[Dear Deer] disco dis-cordes
Date : mardi 5 novembre 2019
On débute la cinquantaine en ce mardi soir, à l'International, où il y aura plutôt du monde (une cinquantaine de spectateurs, en semaine, c'est plus que correct), et il ne faut pas traîner, puisqu'à 20h20 la première partie entame son set - les horaires sont serrés, il doit y avoir un DJ set derrière...
C'est un groupe tout neuf composé d'anciens qui se présente devant nous : Men in Disorder, trio à deux guitares et une basse (il y a évidemment de la boîte à rythmes) est composé aux deux-tiers d'anciens Close Cover, un groupe des années 80 dont je dois avouer n'avoir jamais entendu parler. Mais après le concert de ce soir, qui incorporait deux reprises de Close Cover, et au vu des 3/4 h de set, cela semble valoir le coup de se renseigner, tant on n'a pas le sentiment d'avoir perdu notre temps devant la scène. En effet, après un premier titre qui aurait pu faire croire que le groupe marche un poil sur les brisées de Marc Seberg, on comprend très vite le pourquoi d'une référence aux Chameleons (c'est évident, à l'écoute), sans avoir non plus l'impression d'une pâle copie. Déjà, la boîte à rythmes sait se faire oublier la plupart du temps, ce qui n'est pas toujours gagné d'avance, et si on regrette parfois que la voix soit trop souvent réverbérée, c'est du détail, car on prend plaisir à se dire que cela ressemble ici aux Cure, là aux Sisters, les références se succèdent et se mélangent sans nuire à la qualité des compositions du groupe, et on apprécie particulièrement le mélange de la guitare cristalline (d'un musicien aperçu chez Wallenberg) et de celle plus classique du chanteur, et au final on n'a jamais besoin de regarder sa montre, le temps s'écoule sans qu'on le voie passer, et lorsque les lumières se rallument on regrette, comme une partie des spectateurs, que le groupe ne puisse avoir droit à son rappel - on vous avait dit que le timing était serré ! Une très bonne découverte, à suivre à l'occasion...
Le public a à peine le temps de se désaltérer que le duo Dear Deer entame son set, comme d'habitude Federico (guitare, machines, chant) s'est pailletté la tête, tandis que Sabatel (basse, chant) arbore sa robe fétiche, et cela démarre fort, avec un nadia comaneci qui rappelle aux spectateurs que le post-punk électro du groupe ne doit être manqué sous aucun prétexte. Les deux musiciens sont à l'aise, l'ambiance est au top, et dès la fin de ce premier morceau c'est la technique qui fait des siennes, le micro de Federico refuse de fonctionner, et il faut quelques minutes avant de pouvoir reprendre le set, pendant lesquelles Sabatel tente de maintenir l'attention à coups de petites blagues... Heureusement, on finit par retrouver la voix, et c'est reparti de plus belle, avec une majorité de titres issus du dernier album en date "chew chew", même si claudine in berlin ou clinical/physical remontent un peu plus loin dans le temps. Mon favori jog chat work & gula gula est évidemment de sortie, et on comprend que la majeure partie des spectateurs maîtrise déjà la discographie du duo, cela danse devant la scène, et il est vrai qu'il est difficile de rester insensible à ce mélange de sons électroniques et de guitares bien acérées, et comme en sus la conjonction des deux voix fonctionne également à plein, il serait malvenu de faire la fine bouche alors qu'on prend un immense plaisir à entendre ces morceaux, ce soir la partie polonaise du set échoit à stracila, et le minimaliste ozozooz fait son petit effet, comme toujours. Le deuxième incident technique intervient à la fin de clinical/physical, quand Federico doit changer de guitare (une chance, il en a une de rechange !) pour cause de corde cassée, mais les ennuis ne sont pas terminés, puisqu'il ne faut qu'un titre pour casser une nouvelle corde, alors la finale thanatomorphosis est exécutée avec 5 cordes seulement, on s'en tire bien, ces cassages auraient pu survenir bien plus tôt dans le set... Comme toujours, et en dépit des bâtons dans les roues successifs, le groupe aura encore montré tout son savoir-faire, tout en restant ouvert et en réagissant aux remarques du public : concentration et humour ne sont pas incompatibles, et ces 3/4 d'heure auront magnifiquement complété cette soirée, qui était déjà partie sur de très bonnes bases.
Set-list :
- nadia comaneci
- claudine in berlin
- deadline
- jog chat work & gula gula
- dog flight
- stracila
- ozozooz
- clinical/physical
- disco dischord
- thanatomorphosis
La tête d'affiche de la soirée, le duo canadien Traitrs, est présentée comme du post-punk aux influences gothiques évidentes. A l'écoute des premiers morceaux, je comprends la notion d'influence goth (on entend de temps en temps du Cure ou du Sisters), en revanche je n'accroche absolument pas à la voix et à la façon de chanter du guitariste, qui m'évoquent plus la new-wave des garçons coiffeurs qu'autre chose. Étant donné que le clavier ne peut guère contrebalancer (selon mes goûts) ces difficultés, je tiens trois ou quatre morceaux avant de m'éclipser tranquillement, la soirée avait déjà été réussie avec les deux premières parties, on ne se plaindra pas trop du dernier groupe donc.
La suite, ce sera dès ce mercredi soir, au Nouveau Casino, avec The Murder Capital.