Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
l'ayatollah du rock
16 mai 2017

[Guerre Froide] ça plus ça plus ça

Date : mardi 16 mai 2017

 

 

 

Il fait plutôt frisquet lorsqu’on descend dans la salle du Petit Bain, ce mardi vers 19h30, il faut dire que le passage des 28° extérieurs à la climatisation est un poil compliqué, et on ne peut pas vraiment compter sur la chaleur humaine pour améliorer les choses : le public est pour le moins dispersé et peu nombreux, il faudra attendre 20h30 pour que cela se densifie un brin, et au final on estimera à une centaine le nombre de spectateurs payants de la soirée, alors que l’affiche pouvait laisser espérer une plus grosse affluence !

 

C’est un trio nordiste qui est chargé de rameuter la foule dans la fosse, et si on n’a encore jamais eu l’occasion de voir Trouble Fait’ sur scène, on en a un a priori plutôt favorable, le groupe apparaissant sur diverses compilations dark avec des titres qui valent plutôt le coup. Ce soir, le trio guitare-basse-batterie fait une très forte impression d'entrée de jeu, car même si la voix haute du chanteur peut décontenancer au début, ou si quelques intonations un chouia new-wave un peu plus tard laisseront circonspect quelques instants, c'est vraiment chercher la petite bête, tant ce mélange cold-wave/post-punk/batcave est efficace et réussi. Pour moi qui ai des difficultés légendaires avec les claviers, je ne suis que très rarement gêné par ce qui sort des enceintes, le mix permettant de se concentrer sur le duo basse-guitare qui fait des merveilles, de manière simple au demeurant, la musique pouvant m'évoquer par exemple un X-Mal Deutschland par instants, ce qui n'est pas rien ! Alors bien sûr la fin du set est un peu brutale, puisqu'au bout de la demi-heure de set le groupe remballe les gaules sans avoir prévenu le public au préalable, mais on se contentera de retenir que le début de soirée aura été très réussi, ce qui augure bien de la suite...

 

Bon, je m'emballe, je m’emballe, mais si le changement de plateau se fait à vitesse grand V, la suite va me faire retomber assez rapidement sur mes pieds... En effet, si j'avais raté TheSaintCyr il y a quelques années à la Cantine de Belleville, ce soir l'occasion de me rattraper me permet de constater que la "New Wave / Cold Wave / Alternative music" annoncée par le trio (organisateur de la soirée ?) est loin de me transporter. En effet, s'il est appréciable de voir un groupe au sein duquel la guitare est jouée par l'entité féminine, et si je ne me plains pas outre mesure des parties de clavier, j'ai des difficultés quasi insurmontables avec la voix du chanteur, probable frère du claviériste au passage. Si le groupe annonce comme influence Cure et les Cocteau Twins, c'est sans doute cette dernière qui a du mal à passer, sachant que le chant plutôt affecté (j'ai trouvé "jazzy", c'est une autre façon de formuler) va jusqu'à me donner des visions de Jimmy Somerville (pas longtemps, mais c'est perturbant) voire de Morrissey (là, c'est cauchemardesque !), autant dire que les efforts louables des deux musiciens ne suffisent pas à me faire adhérer au concept. Rassurez-vous, cela ne dure qu'une grosse vingtaine de minutes, et pour être franc il y a des spectateurs qui apprécient la prestation, mais pour ma part c'est un coup d'épée dans l'eau, heureusement que la soirée est toujours en mode accéléré, cela permet vite de passer à autre chose.

 

Et cette autre chose, c'est un troisième trio, basse-guitare-chant, la boîte à rythmes et les parties pré-enregistrées de clavier étant également gérées par le guitariste : Wallenberg reste la propriété du chanteur, seul membre d'origine, presque 35 ans après sa création, et on peut être surpris par sa façon de haranguer les spectateurs au début de son set, histoire de ne laisser personne à proximité du bar, mais plutôt dans la fosse, mais dès que les morceaux se mettent en route on comprend que la longévité du bonhomme n'est pas fortuite. Même si l'accent anglais est un peu étrange sur les bords, et si la part de théâtralité sur scène est importante, on ne peut s'empêcher d'accrocher aux titres qui s'enchaînent (pas forcément rapidement, les transitions ne sont pas encore totalement abouties, mais cela permet au chanteur de s'exprimer), avec un mélange de post-punk et de cold-wave (l'esprit de Cure trône clairement ici) très bien fait, ce qui permet de ne pas voir passer les minutes, et de s'affranchir des outrances (raisonnables) du leader. Celui-ci a totalement réussi son opération de rajeunissement, ses deux comparses bien plus jeunes que lui sont en osmose avec leur chanteur, et on n'est pas loin de regretter que voir les lumières se rallumer après trois gros quarts d'heure. Il y a sept ans, j'étais demeuré assez sceptique lorsque le même groupe (en ouverture d'ASF) m'avait semblé manquer d'originalité, ce soir il a remis les points sur les I, et on suivra donc désormais avec beaucoup plus d'intérêt ses prochaines aventures scéniques ou vinyliques !

 

Allez, il ne faut pas se mentir, si on est là aujourd'hui, c'est avant tout pour le dernier concert, puisque Guerre Froide revient là où il nous avait estomaqués il y a un an et demi, avec dans sa valise un nouvel album - en attente de parution - et une formule à quatre désormais totalement assumée, puisque Sabatel (Cheshire Cat (TheBouncing), Dear Deer) sera présente en permanence sur la scène, laissant seulement ses 3 camarades (basse, guitare-claviers, chant) sur quelques rares titres. Le groupe arrive sur une courte introduction musicale devant des images de "Lolita" (Kubrick), puis entame véritablement son set avec la chienne, premier titre issu du nouvel opus "Coruscant". Yves le chanteur porte un masque (qu'il ôtera très vite) et des lunettes de soleil (qui tiendront le temps de quelques morceaux), et c'est Sabatel qui entame le chant, bientôt rejointe par son compère, et la complémentarité des deux voix est évidente, flagrante, et complétée par une musique qui évolue tranquillement au fil des années, mais reste tout de même dans une veine électro-cold extrêmement impressionnante, ce premier morceau s'avère d'ores et déjà un coup de maître ! Signe d'une confiance assez affirmée dans ces nouveaux titres, ce ne sont pas moins de quatre morceaux tirés du même opus qui défilent ensuite, avec des variations en ce qui concerne les interventions de Sabatel (chant totalement partagé avec Yves, ou simples refrains à deux), une guitare qui peut s'avérer assez agressive (coruscant, sur lequel une Sabatel un brin femme-enfant est devant son micro avec une sucette à la bouche, ou encore ça moins ça), une basse qu'on ne remarque pas forcément mais qui est souvent indispensable, et un chanteur qui comme toujours danse comme il le veut, et arpente la scène avec sa silhouette dégingandée et totalement libre. Histoire d'être un minimum critique, je ne suis pas emballé par la superposition des deux voix sur le voyeur, mais c'est de l'ordre de l'anecdote, car en sus de vidéos défilant en permanence en arrière-plan, mais qui n'empêchent nullement de se concentrer sur les musiciens, le public se trémousse (lentement, on parle plus à l'esprit qu'à l'instinct ici) et apprécie nettement ce qui lui est offert. Cela ne manque d'ailleurs pas de surprendre le groupe, car les retours sont assez catastrophiques sur scène, mais dans la salle on frôle l'idéal acoustique, et le groupe est suffisamment rodé pour jouer sans vraiment pouvoir s'entendre. Yves est seul au chant sur le regard et zéro, des titres plus anciens sur lesquels Sabatel n'a pas forcément de pertinence, le chanteur ne peut s'empêcher, avant l’expérience, de gloser un brin sur Amiens, ville d'origine du groupe et désormais capitale monarchique présidentielle, et la transition entre titres récents et plus éprouvés se fait sans douleur aucune.

Il m'est arrivé de me moquer gentiment du morceau saint-ex, je dois l'avouer, mais ce soir je n'ai vraiment rien à y redire, musicalement c'est très carré, vocalement c'est très réussi, et le public qui suit le groupe depuis longtemps (au moins depuis la renaissance de 2006, et depuis les origines de 1981 pour certains spécimens) apprécie l'ensemble de la set-list, et est sans doute comme moi assez époustouflé par certaines performances vocales de Sabatel, comme sur ce moralité (vivement l'album, je vous dis !) où elle alterne le chant presque posé et le plus agressif, mais évidemment c'est sur les hymnes historiques que la salle va chavirer (au passage, je n'avais jamais ressenti autant de roulis ici que ce soir). Demain Berlin est incontournable, bien sûr, du début à la fin, avec l'accélération centrale, et l'intervention aiguë de Sabatel sur la fin, mais c'est avec ersatz que l'heure se clôt, le public est ravi et n'attend plus que le rappel plus ou moins prévu...

Malheureusement, pour d'obscures raisons, on intime au groupe l'ordre de quitter la scène, car c'est apparemment l'heure où Pascale Le Berre (Marc Seberg, dont les disques viennent d'être réédités) doit assurer son DJ set. Personnellement, je trouve cela plutôt aberrant, car je crois plus à la musique vivante qu'aux DJ de tous poils, mais on ne peut rien y faire, et il faut donc se résoudre à en terminer là pour Guerre Froide... Cela ne signifie pas qu'on regrette d'être venus, loin de là, la soirée était quand même réussie, même avec une jauge réduite, mais un ou deux titres en rappel n'auraient évidemment pas nui ! Et on attend désormais avec encore plus d'impatience la sortie de ce "coruscant" qui nous a mis l'eau à la bouche ce soir...

 

Set-list probable :

  1. Intro
  2. La chienne
  3. La balance
  4. Coruscant
  5. Le voyeur
  6. Ça moins ça
  7. Le regard
  8. Zéro
  9. L’expérience
  10. Les fils de Cassandre
  11. Saint-Ex
  12. Sauvages
  13. Moralité
  14. Demain Berlin
  15. Ersatz

 

Contrairement aux prévisions, il n'y aura pas de Klub avec Plomb ce jeudi soir, faute d'abandon de la tête d'affiche, on attendra donc mardi prochain pour aller revoir les Sleaford Mods, à la Gaîté Lyrique pour l'occasion.

Publicité
Publicité
Commentaires
l'ayatollah du rock
Publicité
Archives
Pages
Derniers commentaires
Newsletter
17 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 92 264
Publicité