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l'ayatollah du rock
12 juillet 2022

[Joe Jackson] fabulously absolute

Date : mardi 12 juillet 2022

 

Si le public met le temps pour arriver à la Salle Pleyel en ce mardi soir brûlant (on s'approche de la canicule), les spectateurs vont apprécier les températures clémentes qui règnent dans la salle, et si on n'est pas trop adepte de la clim', il faut avouer que pour le coup cela ne fait pas de mal...

 

C'est une chanteuse seule en scène (pas de musiciens à ses côtés) qui est chargée d'entamer la soirée, et comme souvent dans ce genre de salles Aliashka ne bénéficie même pas d'une demi-heure pour se mettre en avant devant un public que l'on sent pour le moins bienveillant et plutôt appréciateur. De quoi s'agit-il donc ? D'une chanteuse, donc, qui chante sur des musiques (et chœurs) enregistrés, qui font dans la chanson-variété aux sonorités très électroniques, mais qui nous propose avant tout des chorégraphies très étudiées, en solo ou avec le "triple champion du monde de danse électro" (où l'on découvre donc que la danse électro existe en tant que telle), et qui tentent, selon moi en vain, de faire oublier l'absence de backing band. Car si tout cela est bien fait, si la voix de la chanteuse est loin d'être désagréable, j'ai du mal à accrocher, musicalement parlant d'abord, et ensuite à cette longue phase de name dropping des artistes avec qui elle a pu danser ou qui l'ont encouragée à se mettre à la chanson (Beyonce, Madonna, Stromae, Kery James, que des noms qui ne me parlent guère...).  Bref, sans avoir envie de quitter ma place (dernier rang tout en haut de la salle, des jumelles de théâtre auraient pu être utiles), je ne me passionne pas vraiment pour cette première partie...

 

Après un entracte qui a légèrement dépassé les 20 minutes annoncées, les lumières s'éteignent, on entend résonner le sing you sinners de Tony Bennett (le nom de la tournée, et ce titre sera également repris plus tard dans le set), et arrivent tranquillement sur scène un batteur, un bassiste et un guitariste (les trois musiciens du dernier album, dont l'inamovible Graham Maby à la 4 cordes), avant que Joe Jackson ne se pointe et entame avec ses trois comparses une série de 6 titres ininterrompus, qui correspondent à un enchaînement mêlé de trois titres tirés du premier album "look sharp!" (1979)et de trois tirés du dernier en date, le "fool" de 2019. On ne niera pas que cette entrée en matière est extrêmement pêchue, certains spectateurs sembleront avoir été presque choqués par cette intro pour le moins rentre-dedans et efficace, il faut dire que si one more time, sunday papers ou look sharp! sont des habitués des set-lists depuis des années, les petits nouveaux (rappelez-vous que ceux qui avaient raté la dernière date à l'Olympia n'ont pas encore pu entendre les versions live de ces titres) valent également le coup, je retiens particulièrement le fabulously absolute qui est aussi puissant sur scène qu'en studio. Au bout de cette première demi-heure musclée, les trois musiciens quittent la scène, et Joe se met (enfin) à parler, en français quand il le peut (ou plutôt qu'il en a envie), en anglais quand cela devient trop compliqué, et on sait qu'il est capable de manier autant l'humour que la causticité, et va également nous offrir des versions en solo derrière ses claviers de titres qu'il va expliciter (cela sera le cas pendant cette petite demi-heure, mais aussi par la suite lorsque ses musiciens reprendront place à ses côtés), trouvant (ou pas) la traduction en français des thèmes abordés, et se permettant le luxe de nous annoncer que pendant cette tournée il reprend des morceaux d'artistes qu'il aime ou admire, avant de nous préciser que dans le cas présent il déteste le groupe original, avant d'entamer une reprise d'ABBA (on comprend sa détestation !), pour un knowing me, knowing you qui passe le cut du supportable dans la mesure où Joe l'a largement amélioré en le passant dans sa moulinette... On aura en tout cas largement apprécié cette version dépouillée du real men, assez proche de l'originale, et sur laquelle on aura pu constater que la voix du chanteur n'a guère bougé, flirtant parfois avec la fêlure sans jamais se trouver en défaut.

On fait revenir les musiciens pour la suite du set, qui va aller piocher dans divers albums pour nous proposer des choses plus ou moins inattendues (un blaze of glory que j’apprécie particulièrement, un fool de l'album éponyme qui met tout le monde d'accord), avant d'en terminer avec trois titres anciens qui dans des genres différents, du punky i'm the man aux plus classiques is she really going out with him? (gros travail vocal des musiciens pour assurer les chœurs, doublés en décalé par une salle enthousiaste) ou it's different for girls (qui en deux secondes m'aura donné la chair de poule), cette fin créant une éruption d'applaudissements qui ne s'arrêteront que lorsque le groupe reviendra (très rapidement) sur scène.

Car oui, il y a un rappel, et s'il n'est pas composé forcément de surprises, il conclura parfaitement un set qui aura régulièrement frôlé la perfection, et le seul reproche que l'on puisse faire, comme pour les dernières venues est de nous avoir obligés à nous asseoir, dans une salle pas vraiment faite pour le rock'n'roll (debout à la Cigale ou au Bataclan, c'est quand même infiniment mieux qu'assis à l'Olympia ou à Pleyel !). Mais comme on n'a pas eu le choix...

 

Setlist :

  1. Groupe : one more time
  2. big black cloud
  3. sunday papers
  4. dave
  5. look sharp!
  6. fabulously absolute
  7. Joe en solo : solo (so low)
  8. real men
  9. knowing me, knowing you
  10. love at first light
  11. Groupe : the blue time
  12. blaze of glory
  13. fool
  14. sing you sinners
  15. is she really going out with him?
  16. it's different for girls
  17. i'm the man
  18. Rappel : you can't get what you want ('till you know what you want)
  19. steppin' out

 

La suite, c'est dès ce mercredi soir, à la CNT pour le bal antinational.

 
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