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l'ayatollah du rock
7 juillet 2018

[La Ferme Electrique #9] jour 2

Date : samedi 7 juillet 2018

 

Qu'on ne se mente pas, généralement le second jour du festival La Ferme Électrique est plus difficile, la fatigue du premier jour et de la courte nuit qui a suivi rendant la probabilité de zombification des festivaliers assez importante. Résultat, en sus des petits pièges posés par la RATP pour nous empêcher de rallier sereinement Tournan-en-Brie, on est prêt à sacrifier le premier groupe de la journée, et on prévoit malheureusement également de ne pas forcément s'éterniser là le soir - deux fois 4h du matin, cela ne serait plus raisonnable, à nos âges avancés...

 

De fait, en dépit des précautions prises, cette deuxième journée n'a pas encore démarré lorsqu'on arrive sur le site, la programmation semble avoir pris une bonne demi-heure dans la vue, ce qui fait qu'on entend quelques bribes de la prestation de Pyjamarama, mais de trop loin pour en parler intelligemment (le voyage a été épuisant, et il faut se désaltérer).

En revanche, on avait bien coché l'horaire de la prestation dans l’Étable de Lèche-moi, et la découverte de ce duo mixte s'apparente pour beaucoup à une révélation. Un guitariste qui ne dédaigne pas le banjo un poil trafiqué, une claviériste sculpturale, les deux se partageant le chant, en mode susurré ou bien plus percutant, dans la forme comme dans les paroles, on a déjà un premier uppercut visuel. Et quand on se rend compte que les premiers titres nous ramènent dans l'Australie du début des 80's, avec ses références à Nick Cave sous toutes ses incarnations, ce qui sera confirmé par la reprise du jennifer's veil de Birthday Party, le chant féminin s'apparentant pour le coup pas mal à ce que pouvait faire un peu plus tard une Anita Lane, si l'on tient à garder la même connexion. Si le chanteur a une voix plutôt basse et profonde, qui prend des accents inquiétants à l'occasion (et pas uniquement lorsqu'il se rapproche des spectateurs hyper attentifs), celle de sa compagne peut prendre différentes teintes, et ceux qui se gaussaient d'avance d'entendre un couple aux talents limités en sont pour leurs frais : chacun des deux membres apporte sa pierre (son diamant, même !) à l'édifice, et comme on s'aperçoit que scéniquement également tout semble très bien pensé, le set hypnotise l'ensemble des spectateurs. Puis, comme si de rien n'était, les morceaux évoluent vers une genre d'électro/post-punk plus rythmé, mais qui ne perd pas de sa force, y compris lorsque les deux échangent leurs rôles aux niveau des instruments. Cerise sur le gâteau, à la fin du set d'une grosse quarantaine de minutes, le couple quitte la scène, sans un mot, laissant le public médusé, mais cela fait partie du show, un départ aussi classieux que l'ensemble du set, il faut vraiment qu'on puisse revoir rapidement le duo sur scène !

 

On reprend des forces avec les excellents et roboratifs petits plats délivrés sur place, et entendant de loin la prestation qui semble un poil brutale de White Heat, avant d'aller tester dans l’Étable le "Tallava/Acid Folk/Bounce/Violin Bass/Techno Dabkhe/ Ragga Dance/Trap de Mariage" du duo Derinëgolem, le batteur et la violoniste réussissant à nous emmener dans leur univers mélangeant folklore albanais et autres curiosité. Cependant, au bout d'un moment, j'ai le sentiment que tout cela tourne un peu en rond, alors on ressort pour s'intéresser à la prestation en extérieur de Club Cactus, un duo de batteries (rassurez-vous, il y a également d'autres sons pré-enregistrés) qui nous bluffe un petit moment, même s'il est difficile de tenir en haleine les spectateurs sur la durée avec ce genre. On notera pour la bonne bouche une reprise ou adaptation du flowers of romance de PIL, à moins qu'il ne s'agisse d'une inspiration miraculeusement approchante...

 

On ne sait pas vraiment à quoi s'attendre en allant dans la Grange, à l'heure où les quatre Anglais de USA Nails arrivent sur scène, mais il ne faudra pas attendre longtemps avant d'être super enthousiaste ! En effet, avec un chant qui évoque de temps en temps (mais furieusement) Eddie Argos (Art Brut), et une musique qui rappelle un Ausmuteants qui se serait mis au hardcore à l'ancienne, sachant que l'essentiel des titres sont courts et extrêmement incisifs, sauf l'avant-dernier, plus long, ce qui permet au chanteur de se faire un petit stage diving, on ne retrouve pas grand chose à y redire, excepté peut-être quelques difficultés à enchaîner les morceaux, mais cela reste anecdotique, on repart de cette prestation avec une banane immense, et le sentiment d'avoir fait une nouvelle découverte majeure cette après-midi : le festival sait y faire pour nous proposer des groupes encore méconnus mais qui méritent une reconnaissance bien plus grande !

 

Un petit tour dans l’Étable ? C'est SIDA qui est à l’œuvre, et le quatuor nous propose un post-punk extrêmement sombre et très intéressant, bien porté par un chant très particulier qui ne laisse pas grand monde indifférent. En revanche, il y a un bémol pour moi, c'est la prépondérance donnée au clavier, qui avec sa lourdeur et sa mise en avant me gâche un peu le plaisir - il faudra sans doute que je teste le groupe en version studio pour me faire à ce son...

On en profite donc pour jeter oreilles et yeux sur la prestation extérieure (La Fleme Erectrique) de Joujou, un duo batterie/basse à une corde qui nous propose des morceaux plutôt sympas, mais qui tourne rapidement répétitif, sans être non plus inaudible, mais on sent que la fatigue commence à nous tomber dessus. Et pourtant, il ne s'agit pas de s'endormir maintenant...

 

Car l'heure de Warum Joe a sonné ! Le sextet parisien a dépassé le périphérique, et vient présenter ses titres, et pas forcément les plus récents, à un public qui ne les connaît visiblement que très peu. Alors cela démarre tranquillement, la fosse ne réagit que très mollement au début du set, pourtant axé sur les morceaux les plus anciens (bogota, datcha, peste noire...), il faut également dire que le son est un peu surprenant, assez plats côté musiciens et assez roots dans la salle, mais les attitudes des uns et des autres vont rapidement se dégeler. On sent que les six musiciens sont au taquet, en plus ils nous ont mitonné une set-list aux petits oignons, avec des petites raretés scéniques (kriegspiel, utah bitch), et le punk à boîtes finit par prendre le dessus sur les réticences du public, qui entame un pogo (plus gentil que celui de la veille avec les Experimental) qui ne cessera plus jusqu'à la fin du set. Si mauser fucker subit un (léger) faux départ, c'est sans doute la seule relative fausse note du show, avec l'omission du smell the wasp (pourtant prévu par le groupe), il faut dire que l'absence de cette reprise des Swell Maps sera compensée plus tard par d'autres covers... Les spectateurs qui découvrent le groupe devront sans doute chercher sur le net pour comprendre les paroles, car en live ce n'est pas l'idéal, mais il n'y a pas de plaintes, le public prend les titres comme ils viennent, et on sent que certains retrouvent une fougue oubliée depuis quelques années et en profitent pour expulser une rage contenue depuis bien longtemps, l'agitation continue à monter, tandis que les musiciens restent eux tranquilles, emmenés par un Pascal au chant qui restera caché derrière ses lunettes noires. On aborde un peu toutes les périodes du groupe, hormis le tout dernier enregistrement, autant dire que les fans sont aux anges, et les deux derniers titres permettront d'atteindre le nirvana : l'aigle noir (Barbara) est repris avec une qualité incroyable, et en guise d'adieu c'est LSD qui est mis à l'honneur, la reprise de rockers étant là aussi totalement inattendue voire inespérée... Bref, cette cinquantaine de minutes valait le déplacement, et il ne reste donc plus grand chose à espérer de la soirée.

Pourtant, il y avait encore une demi-douzaine de concerts encore à l'affiche, mais on abandonne Sister Iodine et 10Lec6 (entre autres), histoire d'assurer le dernier RER, et de reprendre quelques forces avant la fin du week-end : tout le monde n'est pas encore en vacances !

Set-list :

  1. bogota
  2. peste noire
  3. datcha
  4. ralph & karl
  5. mauser fucker - faux départ
  6. loco commotion
  7. love me tendo
  8. kriegspiel
  9. mon goal
  10. les feux de l'amour
  11. dear hunter
  12. carpates show
  13. milady en sous-sol
  14. bloody mary
  15. loto critique
  16. utah bitch
  17. les avortons
  18. l'aigle noir
  19. rockers

 

La suite, ce sera au Supersonic, qui propose un festival cette semaine, avec à l'affiche Warum Joe justement (mardi, malheureusement sans Pierre et Bastien), Guerre Froide et Guili Guili Goulag (mercredi), alors que la fin de semaine sera elle aussi bien remplie...

 
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