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l'ayatollah du rock
16 mars 2022

[Sonic Protest #22] get on your knees

Date : mercredi 16 mars 2022

 

C'est mercredi, la 22ème édition du festival Sonic Protest a débuté hier, et ce soir la Marbrerie de Montreuil ne va pas tarder à afficher complet, avec un public plutôt jeune, plutôt féminin, aux looks divers mais assumés, et une bonne partie d'entre eux arrivera suffisamment tôt pour pouvoir en profiter pour manger sur place...

 

Il est pile 20h30 lorsque les Djs (plutôt intéressants, même si certaines versions - Wire par exemple - peuvent surprendre tant elles semblent cracra) laissent la place à Maria Violenza, une Italienne seule sur scène avec sa guitare et ses machines, et qui débute en douceur avec un instrumental qui pourrait évoquer Young Marble Giants. Mais dès le suivant, le chant qui arrive de manière très incantatoire va plutôt chercher du côté de Diamanda Galas, sur une musique composée de boucles et de sonorités très synthétiques, sans doute trop pour moi, ce qui me laisse souvent de marbre. Au bout d'un quart d'heure, je comprends que je ne m'y ferai définitivement pas, c'est d'autant plus lassant que là où la référence Diamanda Galas peut créer de l'émotion avec un appui musical minimal, Maria Violenza fait dans la répétitivité, mais sans que celle-ci se transforme en transe, ce qui à mon sens rate donc le coche. En sus, elle doit reprendre quasi-intégralement un morceau après avoir perdu toutes ses boucles, ce qui accentue ce sentiment de répétitivité... Au bout de ces 55 minutes, si je sauve l'intro et l'avant-dernier titre, un poil plus à ma convenance, c'est bien le maximum, pour le reste je laisse les spectateurs appréciateurs en profiter sans vraiment réussir à comprendre comment...

 

Il y a presque 3 ans, la prestation de Pest Modern au Gibus m'avait laissé pour le moins froid, je ne suis donc guère rassuré quand Joël Hubaut entame son chant, sous un chapeau à bois de cerf rouges, mais aux fil des minutes je vais totalement adhérer à cette performance (on est au-delà du simple concert), avec des textes poético-surréalistes à tendance parfois enfantine, et des sonorités qui démarrent presque calmement avant de se tendre au long du morceau - car il n'y aura aucune interruption entre le début et la fin de la prestation, impossible donc de se détacher de ce qui nous est offert, sauf à chercher les coins un peu isolés phoniquement. J'apprécie grandement de retrouver des stridences telles qu'elles existent chez les Tétines Noires (l'un des autres projets d'Emmanuel, le fiston guitariste), et les parties de machines s'avèrent elles aussi très intéressantes, sans doute parce que pas ostentatoires - oui, je peux dire du bien de parties musicales exécutées via des machines ! Si le père accepte la pleine exposition, le fils reste souvent dans l'ombre (on parle ici éclairage sur scène), Nicolas le machiniste reste stoïque, et c'est donc essentiellement par la voix et la gestuelle de Joël que s'opère la magie, bien aidée il est vrai par l'enrobage musical, qui agresse l'oreille au sens où elle ne peut pas s'endormir, et la petite cinquantaine de minutes me voit fasciné, au grand dam de mes accompagnateurs, à tel point que je n'en revienne pas de ne pas avoir pris le même plaisir au Gibus. Pour moi, ce soir c'était une merveille, et cela m'aura permis au moins une fois dans ma vie de renverser un a priori négatif !

 

On termine la soirée avec un one-man-band helvète : Reverend Beat-Man débute seul son set, assis avec sa guitare derrière sa batterie, et le blues-punk qu'il nous propose ne manque pas de connexions avec par exemple The Legendary Tigerman. En sus de musiques excitantes, rythmées, qui accompagnent des textes mêlant religion et sexe (les bases du rock'n'roll, non ?), l'échange avec le public est toujours plein de énième degré, en anglais (il ne parle que très peu français, son allemand est trop relevé pour la majeure partie des spectateurs), avec en permanence une mise en avant tellement exagérée qu'on ne peut croire ce qui sort de la bouche du Suisse. Certains titres sont imparables, par exemple jesus christ twist emporte comme à chaque fois tout sur son passage, et s'il nous est offert un morceau plus calme (le Reverend arbore pour l'occasion une belle perruque blonde), l'aspect crooner n'est qu'apparence, on ne mange pas très longtemps de ce pain-la, il faut revenir régulièrement aux bases, qui sont pourtant un poil écornées sur toute la fin du concert, puisqu'un organiste vient épauler le Reverend, mais c'est pour mieux lui permettre de profiter de l'entièreté de la scène, endossant son habit de prêcheur pour finir par un mini-strip-tease... Et ce qu'il ne faut pas oublier, c'est cette voix, on a toujours l'impression qu'il chante en avalant des débris métalliques, mais parfois le chant devient presque normal, donc presque anecdotique, et on revient avec plaisir à cette spécificité, qui forme en sus un instrument supplémentaire au one-man-band... Et si l'intro du concert a été pour le moins longuette (un genre d'hymne, peut-être le Suisse, mais avec des sonorités macabres dedans), il semble qu'au bout des 55 minutes les deux musiciens soient dans le même état d'esprit qu'un public surexcité qui en redemande histoire de pouvoir pogoter encore plus : on a droit à un rappel d'une bonne dizaine de minutes, histoire de nous permettre de rejoindre tranquillement les transports en commun avec l'impression que le groupe a tout donné - et qu'on a tout reçu ! Comme très souvent avec le Festival Sonic Protest, c'était une très belle soirée, dans un beau lieu, avec un beau public, bref c'était sacrément bien !

 

La suite, ce sera peut-être vendredi, avec Paddock & Breakfast au Gambetta, et probablement samedi au Tapis Rouge à Colombes, où les Lofofora viendront pour les 30 ans des Zuluberlus.

 
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