou in petto (chacun ses goûts), des paroles connues et appréciées à leur valeur. On sait que les textes sont très travaillés, on n’a malheureusement pas encore eu le temps de maîtriser ceux des 4 titres du nouveau EP "heavy mental", en sortie exclusive ce soir, alors desert eagle, comme plus tard charlie’s angels, ice cream ou je tue il (certains titres ont évolué en trois mois) sont appréciés mais aussi religieusement écoutés, histoire de commencer à mettre à jour sa base de connaissances textuelles du groupe. Régulièrement, Pascal indique que le morceau à suivre est « le summum de la soirée », ce énième degré pourrait également être pris au premier puisqu’il n’y a pas un seul instant de faiblesse… Une petite bouderie du bassiste plus loin (un refus de chanter les chœurs, ce me semble), et nous voilà au bout de la grosse cinquantaine de minutes, avec l’apothéose du ballroom au ritz (« ce sont les mêmes… »), le public est au minimum ravi, au mieux aux anges, on suppose que le groupe l’est tout autant, et si on savait d'avance que l’enchaînement Pierre & Bastien / Warum Joe s’annonçait enthousiasmant, il se sera révélé encore plus fantastique que nos espérances, et le reste de la soirée va devoir sacrément se sortir les doigts pour être au niveau des deux premières parties…

 

Set-list :

  1. Peine totale
  2. Vent divin
  3. Le camionneur
  4. Carpates show
  5. Mauser fucker
  6. Tu quoque
  7. Love me tendo
  8. Desert eagle
  9. Loto critique
  10. Mon goal
  11. Ukraine hop
  12. Peste noire
  13. El condor
  14. Tchang
  15. Ice cream
  16. Une case de vide
  17. Charlie’s angels
  18. Je tue il
  19. Ballroom au ritz

 

Car cette soirée a été organisée pour fêter la sortie d’une cassette compilation des Future Punx, un quatuor new-yorkais au look rétro-futuriste (ça brille sur scène) composé d’un batteur-chanteur, d’un guitariste-chanteur, d’un bassiste-chanteur, et d’une claviériste (juste choriste) qui porte son instrument en bandoulière, ce qui semble parfois lui causer quelques difficultés… La première impression est plutôt agréable, cela évoque rapidement un genre de mix entre Devo et les B-52’s, la toute petite basse sans tête (un ancien bassiste de Charles de Goal avait un modèle assez ressemblant) est jouée sans forcer, et si (évidemment) certaines parties de clavier sont un peu trop mises en avant, cela reste assez agréable, le temps de quatre ou cinq morceaux. Malheureusement, au-delà de cette ouverture apéritive et appréciable, la musique tend à se discoïfier sérieusement, et pas sur un seul titre, alors comme j’ai déjà pris mon pied en début de soirée avec les deux premiers groupes, j’évite de conserver un mauvais souvenir de la soirée en abandonnant là mes camarades d’écoute, pas la peine de se polluer les oreilles alors qu’elles ont été si bien entretenues jusque-là ! Cela permet de rentrer avec au choix Pierre & Bastien ou Warum Joe dans la tête, l’envie irrépressible de réécouter les discographies intégrales de chacun des deux ne devant être repoussée qu’en raison de l’heure tardive…


On prend une bonne grosse semaine pour rester sur cette vraie réussite, et on ira tester vendredi prochain à la fois Last Night (l’album est excellent, je suis confiant pour le live !) et le Pop-Up du Label, une nouvelle salle qui me semble furieusement ressembler aux anciens Combustibles…

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