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l'ayatollah du rock
14 octobre 2016

[Theo Hakola and the Wobbly Ashes] ballad of a great man

Date : vendredi 14 octobre 2016

 

En arrivant sur le quai devant le Point Éphémère, en ce vendredi soir, le doute m'étreint : il n'y a pas un chat, pourtant la pluie s'est transformée en bruine légère depuis de longues minutes, il devrait y avoir des spectateurs en attente au bord de l'eau, on s'aperçoit qu'il y a encore assez peu de monde, bien à l'abri, et les craintes d'une salle à moitié vide se confirment alors. Heureusement, sans avoir une salle totalement bondée, on finira par atteindre un taux de remplissage très correct, et les présents feront preuve d'un enthousiasme rassurant : il n'y a pas que des invités ce soir, les aficionados sont bien de la partie !

 

Les lumières s'éteignent à 20h30 pétantes, et Theo Hakola & the Wobbly Ashes arrivent sur scène exactement à l'heure prévue. Plus précisément, Theo arrive, Bénédicte et son violon sont déjà présents, sur l'avant de la scène, tandis que Simon Texier s'est installé derrière son piano, bien plus en retrait. C'est avec une reprise, issue du dernier album (de reprises, donc) de Theo "i fry mine in butter !" que le concert démarre : un st. louis blues, rechapé de WC Handy (on sait Theo capable de citer des artistes obscurs comme des bien plus renommés), et d'entrée de jeu on retrouve le plaisir d'un violon qui sera joué de diverses manières, avec ou sans archet, mais toujours avec pertinence et justesse, et cette version dépouillée, sur laquelle Theo pose quelques notes d'harmonica, est suivie d'un passage par le précédent album, "this land is not your land", la majorité des morceaux joués ce soir seront d'ailleurs issus de ces deux dernières parutions. On sent Theo en forme, toujours affable et classieux dans son costume, et il sait pertinemment qu'il fait plaisir à son public en entamant prière profane, soit un retour 20 ans en arrière dans sa carrière solo... Il n'y a même pas d'interruption entre ce titre et quicksilver, que l'on pourrait considérer comme la fin de la première partie, puisque le groupe sera désormais au complet par la suite, avec Matthieu Texier à la guitare, Zoé Hochberg à la batterie (en remplacement de Tatiana Mladenovitch visiblement blessée à la main) et Brice Pirotais à la basse (j'espère ne pas m'être trompé sur les noms des musiciens !), et c'est avec la très belle version de blank generation (Richard Hell and the Voidoids) que cette partie bien plus électrique démarre. S'ensuit une nouvelle reprise, celle de Lou Reed (heroin), il faut dire que Theo avait le choix (15 reprises sur l'album, dont "seulement" 5 seront interprétées ce soir, en oubliant Elvis Costello ou Clash sans qu'on ne puisse lui en vouloir), et si je ne suis pas forcément adepte de toutes les versions originales, je dois avouer que l'appropriation par le groupe est à la fois totale et très réussie. Après l'interprétation de bourgeois blues (Leadbelly), Theo avoue y avoir inséré le nom de Mike Pence (co-listier de Donald Trump), ce qui débouche sur une discussion très intéressante avec le public, à la fois posé et pensé, on sait l'homme féru et très pointu sur la plupart des questions politiques du monde, et l'échange sur la politique américaine qui suit, s'emparant du refus de Bruce Springsteen de jouer en Caroline du Nord pour protester contre les lois anti-transgenre, est exemplaire dans sa simplicité ne cédant jamais au simplisme, même si Theo sait que les spectateurs sont dans leur ensemble déjà convaincus. Le bassiste nous abandonne ensuite, remplacé par l'habituelle Laureline Prod'homme, qui avant de s’emparer de son instrument assure le chant introductif de the west is dead avec Tatiana Mladenovitch (qui peut dont chanter, même sans les mains), c'est un moment toujours particulier car ce chant est presque naïf mais vraiment touchant. Encore un retour vers "the confession" (1995) avec nowhere, décidément on sent que la set-list a été très travaillée et étudiée pour ressortir des titres plus rares en concert, on est toujours sur un travail superbe entre les entrelacements de guitares et le violon de Bénédicte, tandis que la section rythmique est impressionnante de justesse, y compris lorsqu'on a le sentiment d'entendre quelques craquements dans les enceintes : on ne saura jamais si cela était prévu, dans tous les cas cela n'interfère pas avec la concentration attendue d'un public qui respecte bien les morceaux avant de les applaudir à tout rompre lorsque les dernières notes s'éteignent. Petit moment de flottement dans la fosse, car Bénédicte quitte la scène quelques instants, mais c'est pour mieux revenir et accompagner les autres sur blood thicker than love, là les fans les plus anciens apprécient encore davantage ce passage du côté Passion Fodder, et le set se termine sur deux autres vieilleries ô combien remises au goût du jour, un goddamn song toujours aussi excitant, y compris lorsqu'on attend le petit cri de Bénédicte pour relancer l'affaire, et un struggle for love savoureux à souhait; qui clôt ces 84 minutes qui ont d'ores et déjà dépassé nos attentes, tant l'énergie et la puissance musicale s'accordent à la présence scénique de M. Hakola.

Le temps de recharger les batteries des musiciens, et le groupe revient, avec un my love's kisses intense, mais qui ne peut selon moi rivaliser avec ce qui va suivre. J'avoue, and bleed that river dry est un morceau qui me donne des frissons à chaque écoute, même après une trentaine d'années, et son interprétation du soir comble tous mes espoirs, le groupe est au diapason de la guitare du leader, et se termine dans une version hyper électrique assez proche de la version d'origine, ce qui n'était pas forcément le cas lors des derniers concerts du groupe auxquels j'avais pu assister. Bref, pour moi le set pourrait se terminer après cette centaine de minutes, j'aurais déjà eu ma cerise sur le gâteau, mais comme je ne suis pas décideur (et tant mieux !), on va avoir droit à un second rappel, ce dont je ne me plains nullement... Tout au long du concert, Theo a multiplié les allusions au Nobel de littérature, et ce début d'ultime rappel est (enfin ?) l'occasion de reprendre Bob Dylan, non pas avec un titre du dernier album mais avec le bien plus ancien ballad of a thin man, "bien mieux chanté et avec de meilleurs musiciens que Dylan lui-même" (je suis amplement d'accord !), décidément c'est une soirée qui restera dans les mémoires, et que dire du titre final ? Bon, Theo tente en vain de faire chanter ses premières paroles au fan ultime du premier rang, qui "se trompe toujours sur ce titre", mais cela ne gâchera en rien la qualité de ce hunger burns, qui emmène les spectateurs au bout de ces 113 minutes qui les laisseront hébétés, tant le show aura été extraordinaire. D'ailleurs, l'affluence au merchandising dès que les lumières se seront définitivement rallumées est un signe de l'engouement que ce concert aura créé, avec malheureusement des déceptions, puisque les stocks de CD ou de livres (oui, le dernier exemplaire de "idaho babylone" m'est passé juste sous le nez) s'avéreront insuffisants pour contenter tout le monde. Peu importe, il existe des moyens de trouver les uns comme les autres en dehors de la salle de concert, et s'il faut se résoudre à abandonner les lieux, c'est uniquement la salle de concert que l'on quitte, cherchant à prolonger cet état de grâce en remerciant au passage (et à l'occasion) l'ensemble des musiciens de cette soirée. Un dernier remerciement à Theo himself, pour sa gentillesse et sa générosité en sus de son talent, et on s'en retourne chez soi, avec des étoiles plein les yeux et les oreilles emplies de bonnes choses : une fois de plus, les absents ont eu tort, et grandement !

 

Set-list :

  1. Saint louis blues
  2. Ilmarinen's lament
  3. Prière profane
  4. Quicksilver
  5. Blank generation
  6. Heroin
  7. Bourgeois blues
  8. The west is dead
  9. Nowhere
  10. Dead souls singing
  11. Song to the siren
  12. Blood thicker than love
  13. Goddamn song
  14. Struggle for love
  15. Rappel : My love's kisses
  16. And bleed that river dry
  17. Rappel 2 : Ballad of a thin man
  18. Hunger burns

La suite, ce sera dimanche soir au Café de la Danse, avec une soirée consacrée à And Also the Trees.
 
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