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l'ayatollah du rock
5 octobre 2022

[Dewaere / Kitano Graffiti] voilà now you're (not so) old

Date : mercredi 5 octobre 2022

 

C'est mercredi, et le Petit Bain sonne désespérément le creux quand on entre dans ses entrailles, à tel point que le début des concerts est repoussé, histoire d'éviter à la première partie de jouer devant une fosse quasiment vide...

 

Cette stratégie est relativement efficace, puisque lorsque les quatre membres de Kitano Graffiti se présentent sur la scène, on a multiplié par deux ou trois la vingtaine de spectateurs qui étaient présents à l'heure prévue, ce qui va permettre d'avoir un peu d'ambiance - cela va continuer à se remplir un peu au fil des minutes, mais je ne suis pas certain qu'on dépasse de beaucoup la centaine... Sans avoir effectué de recherches préalables, on reconnaît immédiatement le chanteur, Raphaël de We Hate You Please Die, qui est accompagné d'un batteur aperçu dans Unschooling, d'un guitariste "qui n'a jamais joué dans aucun autre groupe", et d'une bassiste dont je n'ai pas retenu les références, et très vite on constate que ce premier concert du groupe (au départ, un duo à distance entre le chanteur et le guitariste) ne va pas forcément nous aider à le ranger dans une quelconque case, puisque le seul point commun entre les divers morceaux qui vont se succéder tient en la voix du chanteur, capable de se mesurer à un chant doux comme de forcer dans le rauque et brutal - on n'est pas forcément surpris, il le fait déjà très bien avec son groupe principal. Clairement, et même si la voix peut évidemment l'évoquer, on n'est pas dans un remake de WHYPD, on va osciller tout au long de la demi-heure de set dans des genres variés (on pouvait croire à une blague en lisant "un juste milieu de fusion entre post-punk, garage, emo, des touches de metal avec une forte volonté de groove pop derrière", mais c'est finalement assez juste), avec une énergie permanente, une bonne ambiance évidente (l'osmose est totale entre les musiciens et le public), et si certains osent évoquer le nom de Mike Patton, ce n'est finalement peut-être pas si incongru, tant le leader de Faith No More aime à brouiller les pistes dans ses différents projets annexes ou parallèles. Et tant qu'à brouiller les pistes, Raphaël laisse le micro à la bassiste sur un titre, elle-même suppléée par Lola (Pogo Car Crash Control, Cosse), sans que ce morceau ne dépare dans la set-list, ce qui prouve bien que le collectif est à la fois interchangeable et redoutablement efficace. Car c'est bien cela qui ressort de cette prestation : si tout n'est pas enthousiasmant, c'est tout de même extrêmement intéressant, même les ratés (une reprise de WHYPD en version nineties est rapidement avortée) montrent que le quatuor ne s'empêche rien, et si cela se termine sur un titre en mode Red Hot Chili Peppers, c'est une fois encore le moyen d'emmener le public en terrain instable - et de vérifier qu'il suit bien ! C'est donc une découverte à confirmer rapidement - ça tombe bien, on pourra les retrouver en fin de mois au Supersonic !


On sait plus à quoi s'attendre avec le quatuor briochin Dewaere, dont le dernier album en date "what is pop music anyway ?" est l'une des excellentes sorties de cette année 2022, chroniquée chez Tatapoum mais également l'un des disques obsédants qui peuvent squatter la platine. Le groupe arrive tranquillement sur scène, le chanteur chantant le titre satellite sur une bande enregistrée, mais très vite le trio guitare-basse-batterie se met en branle, et continue avec bricks à passer en revue les derniers titres en date (le dernier album sera intégralement interprété, seuls quatre morceaux du premier album "slot logic" s'ajouteront à la set-list), et si on trouve que l'album est pour le moins énergique, sa transposition scénique est une énorme claque, l'ampleur que peut prendre chacun des titres permet d'oublier qu'on n'est pas assez nombreux à en bénéficier ce soir, et la noise-punk du groupe s'avère effectivement d'une puissance folle - on se souvient que les WHYPD nous avaient vanté la qualité du groupe à Konstroy il y a plus de deux ans... Si les musiciens font ô combien le job, le chanteur s'avère visuellement et soniquement extrêmement intéressant, puisqu'il est loin d'avoir un look rock'n'roll, semble souvent danser à contretemps et en version adoucie, et est capable tant de chanter en mode pop gentillette que de gueuler bien comme il le faut - le flegme britannique (oui, encore un Britton expatrié chez nous) dans toute sa splendeur ! L'ensemble est véritablement bluffant, d'autant plus que c'est carré comme on le voit rarement par chez nous, et cela atteint même le point où on se demande si le groupe ne réussit pas à copier intégralement en live les versions en studio, ce qui est à la fois très fort et un peu perturbant. Mais ce très léger bémol n'est sans doute que volonté d'en avoir toujours plus (et mieux !), c'est vrai qu'on n'ose imaginer ce que pourrait donner un my shangri-laaa (on prend en exemple ce titre qui s'apparente à un tube quasi parfait) si les musiciens se lâchaient encore plus... Rassurez-vous, au moins la fin du set donnera l'impression de s'affranchir un brin du cadre des versions originales, et si on peut très bien apprécier everybody's got to learn sometime sans connaître l'original des Korgis, on peut apprécier l'intégralité du set sans maîtriser sur le bout des oreilles la discographie de Dewaere. Mais il serait dommage de passer à côté du groupe, qui en presque une heure a montré qu'on peut faire du bruit avec une très grande qualité en France, et si la pop music doit être assimilée à Dewaere, on sent que certains vont avoir les oreilles qui saignent. La confirmation sur scène d'un groupe qui ne se contente pas d'un album studio très réussi, et la preuve qu'il ne faut pas hésiter à aller voir des concerts en pleine semaine, même si les lendemains matins sont un peu difficiles...

 

Set-list :

  1. satellite
  2. bricks
  3. my shangri-laaa
  4. clink and cluster
  5. taiwan, ireland and japan
  6. budapest
  7. voilà now you're old
  8. the pretty one
  9. everybody's got to learn sometime
  10. make it in the morning (shake it in the night)
  11. aye aye
  12. replay
  13. burning desire
  14. get down
  15. everybody wants one now

 

La suite, c'est dès ce jeudi soir, à la Pointe Lafayette avec Gentle Death et Pervitin.

 
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