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l'ayatollah du rock
7 octobre 2012

[Killer Ethyl] vivement la guerre !

Date : 7 octobre 2012

 

Pas de classique en ce dimanche soir, puisque c’est à l’Aéronef de Lille que se déroulent les choses les plus sérieuses du jour, avec une soirée sous le signe du “C’était mieux avant !”, qui voit affluer le ban, l’arrière-ban et les hauts bans du rock’n’roll lillois, en quelque sorte une grosse réunion de famille, modèle quadragénaires bien tapés qui se retrouvent 20 ans après pour célébrer certains de leurs plus beaux fleurons...

 

Les horaires sont stricts, et tenus, puisque c’est à 18h30 pile que Crise de Nerf entame son set. Actif depuis plus de 30 ans, auteur de l’inoubliable rock à la télé, le trio avoue œuvrer dans le “Post-punk / Punk / Rock”, dans une version tout de même sortant largement de l’ordinaire. Je m’explique : deux guitares et une boîte à rythmes, ça peut évoquer les Bérus, ou Métal U pour les plus pointus. Mais un chanteur agité, qui évoque aussi bien Captain Beefheart que Glu, c’est une dimension supplémentaire, et les textes déliro-apocalyptiques déclamés-hurlés à grands renforts de mouvements de bras ne laissent pas grand monde indifférent... Pendant 55 minutes, c’est un déluge de sons, cris et autres festivités sonores, seulement calmé l’espace de quelques minutes par un cassage de corde, ce qui occasionne le test en duo d’un morceau encore non finalisé, qui sera d’ailleurs interrompu. Et quand le groupe reprend de plus belle, c’est pour voir des fans en furie grimper sur scène, et prendre au mot le chanteur qui appelle déchirez-moi la veste, et celle-ci finit réellement en lambeaux... Alors, si on peut supposer que ce genre de prestation pourrait finir par lasser, si elle se répétait quotidiennement, on reste tout de même assez estomaqué devant ce set ponctuel, suffisamment rentre-dedans et incongru pour marquer les esprits sans faire office de repoussoir (sauf pour certaines petites natures), et on peut même apprécier la performance d’un groupe qui continue à se renouveler et à choquer (dans le bon sens du terme) après tant d’années !

 

Après un interlude sous le signe des 80’s, bercé par la fameuse compilation de l’époque '”repérages 84”, et agrémenté d’images, au hasard, des Creepy Crawly Boys en concert, ce sont les 4 Shiko Shiko qui arrivent sur scène, et on peut dire qu’il y a un choc musical autant que temporel avec ce qui vient de précéder (et également avec ce qui suivra), car les jeunes (au moins relativement...) qui composent le groupe ont tendance à tirer un peu dans tous les sens, m’évoquant un genre de Flying Pooh, avec des moments relativement excitants (multiplication des percussions, par exemple) et d’autres qui me semblent beaucoup moins l’être... Le public apprécie tout de même pas mal, tant mieux, comme ça on peut laisser un peu de place et se rapprocher du bar : connaissez-vous beaucoup de lieux de concerts qui proposent des bières blondes, blanches et ambrées à la pression ??

 

C’est bon, on est désaltérés, le changement de scène est achevé, ou presque, le sonorisateur a salué les anciens glorieux qui sont présents ce soir (on parle beaucoup du fameux Rockmitaine...), et a également (faute de goût majeure, à mon sens) passé pas mal de titres du groupe à venir, quand il commence à rameuter la foule devant la scène. Chacun commence à se placer, les petits devant, les pogoteurs devant, les vieux partout (mais ils sont les plus nombreux !), et c’est avec une surprise que le set est entamé : le duo des French Teachers, deux chanteurs guitaristes qui exécutent une reprise en anglais de profession de froid, renommée fridges, en version assez Devo, d’autant plus drôle et réussie qu’elle ne s'éternise pas : l’effet de surprise est bon, mais il ne faudrait pas abuser des bonnes choses... On peut d’ailleurs en dire tout autant de la deuxième surprise, qui est une reprise de j’artourne à’l’fabrique par les Ch’ti Lyrics, un duo 100% féminin et ch’ti (vous l’aurez compris), spécialisé dans la reprise en mode opérette (lyrique, si vous préférez) de classiques de la Région, et là aussi c’est vraiment totalement décalé, réussi, et le public est désormais chaud bouillant !

Sur l’air des lampions, ce sont des ‘allez les vieux !’ qui accompagnent l’arrivée de Killer Ethyl sur scène, un trio mythique absent depuis 20 ans des scènes, et que certains ont réussi à convaincre de remonter une dernière fois sur scène, autant dire que l’attente est énorme dans la salle, et la pression importante sur les musiciens... Ceci explique sans doute qu’on sent la tension sur j’artourne à’l’fabrique, réussi tout de même, et dès lors le trio est parti, quasi détendu, les blagues s’échangent, entre musiciens et également avec les spectateurs, on sait qu’il n’y a que bienveillance dans la salle, et donc les quelques pains (un jésus khrist qui effectue un faux départ, joëlle et marcel qui subissent un poil le poids des années...) ne font qu’agrandir les sourires qui sont omniprésents sur l’ensemble des visages, y compris ceux des musiciens ! Car les petites blagues sont là, correspondant largement à l’esprit des morceaux du groupe, et Tryphon, Bambi et Raisin Sec, les trois musiciens, qui se partagent allègrement le chant, jouent totalement le jeu. On a droit à des raretés, comme ce très ancien je suis une star, mais tous les morceaux conservent ce côté incisif qui reste la marque de fabrique du trio : des titres qui ne s’éternisent pas, à l’énergie amusante (les chœurs sont un éternel plaisir !), aux paroles hilarantes, sans vulgarité (vous pouvez donc offrir les CD à vos enfants), qui ne sont même pas trop marquées temporellement, et des sonorités qui n’ont même pas vieilli. En un mot, on se dit que le groupe pourrait trouver sa place sur la scène rock française actuelle... Après une intervention aiguisée d’une infirmière sur docteurs, le trio quitte la scène, histoire de se faire rappeler, et comme les musiciens sont gentils, il ne nous font même pas lanterner trop longtemps ! Ils reprennent avec une version abrégée du petit quinquin (“pour ne pas avoir à payer de droits”, invoquent-ils), puis nous intiment : touche pas à ma mobylette, avant de jouer les angelots blasphémateurs (mais toujours sans méchanceté, que les sectes chrétiennes n’aillent pas en faire des autodafés !) avec jésus reviens... Histoire de ne pas partir aussi vite, ils finissent en reprenant l’irremplaçable j’artourne à’l’fabrique, encore mieux réussi qu’au début du set, et c’en est fini, après 48 minutes, d’un set qui n’aura déçu personne, bien au contraire, on ne voit plus que des étoiles dans les yeux des spectateurs, et on en voit beaucoup qui tentent de redemander un ou deux autres concerts supplémentaires dans les semaines à venir... Ce n’est pas gagné d’avance, mais ça montre que le groupe n’a trompé personne, que le concert était suffisamment carré pour vouloir en reprendre une tranche (allez, pour moi, vivement la guerre, même avec ses erreurs, henri a le SIDA et docteurs auront été les pics du set, indépendamment de la fabrique, hors concours), et qu’aucun de ceux qui ont fait du chemin (Paris, Bruxelles, Rennes, il y a eu du déplacement lointain pour cette soirée) ne le regrette !

 

Set-list

  1. J’artourne à’l’fabrique
  2. Jésus Khrist
  3. Joëlle et Marcel
  4. Vivement la guerre
  5. Je suis une star
  6. Tout s’explique
  7. Henri a le SIDA
  8. Mais qui sont ces gens ?
  9. Docteurs
  10. Rappel : Le petit quinquin
  11. Touche pas ma mobylette
  12. Jésus revient
  13. J’artourne à’l’fabrique

 

Prochain RDV le 16 octobre au Point FMR, pour la soirée Even If.

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