[We Hate You Please Die] melancholic days

Date : jeudi 1er octobre 2020

C'est la première fois que je mets les pieds à la Seine Musicale, découvrant ainsi en ce jeudi soir l'immense œuf (de Fabergé ?) qui ne laisse guère de place au souvenir des usines Renault sur cette Île Seguin. Et lorsqu'on entre dans le lieu culturel, c'est un sentiment de déshumanisation qui nous emplit, on a l'impression d'être dans "Buffet froid", avec d'immenses couloirs très échoïsants, et des indications pour le moins succinctes...

C'est dans le cadre du festival Chorus qu'on a pris le tram pour arriver jusque là ce soir, mais il y a 6 groupes au programme, et comme l'éclectisme musical n'est pas de mise pour moi en milieu de semaine, nous avons suffisamment bien calculé notre coup pour arriver juste avant le concert du seul groupe qui nous intéresse ce soir... C'est dans l'auditorium Patrick Devedjian (oui, l'ancien d'Occident !), que l'on va assister à la prestation des rouennais We Hate You Please Die, preuve qu'on peut associer avec bonheur un nom de groupe et un nom de salle, le quatuor nous expliquant rapidement que c'est bien la première fois qu'il donne un concert devant un public assis. Assis et clairsemé, ajouterai-je, puisque les spectateurs vont et viennent entre les prestations, et que seul un siège sur deux est occupé, les autres bénéficiant de panneaux blancs que le groupe verra bien mieux que les figures des spectateurs. Le groupe démarre à 21h pétantes (on n'est pas dans un squat ici, on respecte les horaires à la seconde près !), avec un rita baston un peu abîmé par un son qui prend le temps de s'optimiser, le groupe n'a pas forcément beaucoup de retours non plus, mais assez rapidement cela s'améliore et dès coca collapse, on retrouve ce qu'on a l’habitude d'entendre sur scène de la part de Raphaël et ses acolytes. Le chanteur, guitariste à l'occasion, profite de ce titre pour rappeler que les Rouennais supportent le masque depuis un an, Lubrizol oblige, et indiquera malicieusement un peu plus tard que c'est sa première pandémie, à lui aussi, et que si l'on ne peut se trémousser que sur son siège (les musiciens sont également limités dans leurs déplacements, et ne doivent pas approcher du rebord de scène...), il faut "faire la teuf mentalement". On ne s'en prive donc pas, avec l'enchaînement kill your buddy / minimal function, et si tous ces titres sont désormais connus et ingérés depuis pas mal de temps (et de prestations live), on continue à découvrir des finesses au sein de ces morceaux, des variations de rythmes, des jeux de basse ou de guitare, et si certains évoquent les Cramps (entre autres) au sujet des WHYPD, Raphaël et son investissement scénique n'y sont évidemment pas pour rien. Car si le terme générique "punk" colle au jeune groupe, il englobe bien des influences diverses, qui ressortent ici ou là (le magnifique melancholic rain), puisque les membres ne se limitent guère dans leur expression. Alors bien sûr on est déçus lorsque la prestation prend fin à 21h30 (pétantes, bien sûr), sur un classique et toujours efficace we hate you please die, mais on se console un peu en se disant que l'argent du prix Chorus va aider le groupe à enregistrer son deuxième album, ce qui permettra de le voir de nouveau, sur scène on l'espère et aussi dans les locaux de Konstroy - rendez-vous est pris, au printemps 2021 normalement ! Par la suite, on discute un brin avec Raphaël, avant de quitter les lieux, refroidis par une obligation de boire assis sur la terrasse en plein air - même s'il n'y a pas assez de sièges, et même sans boissons à la main ! Bref, on a découvert un lieu, mais il n'est pas évident qu'on y remette les pieds de sitôt...

Quant à la suite des concerts, l'incertitude est évidemment de mise, puisque les dates s'annulent les unes après les autres. Sauf report, mon prochain billet indique Swans, le 7 mars 2021... J'espère bien avoir de bonnes surprises avant cette date !