Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
l'ayatollah du rock
28 mai 2017

[Einstürzende Neubauten] haus der wahrheit

Date : dimanche 28 mai 2017

 

 

 

Après plusieurs jours de claustration, températures (trop) estivales obligent, il est temps d’aller tester les transports en commun en ce dimanche soir, histoire de voir si on pourra résister à la chaleur ambiante dans la Grande Halle de la Villette, pour cette soirée Villette Sonique.

Après écoute préalable, on a pris tout notre temps pour  venir, ce qui fait qu’on n’entend que quelques secondes de la prestation de la norvégienne Jenny Hval, qui œuvre dans la "pop synthétique expérimentale et sombre", ce qui fait bien trop de termes dangereux à mon goût. On passe donc notre tour, et on attend la tête d'affiche, en respirant bien mieux que nos pires craintes...

Il est pile 22h00 lorsque arrivent sur scène une partie des Einstürzende Neubauten, en tournée longue durée pour soutenir la sortie d'un "Greatests hits" qui n'apportera rien aux fans de longue date, mais est un prétexte à cette réunion pour le moins amicale. En entamant la soirée avec the garden, ceux qui croyaient qu'on allait se cantonner au siècle présent en sont pour leurs frais, et pour le coup Blixa Bargeld  (chant), Alex Hacke (basse) et NU Unruh (percussions diverses) réussissent leur entrée en matière ! Bien sûr, on a le sentiment que le préposé aux claviers (Felix Gebhard semble être le nom du remplaçant d'Ash Wednesday à ce poste) n'est là que pour faire de la figuration (qu'on se rassure, on le verra plus tard s'activer un peu), mais peu importe, et ce d'autant plus que dès haus der lüge, on remonte encore le temps tout en fortifiant le propos. Il faut dire que Rudolf Moser (percussions) et Jochen Arbeit (guitare) se sont invités à la fête, et si l'essentiel des musiques repose sur la basse (toujours magique et monstrueuse), permettant à Jochen de jouer du larsen à foison, et aux deux compères percutants d'utiliser comme toujours un mélange d'instruments classiques (une batterie relativement normale) et de matériau de chantier, on verra ainsi passer au fil des minutes des plaques de tôle, une perceuse, un baril en plastique, des tubes de plastique, bref si la bétonnière fait défaut depuis quelques années, le côté "industriel" de la musique reste toujours très présent, y compris sur les morceaux les plus calmes. Car c'est bien un concert varié auquel nous assistons, alternant des titres lents et d'autres plus musclés, avec en permanence un intérêt auditif renforcé par l'aspect visuel ("sur quoi vont-ils taper maintenant ?"), et le public bien dense (mais cela reste respirable) n'hésite pas à se manifester, parfois à contretemps, voire même en dépit du bon sens (l'exemple le plus frappant étant bien sûr silence is sexy, sur lequel les plus "malins" de la salle s’amuseront à tenter de gâcher tout les effets), ce qui semble irriter "raisonnablement" un Blixa toujours tiré à quatre épingles dans son costume noir habituel (Jochen a lui opté pour un costard bleu assez immonde). Mais même avec l'air de difficilement supporter les facéties des spectateurs, Blixa prend le temps d'expliquer au public (la notion de dialogue serait malvenue) certaines chansons, dédie dead friends à son ancien manager, et reste comme toujours la figure centrale du groupe. Cela ne signifie pas qu'il occulte ses partenaires, puisque NU Unruh (sous son petit chapeau-bob) et Rudolf passent leur temps à changer de place et d'instruments, tandis que Alex fait figure de successeur assumé de lemmy, et Jochen l'air de rien réussit à faire se visser quelques doigts dans les oreilles les plus fragiles... Le public se régale de certains morceaux, voire de quelques extraits (une partie de halber mensch est enchaînée à von wegen, le flamboyant die befindlichkeit des landes est apprécié à sa juste valeur, et en guise de M. Plus, Blixa nous délivre plusieurs fois son incomparable cri étouffé, que chacun ressent au plus profond de son être. Le groupe arpente sa discographie, de 1985 (haus der lüge) à 2014 (how did i die ?), les puristes regretteront évidemment l'absence des plus bruitistes des albums, mais il serait tout de même gonflé de faire la fine bouche devant la set-list (oui, je sais, ils ont sur d'autres dates joué die interimsliebenden...), et lorsque le groupe quitte la scène, on n'en revient pas d'avoir déjà passé 80 minutes, et déjà largement rentabilisé le prix du billet !
Le groupe se fait un peu prier avant de revenir, et un rappel de 3 titres (et 25 minutes !) de ce niveau, cela aurait été dommage de ne pas y avoir droit : silence is sexy, on l'a dit, avec Blixa fumant devant son micro, au désespoir de certains accros dans la salle, puis let's do it a dada, pour lequel NU Unruh va aller se déguiser (cape blanche et chapeau de cuisine idem) pour lire un texte adéquat, avant de revenir marteler comme il le faut ses bâtons, et enfin total eclipse of the sun qui laisse chacun ébahi et béat, et presque certain désormais que la soirée est terminée... Eh bien non, le groupe revient une dernière fois, avec un salamandrina entamé a cappella par les 5 membres du groupe (Felix est une pièce rapportée, comme l'était Ash avant lui), et on en termine avec un redukt pas forcément très différent des dernières fois où le groupe l'avait interprété à Paris, mais qui en guise de bouquet final fait très bien l'affaire ! Les lumières peuvent se rallumer, on regarde sa montre : cela fait exactement deux heures de prestation, autant dire que nos amis teutons ne se sont pas moqués du monde... Bien sûr, c'est la ruée sur le merch après cela, perso voir la serviette de douche estampillée EN à 30 €, cela me défrise un peu, mais apparemment certains n'hésitent pas à rentrer dans le système, cela ternit pourtant un peu (à mon avis) l'aura du groupe, qui pourrait se passer d'accessoires aussi dispensables et surtout aussi onéreux. Mais on oublie très vite ce petit agacement, on rentre (le plus vite possible, c'est dimanche soir, il est minuit largement passé !) chez soi, et on attend le retour du groupe d'ici pas trop longtemps, évidemment !

 

Set-list :

  1. The Garden
  2. Haus der Lüge
  3. Nagorny Karabach
  4. Dead Friends (Around the Corner)
  5. Unvollständigkeit
  6. Youme & Meyou
  7. Die Befindlichkeit des Landes
  8. Sonnenbarke
  9. Halber Mensch / Von wegen
  10. Sabrina
  11. Susej
  12. How Did I Die?
  13. Rappel : Silence Is Sexy
  14. Let's Do It a Dada
  15. Total Eclipse of the Sun
  16. Rappel 2 : Salamandrina
  17. Redukt

La suite, ce sera ce mardi soir, à l'Espace B, avec Priests.

 

 
Publicité
Publicité
Commentaires
l'ayatollah du rock
Publicité
Archives
Pages
Derniers commentaires
Newsletter
17 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 92 264
Publicité