[HININ] Hors jeu

14 janvier 2020

Date : mardi 14 janvier 2020

Si le premier EP "Noyés" du duo tulliste nous avait estomaqué il y a deux ans, le premier album "Hors jeu" de HININ, enregistré sur une année, est loin de décevoir, creusant plus profond encore un sillon post-punk d'une sombreur qui colle décidément sacrément bien à l'air du temps.

Si la pochette du EP jouait sur la combinaison du rouge, du jaune et du noir, pour cet album le même dessinateur (Pierre Bouchet) a opté pour le jaune, le bleu et le noir, évoquant tant les policiers que les bandits et/ou anarchistes du début du XXe siècle, et pour le coup on se rapprocherait plus de Tardi que du Serge Clerc du EP...

Le duo guitare/batterie (les deux comparses se partagent les voix) s'est rodé sur les routes, on a pu constater que le live n'est pas l'ennemi du groupe, bien au contraire, et si trois des quatre titres de "Noyés" réapparaissent ici, on constate qu'ils ont été réenregistrés, et qu'ils ont évolué de manière à prendre plus d'ampleur encore, cette deuxième vie de concrête ou terrain vague ne pourra que ravir ceux qui s'étaient déjà attachés à leurs versions d'origine. Si les textes sont scandés de telle manière qu'on ne les appréhende pas immédiatement, on remarquera qu'ils sont fournis avec l'album, ce qui permet de confirmer qu'ils sont travaillés, loin du premier degré, et conservent même parfois un certain degré d'interprétation possible... Post-punk, oï (les chœurs sont omniprésents), coldwave, on comprend que le groupe retrouve ici des accointances déjà décelées avec Litovsk, par exemple, autant dire que le mélange entre l'aspect pêchu et rentre-dedans et la gravité de la basse (tu lis dans mes pensées) peuvent également nous ramener du bon côté des 80's, et l'accélération subite que l'on n'attendait pas dans aller loin puise sans doute sa source dans ces références-là aussi. Mais n'allez pas croire que tous les titres de cet album se ressemblent, récidive possède un son que l'on ne retrouve guère sur les autres morceaux, et les rythmes sont également très variés, sans abuser de la rupture, ce qui n'est pas forcément évident dans cette configuration guitare-batterie. Paradoxalement, les titres sont bien distincts les uns des autres, mais une écoute aléatoire des morceaux, sans suivre l'ordre de l'album, ne gâchera pas le plaisir, preuve que chacun des morceaux possède une force propre qui n'est pas nécessairement liée à l'ambiance générale de ce "Hors jeu".

En 35 minutes et dix titres, HININ ajoute une deuxième pierre à son grand œuvre, qui s'inscrit dans la lignée des groupes intéressants du genre en France. On se demande désormais ce qui manque au duo pour éclater à la face du public rock éclairé de notre pays : il y a de la consistance dans les musiques comme dans les paroles, on sait que le groupe est accessible, alors jetez-vous sur cet album, et allez vérifier en live tout le bien que vous pourrez penser à son écoute !