Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
l'ayatollah du rock
3 mars 2017

[les Olivensteins] jolis rockers

Date : vendredi 3 mars 2017

 

Drôle d'endroit pour un concert, puisque c'est à la Bibliothèque Lancry, juste à côté de la place de la République, que nous sommes invités à clore le cycle consacré au punk (expos, conférences, projections...). C'est vendredi, le public est rarement jeune, certains sont là "en souvenir de", et la proposition de bouchons d'oreilles fait un tabac, quelques spectateurs affirmant que la musique n'a pas besoin d'être jouée fort, et que les limites légales devraient être (encore) abaissées. On s'étonne même qu'il n'y ait pas de récriminations quant au fait que ce soit un concert debout, il est vrai que même à une centaine on ne se marche pas sur les pieds, mais les bibliothécaires mettent rapidement les points sur les "i" à ce sujet : s'asseoir au fond avant le concert, OK, mais dès que ça commence c'est tout le monde debout !

 

Il est 20h15 passé lorsque les Olivensteins arrivent sur la scène, et après que chacun des quatre musiciens se soit installé, le set démarre avec je hais les fils de riches, c'est inhabituel comme démarrage, sans doute le lieu et l'assistance y ont-ils incité le groupe, mais ce qui est encore plus inhabituel, c'est de constater que des enceintes ne sorte aucune note de basse... Didier, le bassiste, est paniqué, ne trouve pas de solution, tandis que ses acolytes continuent sans lui, heureusement à la fin du morceau, la solution est trouvée, visiblement un bouton on/off était en mauvaise position, et cela a permis de constater que la basse est vraiment nécessaire ! Pour ceux qui en doutaient, et à la demande du public, le groupe rejoue le même titre, et la différence est nette, et confirme ce que l'on pensait, cela permet en sus de repartir avec encore plus d'énergie, on voit déjà que Gilles le chanteur est sur des charbons ardents, toujours en mouvement derrière son micro, tandis que Clément le batteur fait déjà les gros yeux, totalement habité par son jeu mélangeant grosses frappes et subtilité. Pour continuer le set, on retombe sur la set-list habituelle, avec des évolutions permanentes sur chacun des titres, puisque Vincent le guitariste a droit à une liberté presque totale dans son jeu, puisque la section rythmique assure et assume la tenue des morceaux, et le bretteur en fait un usage captivant, car si parfois on a du mal à reconnaître immédiatement les morceaux originaux, il ne faut pas oublier que c'est bien l’intérêt du concert, non ? Signe de l'engagement des musiciens, l'enchaînement né pour dormir / pourquoi penser à moi laisse Clément en nage, les litres de sueur perdus sont visibles, et les spectateurs, réguliers ou non, manifestent ostensiblement leur plaisir devant cette prestation. Ce set est une nouvelle occasion de présenter de nouveaux morceaux, issus de ce nouvel album qui se fait attendre, et c'est en vue (que l'on a déjà entendu et apprécié sous le nom de le rapace) qui suit, précédant un inavalable qui était absent des set-lists depuis pas mal de temps, et qui trouve sa place sans souci. Bien entendu, lorsque fier de ne rien faire est entamé, on sent un accroissement supplémentaire de l'intérêt des spectateurs, l'hymne est exécuté avec brio, et ne casse pas non plus la dynamique bien installée.

On était resté un poil circonspect avec la réorchestration de grand chef au Secret Place en décembre dernier, ce soir on sent que le morceau a encore mûri, dans le bon sens, le côté chaloupé a disparu et on est revenu au cœur du titre, qui a repris en évoluant une deuxième vie, tout comme c'est trop fort, sur lequel Vincent instille des séries de sonorités bizarroïdes, mais assez fascinantes. Gilles ne se contente pas de chanter et bouger, il manie les maracas, le tambourin ou utilise son harmonica à l'occasion (lorsqu'il ne reste pas bloqué dans la poche), et reste assez peu loquace en présentant ses titres, contrairement à l'habitude, il faut dire que si le timing n'est pas hyper serré, il ne faut pas trop non plus s'éterniser. Avant d'entamer juste, Gilles se bat avec une bouteille de champagne pour en ôter le bouchon, on apprend ainsi que c'est l'anniversaire de Didier, et si la boisson ne semble pas de grande qualité, c'est l'intention qui compte... Ce nouveau titre est l'occasion de comprendre à quoi pouvait bien servir ce clavier sur scène, puisqu'il est pris en main de manière presque anodine, puis parfois de manière plus audible et prégnante sur certains morceaux, par une musicienne que l'on avait encore jamais aperçu sur scène avec le groupe jusqu'alors. Pour être franc, et concernant ma relative aversion pour les claviers, vous comprendrez que je reste d'un enthousiasme mesuré à ce sujet, on dira que j'estime que l'apport est neutre voire positif sur juste et sur euthanasie, mais pas forcément sur les autres morceaux... La doublette les catalogues / euthanasie se termine de manière débridée, la guitare hésite entre envolées stoogiennes et free-rock, mais il n'y a pas d'abus, on ne sent pas la moindre lassitude dans la fosse, et pourtant il y a des musiciens et des critiques dans la salle, mais ce ne sont quasiment que des sourires que l'on peut apercevoir.

Le temps (rapide) d'une vraie-fausse pause, et le rappel (excellent de bout en bout) est entamé, avec un jolis cœurs qui a pris de l'assurance, tandis qu'on sait depuis longtemps que je suis négatif et le vampire sont des pièces de choix, et surprennent donc moins par leur qualité. Sur ces titres, comme sur ceux du deuxième rappel (prévu, même si scéniquement le groupe feint de rester suite aux demandes des spectateurs), Vincent s'en donne à cœur joie, accompagnant une fois Gilles dans la fosse (le terme est un peu galvaudé dans ce lieu), et l'enthousiasme du public n'est clairement pas fictif. Il faut dire que ce second rappel réussit encore à relever le niveau d'un set que l'on croyait pourtant déjà bien culminer, d'un plaire à un le spécialiste qui malgré une relative méconnaissance marquent les esprits, mais que dire du titre final ? Alors qu'il ne fait plus partie des incontournables des concerts, faute de place, patrick henry est innocent revient par la grande porte, pour une fois le son parfait du micro permet d'en comprendre toutes les paroles (caustiques, pour le moins), et comme la moyenne d'âge doit dépasser la cinquantaine, la majeure partie du public fait immédiatement le lien avec l'actualité d'il y a quarante ans... Qui sait si un morceau appelé pénélope fera le buzz en 2057 ?

Au final, ce concert gratuit aura duré pas moins de 90 minutes, c'est rare d'avoir droit à autant de temps pour voir le groupe, il fallait donc en profiter, car on se doute déjà que début avril au Gibus, il faudra se contenter d'une petite heure... Et comme la qualité a été au rendez-vous d'un bout à l'autre, avec des musiciens tous plus en forme les uns que les autres, et que la configuration des lieux et de la soirée laissait la possibilité de se concentrer sur ce qui se passait sur scène, chacun a pu profiter à plein de cette soirée, que l'on n'aurait pu imaginer aussi réussie en arrivant ! La seule chose que l'on peut souhaiter désormais, c'est de pouvoir enfin voir l'album si attendu sortir dans de bonnes conditions...

 

Set-list :

  1. Je hais les fils de riches
  2. J'ai craché mes amygdales
  3. Né pour dormir
  4. Pourquoi penser à moi
  5. En vue
  6. Inavalable
  7. Fier de ne rien faire
  8. Tueur à gages
  9. Temps de chien
  10. Grand chef
  11. C'est trop fort
  12. Vivement que je sois vieux
  13. Juste
  14. Les catalogues
  15. Euthanasie
  16. Rappel : Jolis cœurs
  17. Je suis négatif
  18. Le vampire
  19. Rappel 2 : Plaire
  20. Le spécialiste
  21. Patrick Henry est innocent

La suite, ce sera d'ici une dizaine de jours, avec en quatre jours la succession de Harassment (Espace B), de Cloud Nothings (Petit Bain) et de Charles de Goal (Supersonic)...
Publicité
Publicité
Commentaires
l'ayatollah du rock
Publicité
Archives
Pages
Derniers commentaires
Newsletter
17 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 92 199
Publicité