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l'ayatollah du rock
27 mai 2019

[Amyl and the Sniffers] got me

Date : lundi 27 mai 2019

 

Si les préventes ont rapidement cessé pour le concert de ce lundi soir à la Boule Noire, cela ne signifie pas forcément que cela va afficher complet - il y a des places en vente au guichet -, d'ailleurs la salle est loin de sembler à demi-pleine lorsque la première partie entame son set...

 

C'est un trio qui entame les hostilités, et pour une fois ce terme n'est pas forcément galvaudé : Officine œuvre globalement dans la noise, comme la plupart des groupes sur le label Afterhours Eden Prostitute, mais on sent très vite, à entendre le chant entre cri et crust (avec une réverb permanente) de la guitariste qu'on est loin de ce qu'on peut attendre d'une noise "classique", car si la rythmique est presque audible à l'auditeur lambda, l'ensemble est relativement difficile à appréhender. Les morceaux ne sont pas forcément très longs, et on a parfois l'impression de reconnaître quelques paroles (par exemple, le deuxième titre de la set-list pourrait être une reprise, mais on ne saurait le garantir), tout en notant que la plupart du temps on ne comprend que quelques bribes de mots... Pendant 30 minutes, les spectateurs (je parle ici des non-initiés) se regardent avec des expressions interrogatives voire inquiètes, et ce n'est pas l'utilisation d'une batterie électronique qui arrange forcément les choses, en tout cas le résultat n'en est que plus bizarre encore. Bref, une première partie pour le moins originale, qui ne laisse pas indifférent, mais dont je ne suis pas sûr qu'elle ait fait beaucoup d'adeptes - pour ma part certains instants m'ont plu, mais l'ensemble m'est globalement passé à côté...

 

On avait vu et apprécié Amyl and the Sniffers il y a quelques mois à peine au Supersonic, ce soir le quatuor australien (un trio masculin guitare-basse-batterie derrière une chanteuse à l’énergie dévastatrice) revient à Paris après des mois de tournée dans le monde entier, avec une réputation grandissante et un album sous le bras - même s'il n'est pas présent au merch' ce soir, vous pouvez le trouver chez Born Bad, par exemple. Si les musiciens ont conservé leur coupe de cheveux de type mullet (on espère que la mode ne va pas reprendre...), Amyl a abandonné sa tenue toute blanche pour un ensemble mini-short-haut échancré genre cuir clouté, mais on ne va guère avoir le temps de s'éterniser sur la tenue vestimentaire de la donzelle, puisque dès l'initial gfy ("go fuck yourself", pour la traduction), on comprend que le groupe n'a pas changé son fusil d'épaule, le punk énergique qui lorgne vers Sham 69 (par exemple, mais sans exclusive) quelque peu teinté de sonorités australiennes (qui a parlé d'ACDC ?) est toujours omniprésent, et la pile électrique qu'est la chanteuse ne s'est pas calmée depuis septembre dernier. Bien sûr, le nouvel album éponyme va se tailler la part du lion dans la set-list (gacked in anger, got you, control, ...), mais on reconnaîtra quelques titres plus anciens, dont un i'm not a loser qui conserve une fraicheur et une pugnacité impeccables. Amyl passera une partie de son temps dans des attitudes (ironiques) de boxeuse (elle a un format super plume), ça évoque les Cockney Rejects à certains bien sûr, et si elle n'hésitera pas à se jeter sur la foule, elle passera également du temps dans toutes les positions, debout, assise, à genoux, accroupie, devant, derrière, elle occupe la scène à elle seule, et on se surprend à effectuer des comparaisons de sa voix avec ici une Kathleen Hannah (période Bikini Kill), là une Poly Styrene (X-Ray Spex), même si le chant est plus parlé-crié-asséné que vocalisé, et même entre les titres son débit est impressionnant, et pas toujours facile à suivre. Alors que le groupe a enchaîné les trois premiers titres sans la moindre pause, la suite du concert offrira un peu plus de possibilités de souffler aux musiciens, mais n'allez pas croire qu'en dehors d'une gorgée de bière ils aient le temps de refaire leurs lacets : le concert se déroule à 200 km/h, et si le trio de musiciens est relativement statique, c'est qu'il a un espace sonique à remplir ! Il faut également dire que le son dans la salle est quasi parfait, c'est fort, puissant mais pas saturé, et on ne s'étonne ainsi pas de comparer l'intro de monsoon rock à certaines ouvertures des Stooges, par exemple. Après un shake ya enthousiasmant, le groupe clôt sa prestation par un some mutts (can't be muzzled) qui offre une dernière occasion au guitariste de ne pas faire de solo interminable, on va toujours droit au but ou presque, et si le set n'a pas atteint les 3/4 d'heure, et que le groupe ne fera pas mine de nous offrir le moindre rappel, pas grand monde ne s'en plaindra, tant l'énergie déployée aura été constamment impressionnante, et tant on peut avoir le sentiment d'avoir vu devant nous un concentré hallucinant de ce qui peut être enthousiasmant sur scène. Les absents ont eu tort, une fois de plus, et il ne reste qu'à espérer que le groupe ne se perdra pas en route en abandonnant cette fraîcheur et cette juvénilité qui font qu'on ressort de là presque optimiste... Vous l'aurez compris, vous n'aurez plus d'excuse si vous les ratez la prochaine fois qu'ils reviendront chez nous !


La suite, ce sera ce jeudi soir, à la Maroquinerie, avec une grosse affiche puisque les Washington Dead Cats invitent Rikkha et les Lords of Altamont.

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