[Christian Death] in the garden of evilution

Date : mardi 25 octobre 2016

C'est con, on apprend (tardivement) que Pete Burns, le chanteur de Dead or Alive, est mort, et comme on s'en balance allègrement, tout ce qu’on trouve à faire c'est d'aller au Petit Bain, histoire d'aller écouter de la vraie musique faite par des vrais groupes... Comme quoi il n'y a pas de respect pour... au fait, vous connaissiez Dead or Alive, vous ? Parce que pour moi, c'est juste un nom qui n'a jamais fait rêver...


Il n'y a pas encore grand monde à l'heure où on pénètre dans la salle, même si la première partie a déjà débuté, merci la conjonction de problèmes RATP (ça tourne au pléonasme, depuis quelques mois !) et d'un départ tardif du taf. On n'a tout de même pas dû rater grand chose de la prestation de Porn, groupe lyonnais dont j'avais déjà entendu parler il y a une dizaine d'années mais qui vient de se reformer, et que l'on peut assez rapidement assimiler à la frange "goth-métal", tant les 5 musiciens (2 guitares, basse, batterie, chant) insèrent de sonorités métalliques dans leur musique sombre. On remarque également que les parties de clavier doivent être pré-enregistrées, ce qui minimise d'autant les capacités d'improvisation sur scène... La reprise, assez tôt dans le set, du call me de Blondie, évoque des accointances avec d'autres références, du type Oomph! ou plus sûrement des choses comme Love Like Blood, que l'on suivra tout au long du set, et on remarquera que tout cela est plutôt propre, bien fait, et pas désagréable du tout. On notera tut de même qu'un certain côté pop transparaît de temps à autres, sans doute dû à ce côté pop mélangé à des claviers qui n'apportent guère, et si on finit par (un peu) trouver le temps long, c'est surtout en se rendant compte qu'il y a eu un changement dans les horaires, et que le groupe joue jusqu'à 20h25 et non 20h10. Au bout de ces presque 3/4 d'heure de prestation, on ne se plaint pas de ce qui nous a été offert, même si on aurait apprécié un peu plus de virulence dans le propos musical, mais au vu des réactions, les spectateurs (qui sont arrivés petit à petit) ont dû aimer ce show, ce qui est bien l'essentiel !


Après un intermède qui dure sans doute plus longtemps que prévu, étant donné que la mise en place des vidéos, qui s'afficheront tant dans le fond que sur deux draps tendus de chaque côté de la scène, pose des soucis qui seront surmontés après de longues minutes d'essais, c'est Valor qui arrive sur scène peu avant 21h, posant sur l'avant-scène un symbole du groupe qui restera en place jusqu'au bout du set, suivi de près par Maitri (et sa basse) et son batteur. Il y a presque 9 ans, nous n'avions assisté qu'aux trois premiers titres de Christian Death à la Loco, ceux qui se souviennent des horaires du lieu comprendront aisément pourquoi, ce soir il est hors de question d'en rater une miette, il y en a d'ailleurs pour les oreilles autant que pour les yeux, et on ne parle pas là des mensurations russmeyeresques de Maitri mais bien de tout le cérémonial qui accompagne le groupe, des vidéos oscillant du Talmud aux répressions policières à... toutes sortes de choses, en passant par un Valor capuché sous un chapeau, qui révèlera par la suite une couronne qui se métamorphosera encore par la suite (une casquette militaire, tout comme celle portée par Maitri, qui accompagne un morceau introduit par un salut hitlérien), mais cela correspond à tout ce qu'attend le public, venu en fan à défaut d'en nombre (seule la fosse est bien remplie), et on doit reconnaître que certains semblent connaître par cœur la discographie intégrale du groupe, ce qui compte tenu des diverses compilations plus ou moins officielles qui côtoient des albums officiels, eux, mais correspondant à des périodes très variées, musicalement parlant, et je ne m'étonnerai guère d'avoir du mal à donner des titres à une set-list qui s'appuie beaucoup sur le dernier album en date, un "the root of all evilution" que je n'ai pas entendu jusqu'à présent mais dont les extraits en live font plutôt envie, tant ils s'éloignent des détours métalliques qui accompagnaient les dernières sorties du groupe. Valor et Maitri se partagent le chant, de manière quasi égale, et si comme avec Porn on regrette de constater que des parties pré-enregistrées surgissent des enceintes, cela ne gâche par le sentiment global de franche réussite d'un set qui en s'appuyant sur les basiques du death-rock ne semble tout de même pas trop daté, on sent un groupe heureux d'être là (Valor passera d'ailleurs beaucoup de temps avec ses fans tout de suite après la fin du set), et si certains grincheux estiment que le son n'est pas assez fort (je ne corrobore pas cette assertion) et le public trop statique (là, ça peut se discuter), cela demeure tout de même un beau moment de communion entre un trio de musiciens et des spectateurs qui profitent à plein de l'instant présent. Bien sûr, la fin du set après à peine une heure peut décevoir, même si le rappel avec this is heresy valait à lui seul le déplacement, les allusions non voilées aux actualités (un "vive la France, vive Charlie Hebdo" inattendu, une attaque en règle du pape, quel qu'il soit, ou une introduction du rappel dédiée à Erdogan) montrant que le groupe n'est pas totalement en mode "live rodé", on est même surpris de tant de simplicité chez un Valor que d'aucuns considèrent comme le traître à la cause dans le débat des spécialistes en Rozzeries... Au final, ce ne seront donc que 70 minutes de musique, mais qui valaient le coup, on ne trouvera pas grand monde pour regretter ce déplacement, qui laisse même un arrière-goût de revenez-y, en espérant qu'il ne faudra pas attendre 8 ans pour cela !


La suite, ce sera pour samedi soir à l'Omadis, avec Louis Lingg and the Bombs qui fête ses 10 ans d’existence, accompagné pour l'occasion par les 3 Gnomes, autant dire une soirée à ne pas rater !