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l'ayatollah du rock
7 décembre 2020

[les Tétines Noires] Anthomologies

Il ne fallait pas mois de deux labels (Infrastition et Manic Depression) pour s'occuper de la réédition (largement augmentée, on le verra) des trois albums des Tétines Noires, qui avaient déjà revu le jour en 2004 sur un double CD, mais dont le livret riquiqui ne permettait pas de profiter de visuels intéressants, alors que le groupe a toujours mêlé sans exclusive musique et image.


Pour le coup, si ceux qui vont découvrir les Tétines Noires vont être gâtés (un son impeccable, y compris sur les raretés, et de nombreux visuels sur un booklet de 36 pages), les fans de plus longue date ne devraient eux non plus guère hésiter avant de vider leur porte-monnaie (le rapport qualité-prix est largement positif !), tant l'objet semble indispensable, surtout en ces temps incertains où les dates des prochains concerts reculent semaine après semaine...

Au programme musical, 4 CDs remplis jusqu'à la gueule (presque 80 minutes à chaque fois !), avec des inédits à la pelle, et ceux-ci ne sont d'ailleurs pas forcément repoussés en bout de disque, puisque dès le premier CD "Botanus + Fauvisme et pense-bête", on a droit à des titres remontant à 1982 (l'album "Fauvisme et pense-bête" ne sera enregistré qu'en 1990). Sur ces morceaux historiques, sur lesquels on gage qu'Emmanuel Hubaut (Le Comte d'Eldorado, à l'époque) et ses acolytes n'avaient guère de poil aux pattes, on trouve à la fois des accointances variées (avec les Virgin Prunes, évidemment, comme sur okongo, mais aussi New Model Army sur maronium ou an immortal verse), avec déjà un goût prononcé pour associer sur un même titre parties douces et envolées bien plus énergiques (emil sinclair), ou encore des versions initiales de morceaux amenés à devenir des classiques du groupe (crazy horse ou streap teac). Les musiciens travaillent ici sur tout ce qui sera développé et abouti un peu plus tard, ce mélange batcave/punk teinté de cold à l'occasion, mais dans tous les cas toujours expérimental. Le tout accompagné d'une théâtralité volontaire qui ne laisse personne indifférent (positivement ou négativement, car certains ne supportent pas le groupe), et on ne parle même pas de la version live des choses... Chaque prestation est spectaculaire, dans le sens premier du terme, et c'est également l'intérêt de cette anthologie qui ne laisse pas de côté les aspects visuels (Le Comte d'Eldorado n'est pas le fils de Joël Hubaut pour rien...), en s'appuyant également sur Internet pour récupérer d'autres photos que celles sur le booklet, par exemple.

 

 

Anthomologies Box Packshot- Front

 

On ne s'étendra pas sur les trois albums originaux, parus entre 1990 et 1995, et sur l'évolution du groupe, qui sera évidente sur "12 Têtes Mortes" puisque ce dernier album présagera bien de LTNO, la "suite" du groupe.

Sur le second CD de l'Anthomologie, baptisé "Brouettes + Botanus", on retrouve l'album "Brouettessouvent en version moins électro" en intégralité, suivi d'une floppée de démos de titres qui apparaîtront pour certains (d'autres resteront à l'état de démo), sur le troisième album, souvent en version plus électro. Pour les amateurs, c'est un moyen de voir comment un groupe peut partir d'une base (solide, déjà) pour aboutir à quelque chose de plus (teo tertem) ou moins (washing head) différent de l'idée initiale. Là encore, on n'est pas floués, chaque morceau vaut le coup d'oreille, et cette façon d'avancer chronologiquement apparaît finalement comme un vrai contrepied, pour un groupe qui ne s'est jamais contenté de rester dans d'improbables clous...

Pour être franc, si j'apprécie toujours l'écoute de la partie album du troisième CD "12 Têtes Mortes + Botanus", je suis bien moins transporté par les bonus, qui consistent ici en remixes de titres de l'album, un jeu qui ne m'enthousiasme quasiment jamais en général, et qui, à mon sens, n'apporte rien à cette Anthomologie. Cependant, dans le contexte d'un groupe qui penchait à l'époque de plus en plus vers l'électroclash, on peut prendre ces remixes comme des traces historiques, même si on ne se les inflige pas forcément tous les jours.

Mais, soyons honnêtes, si les antiquités et les démos ont de l'intérêt (et même beaucoup), c'est bien le quatrième et dernier CD qui enfonce le clou, puisque ce "Luley By - Rare live recordings" est constitué d'un inaugural titre hommage, suivi d'une tripotée d'enregistrements captés live entre 1987 à 1997, et qui prouvent à quel point le groupe pouvait être impressionnant sur scène. On retrouve ici des versions impeccables (on est loin du son du bootleg enregistré depuis les toilettes de la salle de concert !) de classiques tels que o'dogo, crazy horses, freaks ou petite brouette sans allumette, des morceaux qui n'ont pas pris beaucoup de rides, ainsi qu'on a pu le constater lors de la reformation du groupe fin 2018, avec ses membres originaux. Et ce qui n'était au départ qu'une tournée d'accompagnement de la sortie de ce copieux coffret, s'est transformé en renaissance d'un groupe incontournable, qui pourrait perdurer et se remettre à composer - si les multiples activités d'Emmanuel lui laissent le temps et la volonté de s'y consacrer...



Bref, il n'y a pas à hésiter : pour les tenants du "c'était mieux avant", cette rétrospective est une évidence, et pour ceux qui vivent dans le présent, cette rétrospective montre que le groupe n'a rien perdu de sa pertinence, musicale comme artistique, donc dans tous les cas vous savez qu'il n'y a plus qu'à vous y plonger !




http://www.anthomologies.org/

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