Date : samedi 6 avril 2019

 

C'est samedi soir, la Maro affiche complet, et si je n'y ai pas mis les pieds du tout en 2018 (pas de boycott, juste une question de programmation), cela me permet de découvrir qu'un jukebox a été installé dans la partie resto, et que le bar au niveau de la salle de concert a changé de sens...

 

Ça affiche complet, mas à l'heure où le quatuor originaire de Montbéliard The Rebel Assholes arrive sur scène, on se compte quasiment sur les doigts des deux mains (voire un pied de plus), les spectateurs vont tranquillement arriver, cela ne va pas empêche le groupe de dérouler, 35 minutes durant (ennuis techniques compris), un punk-rock qui lorgne parfois vers le punk à roulettes mais de manière suffisamment intelligente pour s'en éloigner aussitôt qu'il s'en rapproche trop. Certains citeront les Burning Heads (le groupe lui-même le revendique, et le dernier titre du set sera d'ailleurs une reprise des Orléanais), je ne suis globalement pas opposé à cette comparaison, même si les BH varient bien plus les genres. Après plus de quinze ans de carrière, le groupe reste très énergique, super efficace, et on comprend qu'une partie du public semble vraiment addict, cependant au bout de cette prestation je m'aperçois que je ne suis sans doute pas loin de l'avoir déjà quasiment oubliée... Sympa, mais je n'ai pas le sentiment d'avoir vu un groupe qui vous marque durablement, donc.

 

À vrai dire, cela ne me dérange pas forcément plus que cela, puisque c'est pour la suite que j'ai traversé une marée jaune à la Défense pour venir ici : LANE avait été particulièrement efficace à la Boule Noire en novembre, alors même qu'on ne connaissait que 4 titres du quintet angevin, ce soir on s'attend à encore plus d'ambiance puisque les spectateurs connaissent désormais probablement tous les morceaux de l'album "a shiny day"... On connaît l'histoire : Daria et Thugs se connaissent de longue date, les fratries s'apprécient et finissent par se mélanger, insérant un neveu aux deux duos de frères (Sourice et Belin), et si la voix ne manque pas d'évoquer les Thugs, le son n'est pas exactement le même, c'est sans doute un peu plus mélodique que le mur du son que pouvait ériger la famille Sourice & Co. Après une intro instrumentale laissant le temps aux musiciens d'arriver sur scène, on est mis immédiatement dans le bain puisque c'est stand qui entame le set, tout comme il démarre l'album, et comme ce n'est pas le morceau le plus calme qui soit, le public peut réagir immédiatement avec une belle ferveur. À propos du public, on est presque surpris de ne pas voir une Maro qui déborde, on est loin d'être compressés, mais on comprendra mieux un peu plus tard dans la soirée : le dernier groupe a rameuté également beaucoup de monde sur son nom, cela permet donc d'éviter la cohue, et comme il ne pleut pas la terrasse sera donc utilisée à plein par les supporters de l'un ou l'autre groupe... En ce qui concerne LANE (acronyme de Love And Noise Experiment), on retrouve ce qu'on a apprécié à la Boule Noire, c'est-à-dire que les morceaux s'enchaînent, par séquences de 2, 3 ou 4, ils sont souvent assez courts - et se terminent même parfois de manière un poil abrupte. Les musiciens (3 guitares, basse, batterie) sont - à l'exception du batteur - alignés en devant de scène, et si on sent que le set est bien carré, l'impression de force laissée par le quatuor de devant est impressionnante, sans pour autant rouler des mécaniques, on n'est pas ici pour rigoler, ce qui est en parfait accord avec les paroles d'un groupe qui demeure en colère - "comment ne pas être en colère actuellement ?" nous aura confié Eric avant le concert... L'album et le EP qui l'a précédé sont à l'affiche de la soirée, mais également quelques tout nouveaux titres, puisque le groupe est déjà dans l'optique d'un second album, et ces nouveautés, même parfois encore sans nom, s'avèrent pleinement dans la lignée des autres titres. Quand le morceau s'étire (down the river), ce n'est pas pour faire étalage d'une technique ostentatoire, mais bien parce que cela a un sens, et là la pression a le temps de monter, ce qui n'échappe pas au public que l'on sent encore plus présent qu'en novembre, ce qui n'est pas peu dire. À l'époque, on avait eu droit à 50 minutes bien denses, ce soir c'est l'heure complète qui nous est offerte, y compris au sein du rappel la reprise du requiem de Killing Joke, bien appropriée, et le groupe peut quitter la scène comme il a mené son set, sans esbroufe, avec efficacité et modestie, et on se dit que le retour du quintet dans deux mois au Gibus (festival This Is My Fest) pourrait être l'opportunité d'en reprendre une bonne dose !

 

On ne s'éternisera pas sur la performance du trio basque Berri Txarrak, étant donné qu'on n'aura guère résisté plus de trois morceaux devant le rock grand public (certains iront jusqu'à "variété", d'autres compareront à Muse, autant dire que je suis presque mesuré et gentil en parlant de "grand public"...) qui enthousiasme pourtant la colonie hispanique qui a succédé aux adeptes de LANE. Quelque part, cela confirme le mal que j'ai souvent eu avec les groupes basques (par exemple, j'avais acheté quelques albums de Negu Gorriak ou Kortatu, dont j'ai fini par me débarrasser sans que cela me manque le moins du monde). Bref, on s'en fiche, on remonte faire un petit débrief (positif, évidemment) du groupe précédent, et on repart serein, après une prestation conforme, voire encore meilleure, à ce que l'on attendait de LANE !

 

La suite, c'est ce lundi soir, à la Cigale, avec le retour des Specials - ou ce qu'il en reste...