[Camera Men] sans biniou
Date : vendredi 30 juin 2017
Ce vendredi sonne la fin de la semaine, la fin du mois, la fin de vie de Simone Veil, mais cela n'empêche pas d'aller à la Féline, où comme souvent le public mettra du temps à arriver. Pour une fois, il y a non pas un mais deux groupes à l'affiche, ce qui explique que les festivités débutent à 20h45, les retardataires rateront donc une bonne partie de la prestation du premier groupe.
Celui-ci est un quatuor, classique dans sa formule musicale (guitare-basse-batterie accompagnant le chanteur), mais pas forcément dans son écoute, puisque le chanteur-crooner de ces Camera Men, en costard à rayures et cravate et qui au passage m'évoque furieusement (et malheureusement) Morrissey, mélange allègrement anglais et français, y compris au sein des morceaux, et on constate très vite que si les parties "anglaises" ne posent pas de problème, les parties "françaises" à volonté poétiques ont un peu de mal à rester dans le domaine rock. Il faut aussi avouer que le début du set est un peu mou, on sent des musiciens très appliqués, ce qui les empêche de se lâcher, et il faudra attendre la reprise du goo goo muck (the Cramps) pour que le tempo s'accélère nettement, et que l'intérêt du concert suive la même courbe croissante. Le bassiste (une basse à six cordes !) semble obligé de contrôler ses parties avant chaque titre, à croire que comme ses comparses la priorité soit à la perfection au détriment (un peu) du punch et de l'énergie, peut-être également que la perspective de revoir le set (le concert est intégralement filmé, s'il n'y a pas de problèmes techniques) ne permet pas le relâchement adéquat. Pourtant, les spectateurs sont plus nombreux, globalement plutôt ouverts, mais il faudra une nouvelle fois attendre de quitter ce rock léché, en allant du côté du reggae blanc voire de la chanson de cowboy, pour susciter un regain d'attention. Au final, ces 45 minutes n'auront pas été totalement négatives, mais on espérait un poil plus de folie, quitte à faire plus de pains, histoire de réussir à faire quitter le bar ou se lever les spectateurs restés assis...
Il ne faut pas attendre très longtemps avant qu'un deuxième quatuor n'entame son set, il faut dire que les horaires sont stricts (22h30 est l'heure obligatoire de fin de concert), alors les If If Be New démarrent assez vite, et si on trouve ici ou là des informations contradictoires sur la musique du groupe ("rock alternatif" d'un côté, "pop-punk-rock qui envoie" d'un autre, "rock parisien indépendant" ailleurs, avec Korn ou Muse en "intérêts musicaux"), il ne faut pas être devin pour comprendre que globalement c'est un genre de rock FM qui est devant nous, autant dire que l'enthousiasme risque fort de ne pas être de notre côté. En sus, le guitariste principal (le chanteur joue aussi de la gratte) se permet de jouer les guitar-hero de temps à autres, alors on essaie de rester suffisamment longtemps pour laisser une chance au groupe d'inverser la tendance inaugurale guère positive, mais au bout d'un quart d'heure on décide d'arrêter les frais, ce n'est pas la peine de se faire du mal inutilement. Bref, une soirée pas forcément convaincante, mais cela permettra sans doute d'apprécier davantage les prochains concerts !
D'ailleurs, la suite sera ce mardi à la Philharmonie avec Savages, avant de se préparer à un long week-end au festival de la Ferme Électrique.