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l'ayatollah du rock
5 juin 2019

[Shellac] killers

Date : mercredi 5 juin 2019

 

La Maroquinerie affiche complet depuis bien longtemps pour le concert prévu ce mercredi soir, on a vu des fans en pleurs se lamenter sur les réseaux sociaux, pour notre part si on arrive avec de l'eau sur le visage c'est surtout parce que le déluge n'est pas encore terminé, mais une fois au sec on arbore un sourire éclatant - même si la salle sonne encore le creux.

 

Pour faire descendre les spectateurs qui se sont d'abord approchés du bar à l'étage, les organisateurs ont misé sur un trio lyonnais : Décibelles est composé d'une batteuse et d'une guitariste, qui se partagent les voix, tandis que le bassiste n'utilisera son micro que sur un seul titre, en fin de set... Le groupe s'affiche pratiquant d'une "pop noisy et énervée", et la déflagration qui entame le set ne fait rien pour mettre à mal cette définition, assez rapidement ce sont les regrettés Candie Prune qui me viennent à l'esprit, on a connu pire comme comparaison, et lorsque la batteuse se met à donner de la voix, c'est France Cartigny qui effectue une résurgence dans nos souvenirs, et assez rapidement on comprend le principe de "pop noisy" : dans chaque morceau, il y a du rock bien excité, avec quelques déviations vers une pop langoureuse pouvant évoquer les tropiques, et si cela est plus enthousiasmant en début de set, on finit par avoir l'impression que la structure des morceaux est quasiment toujours la même, et on y perd un peu d'attrait au passage. Côté chant, les voix des deux donzelles sont suffisamment aiguës pour déranger certaines oreilles pas forcément si chastes, et on regrette également de ne comprendre les paroles que par bribes. Dans le public, des voix incitent à comparer le groupe avec les très helvétiques Kleenex/Liliput, pour ma part au bout de ces trois gros quarts d'heure j'en suis surtout à me dire que, sans être désagréable, ce concert se termine sans me laisser grand chose en guise de souvenir marquant...

 

Rassurez-vous, je ne suis pas venu ici simplement pour tester une première partie, mais essentiellement pour (re)voir Shellac sur scène, les deux prestations du trio chicagoan au Bataclan en 2007 et 2012 m'ayant suffisamment estomaqué pour ne pas hésiter à braver les éléments ce soir. Qu'on ne s'y trompe pas : depuis toutes ces années, je n'ai pas jeté une seule oreille sur la discographie du groupe, qui d'ailleurs n'accorde qu'un intérêt relatif  à une production discographique dont il ne maîtrise pas grand chose (on aura d'ailleurs une réponse claire à la question "quand sortira le nouvel album ?" : "on n'en sait rien, et on s'en fout un peu" - je brode un brin la réponse, mais le sens y est). C'est donc avec quasiment une virginité auditive que je suis là ce soir, et d'entrée de jeu je comprends que je ne me suis pas trompé, le trio guitare-basse-batterie sait y faire pour à la fois évoquer de sacrément belles choses (NoMeansNo est toujours une évidence pour moi) et pour aller au-delà ou en deçà de là où on l'attend, capable d'étirer un titre à l'envi ou de nous offrir des morceaux assez courts. Pendant la première moitié du set, le groupe joue quasiment sans parler, seul le bassiste pose quelques questions loufoques, mais dans la deuxième partie Steve Albini (oui, le producteur renommé est le guitariste du trio) va se révéler prolixe, voire bavard, avec des envolées plus ou moins intéressantes (la démonstration de la nécessité de tous s'aimer est carrément lourdingue) qui cassent nettement le rythme du set. On a droit à de nouveaux morceaux, encore inédits donc, qui ne changent guère la formule sans archétype du groupe, le fait est que l'esbroufe ne fait nullement partie des artifices utilisés, ici on va droit au but, on ne se la pète pas, et si le batteur au faciès à mi-chemin entre Peter Murphy et Freddie Mercury n'utilisera la cymbale placée au-dessus de sa tête qu'à un unique moment, cette simple présence aura créé une attention supplémentaire à peu de frais. Au bout de ces petites 70 minutes, le groupe invite les spectateurs à venir les rejoindre au merch', il n'y aura pas de rappel, et si je ne compte toujours pas forcément me pencher sur sa discographie, je serai toujours attentif à sa prochaine venue à Paris - ce trio est un sacré phénomène sur scène !

 

La suite, ce sera dès ce vendredi soir, avec le festival This Is My Fest au Gibus.

 
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