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l'ayatollah du rock
9 octobre 2016

[Frustration] empires of shame

Date : dimanche 9 octobre 2016

 

Cela fait plus de 10 ans que Frustration m'escorte, d'abord sur scène puis sur galettes (quitte à remonter le temps), et si j'ai mis quelques mois, voire années, à devenir réellement addict, cela fait au moins sept ans que le groupe a atteint une réelle ampleur, et s'est affirmé petit à petit comme incontournable, et même carrément indispensable. Le précédent album, "uncivilized", avait réussi à considérablement élargir la fan-base du quintet, le petit nouveau "empires of shame" ne peut donc qu'attirer l'oreille...


On prend l'album, on regarde sa pochette, et il faut avouer que, une fois de plus (le groupe a toujours beaucoup travaillé ses visuels), celle-ci est marquante. C'est Baldo, comme souvent, qui a oeuvré, et le résultat (ci-dessous) laisse place à toutes les interprétations, perso j'y verrais bien un lien avec le TPI de La haye, sans doute en relation avec le titre de l'album... Le verso n'est pas en reste, tant ces deux flamants roses semblent bien éloignés de l'imaginaire post-punk que l'on peut associer au groupe, et ce n'est donc pas par l'image qu'on va avoir une idée de ce qui va sortir des enceintes. L'objet sort en CD et en vinyl, cela convient au groupe puisque cela nous offre un album ne dépassant pas les 38 minutes, tous les morceaux ayant une durée de deux à cinq minutes, on ne s'attend donc pas à des plages de remplissage, mais bien à du choix mûrement réfléchi quant aux titres y apparaissant.


Les premières secondes sont offertes à la guitare, avant que les autres instruments (basse, batterie, claviers) ne la rejoignent, pour une entrée agressive à souhait, ce dreams, laws, rights and duties rodé de longue date sur scène (comme 80% des titres) sur lequel on constatera assez rapidement que les claviers sont plutôt mis en avant, ce qui sera globalement le cas tout au long de l'album. La voix, bien claire, est ici bien en avant, et on retrouve un chant assez arrogant ou moqueur, ce qui sera d'ailleurs également le cas en toute fin d'écoute. Ce qui est évident, c'est que la version studio est tout aussi efficace que sur scène, et si la rythmique reste un poil en arrière-plan, elle est simple, propre, et totalement efficace. La voix du chanteur finit par s'accompagner de choeurs, mécaniques au départ puis prenant une réelle ampleur, et on ne peut qu'applaudir à cette entrée en matière extrêmement réussie !
Par la suite, les titres vont se succéder, mais pas forcément se ressembler, puisqu'à un just wanna hide plus sombre, moins rapide, et sur lequel la voix de Fabrice aurait tendance à se rapprocher de celle d'un Ian Curtis tandis que le clavier rappelle quelque part l'utilisation du melodica, répond un excess dont on sait depuis longtemps qu'il est LE titre punk de l'album. Pour autant, si le tempo est rapide, et si les choeurs sont très street-punk/oi, le chant est en fait quasi parlé, et le morceau possède des alternances très appréciables. Ensuite, le chant scandé de empires of shame est teinté d'un soupçon de réverb', tandis que le rythme même saccadé s'est ralenti, et on pourrait même par instants croire que ce titre bien sombre flirte avec le goth, on pourrait même y trouver des accointances lointaines avec les Virgin Prunes (que personne ne s'offusque !), et c'est bien la basse qui est au centre (et conclut) ce titre qui sur scène a déjà montré aux spectateurs à quel point le groupe était capable de varier son optique musicale. Pour achever cette première face, c'est l'inconnu arrows of arrogance (belle paronymie !) qui pousse cette diversité à son paroxysme, puisque ce sont des sons extrêmement divers, et plus ou moins urbains, qui amènent une guitare acoustique accompagnée de tintements de clochettes, tandis que les claviers, bien qu'en arrière-plan, demeurent omniprésents. Le chant, très calme, sur cette ballade qui pourrait évoquer tant Sex Gang Children que New Model Army (j'en connais qui vont me souffler dans les bronches), est aussi sombre que le morceau lui-même, et si on remarque le travail - difficile - sur une partie sifflée, c'est une belle découverte que cette petite perle que l'on attend de voir adaptée pour la scène.


Comme sur la première face, c'est un autre titre incontournable des concerts de ces derniers mois qui entame la deuxième, ce mother earth in rags qui s'ouvre sur un clavier pas très gai, bientôt rejoint à petites touches par les autres instruments, et la voix blanche accompagne calmement, la tension monte peu à peu, on attend que cela démarre réellement, et il faut plus de deux minutes avant que la guitare ne prenne les devants et ne devienne stridente, la voix passe alors en arrière-plan et laisse ce genre de cabaret punk mortifère mais très varié (on ressent les souffles et les cris) s'achever, le malaise ainsi créé est impressionnant, et on espère que les auditeurs sauront se laisser immerger dans un titre complexe mais qui mérite qu'on s'y attarde. En contrepoint, on a le sentiment, sur les premières notes de cause you ran away, qu'on va avoir droit à un remake de dying city sur l'album précédent, mais ici ce qui s'annonce plus ou moins électro et dansant s'avèrera rapidement plus obsédant qu'autre chose, la basse omniprésente sur le plus long titre de l'album réussissant à faire en sorte qu'on ne se sente jamais totalement sur le point de danser, tout en restant accro au morceau ! Alors, on revient aux formules plus classiques, avec le groupe entier d'entrée de jeu de even with the pills, un titre assez rapide, au chant élevé, qui s'avère selon moi moins rentre-dedans qu'en version scénique, et si sa fin semble abrupte, elle n'est que la concrétisation de ce qui en fait une vraie force dans la set-list du groupe. Dans un genre différent, minimal wife est à la fois calme et obsédante, le rythme imperturbable incitant à remuer sans cesse la tête (et plus si affinités), tout en constatant que le malaise créé sur mother earth in rags est ici aussi présent, les légères dissonnances ne permettront pas forcément aux spectateurs novices de s'approprier ce titre immédiatement. Mais dès qu'on s'y est habitué, quel plaisir !!
On termine avec un second morceau inconnu, un no place très synthétique qui prend le temps avant de s'emballer, s'offrant le plaisir d'intégrer des nappes sans pour autant sembler planant, et si la fin est longue, elle ne donne jamais le sentiment de remplissage, auquel certains pourraient facilement céder.



Au final, c'est un album paradoxal qui nous est ici offert : porté par les claviers, mais pas vraiment gai, il fait évoluer le groupe d'un post-punk varié mais classique à des choses plus fouillées, du punk à la ballade en passant par la fausse électro, et si les premiers titres de chaque face semblent les deux morceaux les plus impactants, il ne possède aucun point faible, et va continuer à se découvrir au fil des écoutes. Et surtout, il confirme la nécessité d'assister aux performances scéniques du groupe, mais là cela tourne presque au rabâchage...




https://www.facebook.com/Frustrationparis/


FRUSTRATION-cover-MD-310x310



Tracklist


  1. Dreams, Laws, Rights and Duties
  2. Just Wanna Hide
  3. Excess
  4. Empires of Shame
  5. Arrows of Arrogance
  6. Mother Earth in Rags
  7. Cause You Ran Away
  8. Even With the Pills
  9. Minimal Wife
  10. No Place
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