Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
l'ayatollah du rock
11 septembre 2021

[Guerre Froide] facta est lux

Date : samedi 11 septembre 2021

 

Ce samedi, comme habituellement quand on vient à l'International, il s'agit d'arriver avant 20h, histoire de profiter d'une bière en happy hour (mais comment font, financièrement parlant, tous ceux qui passent toute la soirée avec un verre rempli à la main ?). Vu que les concerts vont démarrer tard (sans doute histoire de laisser plus de temps au DJ...), ça laisse l'occasion de discuter un brin, après deux ans d'éloignement pour certains, et également d'observer le public plutôt divers de cette New Wave Party XIII à l'affiche pour le moins variée.

 

Par exemple, la présence sur scène du duo qui entame les festivités (hostilités ?) sur les coups de 21h va très vite me sembler incongrue. En effet, LibaTion (de son petit nom), composé d'un bassiste et d'une claviériste (oui, il y a en plus beaucoup de choses pré-enregistrées en sus), entame son set avec un titre qui semble hésiter entre jazz-rock et free jazz, ce qui est plutôt éloigné du thème de la soirée. Mais très vite, cela va encore empirer, puisqu'on va très vite se retrouver devant un genre de musique de (mauvais) film flirtant avec la (très mauvaise) variété. Outre le chant, régulièrement douloureux, on se rend compte que c'est d'un mauvais goût qui tend au sublime, l'aspect insupportable étant dépassé par le ridicule de la chose. Pourtant, les spectateurs déjà nombreux semblent apprécier ce qui se passe sur scène, puisque la petite demi-heure se voit rallongée d'un titre en rappel, et il me faudra attendre bien longtemps avant de comprendre comment le groupe a pu se retrouver à l'affiche (non, le chapeau de la dame et le veston du monsieur ne doivent pas être les principales raisons, il faut sans doute chercher du côté du bassiste, qui a joué dans un groupe post-punk...). A mon sens, l'une des pires premières parties des concerts auxquels j'ai pu assister depuis bien longtemps, mais comme je dois avoir été le seul à ne pas succomber, peut-être me trompé-je totalement...

 

Changement de style avec le trio qui prend la suite, présenté (comme tout au long de la soirée) par un Gentil Animateur dont on se passerait allègrement : si cela fait presque cinq ans que je n'avais pas vu les Rennais de Dead sur scène, c'est que leur évolution ne me convenait guère (globalement d'un post-punk goth très séduisant vers une électro qui me parle beaucoup moins). Ce soir, l'espace de 20 minutes, le guitariste, le bidouilleur et le chanteur ne ramènent à la découverte initiale du groupe, lorsque j'avais été estomaqué devant ce chant sépulcral, ces guitares incisives et ces sonorités électroniques qui s'avèrent excitantes à souhait. En sus, le chanteur a décidé de jouer les percussionnistes, usant d'une paire de baguettes sur une tige métallique, et cet apport est non négligeable dans le son très appréciable du trio, même sur les deux premiers qui semblent inachevés dans la mesure où on aurait bien apprécié un démarrage plus violent après ce qui ressemble à des intros bien amenées. Malheureusement pour moi, mais au plus grand plaisir du public bien nombreux désormais, le son s'électroïse au fil des minutes, le chant se rapproche de celui de Dave Gahan (je constate, sans critiquer), et si cela danse de plus en plus dans la cave, la fin de ces trois quarts d'heure me laisse bien moins enthousiaste que le début. Bref, une prestation qui n'aura pas forcément donné de regrets sur mon abandon du trio depuis 2016, même si je ne regrette pas de l'avoir revu, ne serait-ce que pour ces cinq ou six premiers morceaux bluffants.

 

On termine la soirée avec des habitués : Guerre Froide est venu de Lille en petit comité (pas de Federico au son, ce qui expliquera sans doute en partie les difficultés à gérer les voix), et a profité de l'année covidienne 2020 pour enregistrer un nouvel album (pas encore mixé, mais qui pourrait tout de même sortir en 2022, avec le nom de Fiat Lux). C'est pourquoi nous aurons droit, au fil de la (très) grosse heure que durera cette prestation, à un bon nombre de nouveaux titres, qu'ils soient totalement inconnus (dont un titre en latin !) ou déjà entendus sur scène en 2019 (ces yeux-là, jeunesse). Quand on observe les spectateurs, là encore très nombreux (la crainte d'une désaffection en raison du pass sanitaire n'est une nouvelle fois pas avérée), on remarque que ni les habitués du groupe ni les auditeurs lambda, présents plus ou moins par hasard, ne font de distinction entre morceaux classiques et nouveautés, preuve que le groupe développe un son hyper pêchu qui fonctionne à tous les coups, avec une guitare que je découvre toujours plus impressionnante concert après concert, une basse qui dans l'ombre permet de tenir les morceaux, adossée à une boîte à rythmes dont le niveau sonore me semble parfait ce soir. Quant aux voix, indépendamment des difficultés à les régler et donc souvent en début de set à comprendre les paroles, on ne peut que remarquer des Clo et Yves se complètent de manière toujours plus fluide, la voix féminine jouant sur des registres très variés qui semblent laisser pantois des spectateurs conquis. On émettra un autre bémol, lié à la configuration des lieux : les vidéos habituellement projetées derrière le groupe tout au long du set sont ce soir quasiment invisibles, parce que la scène est très petite et que le groupe est donc placé directement devant le mur du fond, et aussi parce que la densité de public fait que seuls les premiers rangs peuvent en apercevoir quelques images... On fait avec, on imagine que la prochaine fois (en début d'année 2022 dans un lieu où la scène est bien plus élevée ?) ce désagrément sera de l'histoire ancienne, et on se concentre sur la setlist qui marie donc avec bonheur les époques, le voyeur, les films de garrel ou les fils de cassandre (en rappel loin d'être famélique) côtoyant les historiques demain berlin ou ersatz (avec une danseuse additionnelle sur scène), et même saint-ex semble avoir pris un coup de jeune, ce qui explique sans doute les simili-pogos qui se mettent en place devant la scène. Au final, musiciens comme spectateurs auront été amplement comblés, en dépit de la qualité acoustique toujours incertaine ici, et si je ne m'éterniserai pas sur place après les concerts (les DJ ne m'intéressent pas, le dancefloor n'est pas mon ami, et les tarifs des bars me sont prohibitifs), je ne regrette assurément pas d'être venu jusqu'à l'International ce soir, ça fait du bien de reprendre une vraie vie, pleine de bruit et sans fureur !

 

La suite, ce sera ce mercredi, au Point FMR avec It It Anita, avant une soirée Born Bad avec Frustration samedi prochain au Parc Floral de Vincennes.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
l'ayatollah du rock
Publicité
Archives
Pages
Derniers commentaires
Newsletter
17 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 92 207
Publicité