Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
l'ayatollah du rock
27 septembre 2011

[Specials] we enjoyed ourselves

Date : 27 septembre 2011

 

Un public nombreux (le concert est annoncé complet depuis plusieurs semaines), bigarré (des rude boys & girls en beaux carrés noir et blanc sur toutes sortes de chemises, cravates, mais pas uniquement), assez mixte (âges et sexes), des yeux qui pétillent d’avance, toutes les conditions sont réunies pour passer un excellent mardi soir à l’Olympia, on a même l’impression que la salle est climatisée : fausse impression, à moins d’admettre que la climatisation ne compense pas l’énergie dépensée par les spectateurs pour suivre le rythme initié sur scène…

 

A vrai dire, ce n’est pas forcément la première partie qui va chauffer la salle :les Frelons sont un groupe de ska français, comme le nom l’indique, qui a suffisamment de bouteille (formation du groupe au milieu des années 80) pour avoir sa fanbase devant la scène, mais le reste du public a des difficultés à accrocher, ce qui se traduit par une présence importante hors de la salle, devant le merchandising ou les bars… Du ska, d’accord, mais manquant de pêche, qui évoque parfois Marcel et son orchestre, le côté festif en moins, et dont l’accent arrache un peu l’oreille lorsque le chant est en anglais ! Bref, une première partie moyennement réussie, qui permet d’aller constater que les barmen de l’Olympia peuvent se différencier entre ceux de l’étage, tranquilles, sereins, et ceux du rez-de-chaussée, qui seraient mieux dans une caserne que derrière une tireuse, leur volonté (exigence) de ne voir qu’une file devant leur pompe étant d’une débilité sans nom…

 

Heureusement, la première partie ne dure pas trop longtemps, on peut rapidement réintégrer la salle, bien s’installer au milieu pour tout ressentir, et attendre, attendre, attendre… Enfin, les lumières s’éteignent, le rideau blanc s’éclaire, on devine les musiciens, et quelques notes de enjoy yourself envahissent la salle, avant que le rideau se lève et que do the dog entame réellement le set des Specials, pour l’unique date française du « 30th anniversary tour », avec un groupe original presque au complet, puisque seul Jerry Dammers (principal compositeur du combo, tout de même) est aux abonnés absents pour cette reformation… D’entrée, on remarque que Terry Hall reste bloqué derrière son micro, comme c’était apparemment le cas à l’époque (à ce propos, la lecture du très fourni « The Specials – Rudie pour la vie » au Camion Blanc, par Sir Horace Panter, le bassiste, est largement recommandée), tandis que le reste du groupe (Lynval Golding à la rythmique et Roddy Radiation aux guitares rockabilly, Horace à la basse, John Bradbury à la batterie, Neville Staple au chant toasté juste ce qu’il faut, un petit jeunot aux claviers) bouge beaucoup, et l’image visuelle correspond largement à l’image sonique qui déboule dans nos esgourdes ! Commencer un set par des titres du premier album du groupe est un excellente idée, puisque cela permet au public de rentrer immédiatement dans la danse, tout en laissant au groupe le temps de se chauffer un peu… Je m’explique : globalement, le premier album n’est constitué que de bombes, immédiatement assimilables par le spectateur conquis d’avance, et le groupe peut donc se permettre une restitution quasiment à l’identique à celle apparaissant sur l’album. Ces versions, très bonnes au demeurant, les musiciens les ont tellement jouées qu’elles semblent quasiment en pilotage automatique, et les spectateurs peuvent se défouler autant sur gangsters que sur monkey man, et les vibrations dans la fosse indiquent qu’ils ne s’en privent pas ! Même les titres un poil plus lents, tels it’s up to you ou doesn’t make it alright (toujours aussi émouvant, à mon sens), sont l’objet de la frénésie des spectateurs, qui connaissent absolument toutes les paroles par cœur et ne se gênent pas pour accompagner Terry ou Neville… On peut donc parler de machine de guerre sur scène, puisque les rares temps de repos tiennent aux courts (et parfois incompréhensibles) apartés de Neville ou Lynval en direction du public. Histoire d’être totalement honnête, je suis (très légèrement) déçu par l’interprétation de rat race, qui aurait pu être un poil accéléré à mon goût ; mais comme le stupid marriage qui suit quasiment derrière est d’un niveau à couper le souffle, cela compense largement, et même au-delà : des frissons parcourent parfois le corps, et comme ce titre n’est en sus pas joué tous les soirs par le groupe (merci Internet), on sait qu’on a déjà touché le gros lot ! Mais il faut bien avouer que le meilleur est encore à venir, ce qui peut sembler impossible : après un concrete jungle chanté par Roddy, laissant Terry se reposer (et aller fumer sa 27e clope du concert en coulisses ?), on attaque les titres issus du 2e album, « more specials », réputé légèrement moins tubesque que le premier… Foin de ces élucubrations, « more specials » frise la perfection, et les interprétations de ce soir vont encore nous le démontrer : non contents de posséder une finesse qui peut parfois faire défaut à certains titres du premier album, les titres du second sont ici réinterprétés, la présence d’un trio de cuivres sur la scène leur permettant de prendre une ampleur encore supérieure. Si on entend trop l’orgue sur friday night, saturday morning (j’abhorre toujours autant les claviers), la version complète de stereotypes remet tout d’aplomb. Et l’enchaînement avec man at C&A est parfait, on peut juste regretter (quoique... un raté, ce n’est pas si mal, ça donne de la vie) l’intro ratée de do nothing (on ne sent pas le clavier dans le ton du chant), qui ne gâche pas la suite de la chanson d’ailleurs... Cela continue à un rythme effréné, on revient aux survitaminés little bitch ou too much  too young, et lorsque les premières mesures de enjoy yourself (version complète ce coup-ci), on n’en revient pas de n’avoir passé que 75 minutes, tant le tourbillon nous a emporté loin de tout.

En guise de rappel, c’est la reprise du guns of navarone qui s’impose, sur laquelle le public reprend en chœur les cuivres (surprenant, mais efficace !), puis le final you’re wondering now, histoire de calmer tout le monde pour la sortie. Mais, comme les lumières ne se rallument pas, et que les spectateurs font un boucan du tonnerre, le groupe revient pour un deuxième rappel totalement inespéré, qui en plus n’est pas loin de constituer le sommet de la soirée : la version originale de ghost town fait partie des monuments de l’histoire de la musique, cette version live, avec une flûte traversière pour compenser l’absence de voix féminines, restera dans les mémoires de beaucoup. Et si le constat final est que le set était quasi millimétré '(pile 90 minutes, c’est pour le moins carré !), on a tout de même ressenti une joie réelle de la part des musiciens, qui ont partagé ce moment de bonheur avec un public assez largement ébahi par cette prestation ! On regrettera simplement que les tarifs appliqués au merchandising aient été aussi prohibitifs (30 euros le t-shirt, c’est mission impossible, et éthiquement regrettable), mais comme beaucoup de ceux qui n’avaient jamais eu la chance d’assister à un concert des Specials, je peux ici l’affirmer : même sans Jerry Dammers, même avec un minimum de place laissée à l’improvisation, je peux d’ores et déjà inclure cette prestation dans mon Top 5 des meilleurs concerts auxquels j’ai jamais assisté !

Et s’ils veulent revenir bientôt, j’y cours !

 

 Set-list

Enjoy yourself (intro)

Do the dog

(dawning of a) New era

Gangsters

It’s up to you

Monkey man

Blank expression

Doesn’t make it alright

Rat race

Hey little rich girl

Stupid marriage

Concrete jungle

Friday night, Saturday morning

Stereotypes

Man at C&A

Do nothing

A message to you, rudy

Nite klub

Little bitch

Too much too young

Enjoy yourself

 

Rappel 1

Guns of navarone

You’re wondering now

 

Rappel 2

Ghost town

 

Prochain rendez-vous dès vendredi soir, avec les Cadavres et Los Tres Puntos au Cabaret Sauvage.

Publicité
Publicité
Commentaires
l'ayatollah du rock
Publicité
Archives
Pages
Derniers commentaires
Newsletter
17 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 92 282
Publicité