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l'ayatollah du rock
16 juillet 2022

[Murmure du Son 2022] samedi

Date : samedi 16 juillet 2022

 

Après un tranquille voyage en train puis en bus, et vu que celui-ci ne s'arrête pas à Eu on se retrouve à Mers, et bons pour une demi-heure de marche sous un soleil pas si anodin, ce qui explique qu'on arrive un peu suants chez le premier édile de la ville, histoire de se remettre de notre fin de périple avec de quoi nous désaltérer et nous sustenter. Car dans quelques heures nous allons assister à la troisième et dernière journée du Festival Le Murmure du Son, qui fête ses 20 ans avec comme toujours une programmation éclectique, destinée au public familial (surtout en ce samedi) qui va envahir (3500 personnes) la place aménagée devant le château, avec les deux scènes qui y sont installées, bien entourées de tous les stands qui vont bien (boissons, restauration, Amnesty International...).

 

C'est sur la grande scène que cela démarre, avec les Têtes Raides qui vont tenter de chauffer un public bienveillant avec leur "chanson-rock-musette" qui attire les foules depuis plus de 30 ans. Pour l'occasion, ils ne sont pas moins de 8 musiciens sur scène (guitare/basse/batterie/clavier/sax/trombone/violon-violoncelle/chant-accordéon), emmenés par l'inusable Christian Olivier en leader de groupe et meneur de foule. C'est d'ailleurs l'une des choses qui me dérangent le plus lors de cette prestation, cette volonté de forcer le public à participer en le haranguant très régulièrement, comme si c'était au public de s'adapter au groupe et non l'inverse... Bon, je suis évidemment de mauvaise foi, n'ayant jamais accroché à la musique du groupe (ni à ses textes, partant de là), et si je reconnais journal ("allez les enfants tuez vos parents !") pour apparaître sur une quelconque compilation, le reste du répertoire m'est inconnu, et ce n'est pas encore ce soir que je vais chercher à en connaître plus : le style ne me convainc pas, la présence scénique non plus, et si c'est rigolo de voir le chanteur porter le plus grand masque FFP2 du monde (ah non, c'est simplement le logo du groupe...), on rigole moins quand, en guise de rappel, le groupe s'approprie putain putain (TC Matic) pour l'intégrer à l'un de ses propres titres de manière bien peu honorable pour Arno, Vous l'aurez compris, même si les fans absolus du groupe trouveront des circonstances atténuantes, voire affirmeront avoir assisté à une excellente prestation, pour ma part j'ai préféré anticiper la première bière de l'après-midi plutôt que de rester en plein soleil devant la scène...

 

On passe du côté de la petite scène avec Sugar & Tiger, le groupe "familial" de Didier Wampas puisqu'il comporte ses deux fils (batterie, guitare) et sa compagne (chant), ainsi que son inamovible bassiste Jean-Mi. Ce n'est pas la première fois qu'on voit le quintet sur scène, et si les fois précédentes on avait eu le sentiment d'un groupe encore un peu hésitant, tant dans l'harmonie interne que sur le son général, aujourd'hui les doutes sont levés. En effet, les quatre musiciens (Didier gère une guitare, lui aussi) sont désormais très soudés et se répondent et complètent parfaitement, on ne sent plus les hésitations des fois précédentes, et surtout les morceaux sont tous dans la lignée de ce que peuvent faire habituellement les Wampas, et on aboutit ainsi à la conclusion suivante : Sugar & Tiger est un genre de groupe de reprises des Wampas, monté par Didier Wampas, et qui n'interprète que des morceaux inédits des Wampas... Mais cette définition est évidemment incomplète, puisqu'il omet Florence, la chanteuse du groupe, et c'est plutôt là que le bât blesse : indépendamment de ses qualités vocales (il paraît que le chanteur des Wampas chante faux depuis 40 ans...), elle semble avoir beaucoup de mal à s'imposer, physiquement et scéniquement parlant, ce qui fait qu'elle ne paraît pas être la meneuse du groupe alors que c'est ce que chacun attend d'elle. Bref, il faudrait soit que la chanteuse fasse preuve de plus de puissance scénique et moins de minauderies, soit que le groupe s'éloigne du style Wampas et se rapproche plus nettement d'une pop sixties qui correspondrait mieux au quintet. Et cela est d'autant plus flagrant lorsque c'est Didier qui prend le chant à son compte : comme toujours, il attire l’œil, descend dans la fosse, grimpe partout, bref propose un vrai show et ne reste pas coincé en fond de scène à sembler s'excuser d'être là... Comme beaucoup, ce concert me laisse beaucoup de regrets, car il y a vraiment moyen de faire beaucoup mieux avec des musiciens de ce niveau.

 

On retourne du côté de la grande scène, où le maire de la ville fait une petite intervention pas piquée des hannetons : rendant un hommage appuyé aux 200 bénévoles du festival, il cite à la fois Thomas VDB et les paroles de "La chanson du maire d'Eu" ('j'aime beaucoup mieux être maire d'ici que maire d'ailleurs'), mais oublie de remercier les kawiks, et ponctue son hilarant petit speech d'un "rock'n'roll bordel !"* que ses amis lui connaissent depuis longtemps...

Et ce qui va suivre sur la scène ne va finalement pas vraiment correspondre à cette injonction, puisque ce sont les Négresses Vertes qui rameutent les plus nostalgiques des années 88-93, d'autant plus que le groupe tourne (comme il peut en fonction des conditions sanitaires) pour fêter le 30e anniversaire de l'album "mlah", ce qui explique qu'une bonne partie de cet album initial sera jouée aujourd'hui. Le groupe de 7 musiciens (guitare/batterie/accordéon/3 cuivres/percussions) ne va pas vraiment réussir son entrée, avec un voilà l'été que je trouve plutôt mollasson, mais derrière on va sentir l'énergie arriver, même si les versions des morceaux (tous connus par cœur) paraissent souvent très hispanisantes (la guitare de Mellino...) et bien moins punchy que les versions originales. On le sait, après la disparition d'Helno (le chanteur d’origine) le chant a été partagé entre les différents membres du groupe, mais sur scène il est flagrant que cela crée une énorme hétérogénéité entre les morceaux, et on n'est jamais réellement convaincu, y compris lorsque le préposé en fait des tonnes. Et c'est également ce que l'on peut retenir de l'ensemble de la prestation : "more is less", c'est-à-dire qu'on a régulièrement l'impression que le groupe veut que chacun des musiciens soit présent sur chacun des titres, et cette sensation d'empilement d'instruments nuit à certains titres qui gagnent plutôt à rester dans la simplicité. Par ailleurs, le groupe tend aussi à étirer à l'envi certains morceaux, quitte à leur nuire, un bon exemple étant constitué de cette version interminable de zobi la mouche, qui en plus est assez poussive. Mais cela n'est rien par rapport au massacre qu'est cette version de famille heureuse, testostéronée par des instruments électriques à foison (guitare, basse, clavier...) qui lui font perdre toute sa grâce.  Oui, vous lisez bien, c'est trop électrique pour moi, et si je n'avais pas été convaincu il y a 3 ans après un passage éclair devant la prestation du même groupe à la Fête de l'Huma, après ce show intégral je ne le suis pas plus...

 

Pendant que Mr Speaker s'installe sur la petite scène, on se lance à la recherche du repas parfait, ce qui fait que tout en entendant globalement bien le ska proposé par le groupe havrais, on n'y jette pas un seul œil. Et en fait on le regrette un brin, car cela semble très bien fait, efficace, qu'il s'agisse de compos originales ou de reprises, et finalement dans la programmation du jour c'est la petite étincelle qui aura créé un peu de vie et de rock'n'roll, autant dire que je me suis tiré une balle dans le pied en restant assis à manger ma merguez-frites...

 

Car s'il y a vraiment beaucoup de monde devant la grande scène pour la prestation de General Elektriks, il évolue dans un genre disco-funk 70's à tendance électronique qui me laisse totalement froid, voire me glace lorsque l'insupportable voix de crécelle sort des enceintes... Oui c'est un beau spectacle, oui il y a du jeu de scène, mais soniquement je ne supporte pas ces boursouflures qui vont à l'encontre de la simplicité de l'immense majorité des groupes que je vais voir et apprécie... Alors, puisque les We Hate You Please Die ont dû annuler, et ont été remplacés par le groupe Datcha Mandala qui ne réussissent pas à me faire faire l'effort de les tester (le lendemain, on m'en dira le plus grand bien...), je n'ai plus qu'à rentrer me pieuter, décidément les festivals ne sont pas forcément la plus grande réussite musicale pour moi cette année. Heureusement que l'atmosphère est extrêmement sympa, et qu'on en profite pour revoir des amis perdus de vue depuis longtemps, cela permet de se dire qu'on devrait tout de même retenter le festival l'année prochaine, en espérant une ou deux têtes d'affiche qui me conviennent mieux...

 

Quelques jours de repos pendant la canicule, en Normandie/Picardie, et on reprendra les choses sérieuses jeudi avec les Blood Red Shoes à la Maroquinerie.

 
* Correction : après vérification, le premier édile n'a pas crié "Rock'n'roll bordel !", mais simplement "Rock'n'roll !".
Dont acte, on aura peut-être droit au bordel l'an prochain...
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