[Elvis Costello] on s'y attendait un peu...
Date : dimanche 24 septembre 2023
Il ne fallait pas être en retard en ce dimanche soir à la Philharmonie, puisque dès 20h05 les lumières s'éteignent et les musiciens arrivent sur scène - juste le temps de m'asseoir, au 6e étage de la grande salle !
C'est la première fois que je vais voir Elvis Costello sur scène, alors que ma discothèque regorge de ses albums, bootlegs et autres, et si ce soir il est accompagné de son vieux complice (ça me rappelle une vieille blague) Steve Nieve, le public (plutôt âgé, et très anglophone) va très rapidement comprendre que le chanteur est le maître de cérémonie, qu'il est très bavard, et que le pianiste-claviériste-mélodiciste, sans être un faire-valoir, restera tout de même en retrait, sans prendre la lumière plus qu'il ne faut. Le duo entame la soirée avec when i was cruel, on retrouve immédiatement tout ce qui fait le son Costello, avec la voix éraillée et toujours à la limite du faux qui se pose sur des arrangements toujours brillants, avant d'enchaîner avec shot with his own gun, une merveilleuse vieillerie en version dépouillée très réussie. La plupart des morceaux sont présentés avant d'être interprétés, le débit et l'éloignement du micro font qu'on a parfois du mal à suivre les explications, mais peu importe, à la limite c'est l'atmosphère créée qui surnage, il y aura même quelques moments très émouvants au fil de la soirée, et tout ce début de soirée se passe de manière optimale, avec le duo, bientôt rejoint par quatre musiciens additionnels (un percussionniste, un violoncelliste, et deux cuivres qui ne se contenteront pas de leur trompette et leur clarinette), qui continue à piocher dans le répertoire pour le moins conséquent et varié du chanteur, on retiendra au passage waiting for the end of the world ou pills and soap, mais au fil des minutes on sent que la soirée se rapproche de la méthode américaine de l'entertainment, avec un aspect jazzy-groovy crooner qui m'enthousiasme un peu moins. On le sait, Elvis (Declan, de son vrai prénom) a multiplié les collaborations, on a ainsi droit à des titres écrits avec Burt Bacharach, mais aussi à la reprise du she (Aznavour), et si les applaudissements restent nourris, voire accrus, on remarque aussi que quelques spectateurs quittent les lieux avant l'heure de prestation, sans doute perdus par l'aspect hétéroclite de la set-list et des interprétations du soir. Il faut bien avouer que certains morceaux, pourtant archi-connus, sont quasi méconnaissables, ainsi du watching the detectives pourtant incontournable, ou d'un accidents will happen dont le dépouillement poussé à l'extrême s'avère selon les spectateurs touchant (je suis d'accord) ou peu réussi (les goûts divergent). Alors, sans m'endormir mais sans être non plus surexcité, je prends la soirée comme elle vient, avec ses moments moins intéressants comme avec la joie d'entendre la reprise du what's so funny about peace love and understanding (Brinsley Schwarz), et si on ne retrouve évidemment pas a trompette de Chet Baker dans la version du jour de shipbuilding, la part belle laissée à la clarinette sur ce titre est là encore une franche réussite. Elvis & Steve n'hésiteront pas non plus à aller chercher du côté des "juliet letters", avec the birds will still be singing, on apprécie l'effort d'adaptation du morceau, et si on a peur qu'Elvis ne quitte la scène sans nous saluer, c'est simplement pour venir chanter a cappella dans la salle et venir y récupérer 4 choristes qui garderont n'en doutons pas un souvenir impérissable de cette soirée. Pour ma part, au-delà de la performance (2h20 de set, sans la moindre pause, à près de 70 balais c'est costaud !), et de quelques moments remarquables, je serai resté en dedans pendant une partie du concert, peu perméable à l'aspect "american show" et aux envolées croonesques qui me sont rarement bénéfiques. Mais je n'irai pas jusqu'à regretter ma venue, et suis ravi d'avoir enfin pu voir le sieur McManus !
Set-list probable ;
- When I Was Cruel No. 2
- Shot With His Own Gun
- Waiting for the End of the World
- Like Licorice on Your Tongue
- Stick Out Your Tongue (Pills And Soap)
- What Is It That I Need That I Don't Already Have?
- Toledo
- Hey Clockface / How Can You Face Me?
- The Last Confession of Vivian Whip
- The Birds Will Still Be Singing
- The Comedians
- I Do (Zula’s Song)
- The Long Honeymoon
- Watching the Detectives
- Accidents Will Happen
- Almost Blue
- She
- Adieu Paris (L'envie des étoiles)
- The Whirlwind
- (What's So Funny 'Bout) Peace, Love and Understanding
- Shipbuilding
- Couldn't Call It Unexpected No. 4
La suite, ce sera dès mardi soir, à l'Olympia, avec le retour des Hives, sans doute moins déconcertant.